Echappées Belles en Bretagne
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A N N E Q U É M É R É L ’ E X P L O I T À B O U T D E B R A S T E X T E D E D O M I N I Q U E L E B R U N
Native de Cornouaille, Anne est une Méridionale de l’Armorique. Entendez par là, qu’elle est expansive et chaleureuse. C’est surtout une Bretonne du bout du monde, ce Penn ar Bed qui, à l’extrémité de la vieille Europe, est une invitation permanente à aller voir ce qui se trouve de l’autre côté de l’horizon marin, là où le soleil disparaît chaque soir. Quand on est fille et nièce de navigateurs, appareiller pour les espaces infinis relève de l’évidence. Et quand, tout enfant, on a rencontré Apoutsiak le petit flocon de neige et trouvé, sous le sapin de Noël, une lampe de poche d’aventurière qui vous permet de lire en douce sous les draps, Paul-Émile Victor devient votre modèle. Voyager en Arctique n’est plus un rêve mais une évidence. La vie, toutefois, vous impose ses propres détours. Certes, le premier voyage de l’étudiante en rupture d’amphithéâtre aura pour destination le cap Nord. Ensuite, ce sera le Mexique et l’Inde, le Canada et les États-Unis, où elle se fixe dix années durant. Elle est guide touristique, organisatrice de voyages. « Businesswoman hyperactive très douée dans la chasse aux dollars », dit-elle après coup. Jusqu’au jour où sa condition d’Armoricaine la rattrape. Retrouver la Cornouaille s’impose aussi sûrement que prendre le large le fit autrefois ; aujourd’hui, elle réside à un lancer de galet de la pointe du Raz. Dans les années 1990 en Bretagne, on redécouvre l’aviron de mer. Pour Anne Quéméré, cette passion nouvelle commence par des régates devant la côte et se poursuit là où personne ne s’y attend. À l’aviron, en solitaire et sans assistance, elle traverse l’Atlantique entre les Canaries et les Antilles ! Nous sommes en 2002 et, après une telle expérience, impossible de ne pas repousser plus loin les limites. 2004 : elle rame entre les États-Unis et la Bretagne. 2006 : nouvelle traversée, mais tirée par un kitesurf, histoire de tester de nouveaux moyens de propulsion. 2011 : elle se lance dans le Pacifique, depuis le Pérou, pour arriver à Tahiti. Aurait-elle définitivement oublié Apoutsiak le petit flocon de neige ? Il se rappelle à son bon souvenir sous la forme d’une rencontre fortuite qui l’amène à dériver sur une plaque de banquise pendant cinq semaines, une façon comme une autre d’attirer l’attention sur le réchauffement climatique. Alors, les paysages de l’Arctique lui imposent leur marque. Impossible désormais de s’en passer. C’est ce qui la conduit à s’aventurer à deux reprises, en 2014 et en 2015, en kayak dans le passage du Nord-Ouest, la route maritime mythique qui relie l’Atlantique au Pacifique par le nord de l’Amérique. Elle y retourne ensuite sur un petit bateau, dont le moteur électrique est alimenté par des panneaux solaires. Paradoxal été 2018 ! La banquise fond-elle? Oui, et justement : ses débris viennent encombrer le fameux passage, qui se trouvera infranchissable cette année-là. La suite? En juin prochain, elle participera à une course en Alaska : la Yukon River Quest, créée en 1999. « 715 kilomètres en canoë-kayak, assortis de 84 heures sans sommeil », résume-t-elle avec un sourire gourmand.
Photo PQR / Ouest France / MaxPPP
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