Echappées Belles en Bretagne

OUESSANT

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Aujourd’hui, lesmoutons sont attachés par une « fune » que son propriétaire vient déplacer toutes les trois heures. Toutefois, de la Saint-Michel, fin sep- tembre, au premier mercredi de février, les bêtes peuvent gambader en liberté. Cet usage communautaire du sol, en vigueur une partie de l’année, est une entraide indirecte : il permet à chaque famille d’entretenir son propre cheptel. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles il est impossible de se lancer dans l’élevage en respectant les normes actuelles. Posséder un troupeau de 200 bêtes n’est pas com- patible avec ces anciennes pratiques. Malgré une tentative de regroupement cadastral, on a toujours 5000 par- celles sur l’île, autrefois, découpée en sillons appelés « mézadou » en breton. C’est un sol qui a toujours été travaillé à la main et sans engrais chimique. Jusqu’aux années 1950, le moindre lopin était cultivé. Depuis, l’enfrichement de l’île – en seulement deux générations – pose problème. LE PASSAGE DE TOUS LES DANGERS La petite cale du port d’Arland, en arc de cercle, date de Vauban. Sur la carte, le lieu semblait idéal pour construire un port à l’abri des vents dominants. Les ingénieurs de l’époque avaient oublié le ressac, dû aux très forts courants du passage du Fromveur, qui peuvent atteindre jusqu’à 9 nœuds localement, et presque 7 nœuds lors des mi-marées de vives-eaux dans tout le passage, Saint-Pol-Aurélien (1860) est l’unique église d’Ouessant. Son clocher fut financé par la Couronne britannique, après le naufrage du Drummond Castle au large de Molène, pour servir d’amer.

Malgorn, cerné par la tempête) et de Kéréon. Du coup, le port n’a jamais servi. Ou très rarement… En repre- nant notre promenade vers le nord, en direction du Stiff, nous voyons un petit avion décoller sous notre nez. Nous venons en effet de passer entre le bout de la piste et la falaise : décollage spec- taculaire garanti ! À nos pieds, le port du Stiff révèle son vrai visage. C’est un simple abri équipé d’une cale et d’une digue protectrice, guère accueillant pour des petits bateaux. L’Histoire du balisage maritime français se résume en deux édifices : le phare du Stiff, >

entre Molène et Ouessant. Ce secteur de tous les dangers est balisé par les phares de la Jument (rendu célèbre par la photo de Jean Guichard où l’on voit le gardien de la tour, Théodore

Entre 1920 et 1970, le mouton d’Ouessant avait totalement disparu des paysages de l’ île. Depuis, le sauvetage de la race a porté ses fruits et l’espèce n’est plus considérée comme menacée.

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