Echappées Belles - La Côte Atlantique

ÉCHAPPÉES BELLES

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LA RÉSERVE ORNITHOLOGIQUE DU TEICH : L’AUTRE ÎLE AUX OISEAUX

Le ballet d’une colonie de spatules et de hérons sur le plan d’eau de la réserve, au lever du soleil, à l’automne. L’ornithologue Claude Feigné, animateur des programmes de gestion de la réserve ornithologique du Teich, qu’il connaît comme sa poche: il lui consacre sa vie depuis près de cinquante ans.

Tous les passionnés d’ornithologie ont au Teich leur sanctuaire. 110 hec- tares d’espace naturel sur lesquels 323 espèces s’ébattent, nidifient, se reproduisent en toute liberté. Jumelles et appareils photo en main, venez dès l’ouverture! Lematin, les per- sonnes que l’on croise sur les sentiers, munies de téléobjectifs camouflés, sont pour la plupart des ornithologues ama- teurs, venus parfois de loin pour aper- cevoir des espèces rares. En anglais, on appelle ces passionnés: les « bir- ders ». Si la plupart d’entre eux sont des hommes, la plus fervente ici est une femme. « On la surnomme la mamarazzi. Elle vient ici 250 jours par an, rapporte Claude Feigné, responsable technique et scientifique de la réserve. Ce jour-là, Monique est fidèle au poste. Elle raconte qu’elle vient d’apercevoir un groupe de grèbes castagneux, le plus important qu’ellen’ait jamais vu. Cematin, l’espèce star que tout le monde guette, c’est la marouette ponctuée, un oiseau nicheur de nature discrète et donc difficile à observer. Chut… quelques chanceux ont signalé sa présence dans les parages, photos à l’appui. D’autres espèces font l’envie de tous: la ravissante gorge- bleue à miroir blanc de Nantes, espèce endémique de la côte Atlantique fran- çaise; le bécasseau rousset, d’origine nord-américaine, très rare dans la région; ou encore le balbuzard pêcheur, rapace spectaculaire aux ailes coudées. DES OI SEAUX SAUVAGES ET L I BRES Si tant d’espèces fréquentent la réserve, c’est que celle-ci propose une variété de milieux naturels. Boi- sements, roselières, prairies, marais maritimes, lagunes peu profondes… ici aussi, le paysage a été en partie modelé

+ Office de tourisme Le Teich 1 place Pierre-Dubernet, 33470 Le Teich. 0556228046. leteich-ecotourisme.fr et le printemps sont idéals, car ce sont les périodes migratoires, et même l’hiver, il y a du monde. De décembre à février, la réserve accueille régulière- ment 200 espèces à la fois, réparties parmi une moyenne de 8 à 10000 indi- vidus. « Il est arrivé, dans des conditions exceptionnelles, que ce nombre grimpe jusqu’à 50000! », souligne Claude Fei- gné. Alors qu’il explique la désertion des cigognes, qui faisaient autrefois la réputation du site, l’ornithologue avise une scène spectaculaire. L’excitation est à son comble sur le plan d’eau. « Ce sont des cormorans qui créent la pagaille! Ils sont en train de pêcher en groupe et les poissons fuient leurs prédateurs en direction des bords du bassin. Regardez! les spatules blanches en profitent pour choper sans effort dorades ou bars! Et là, les martins-pêcheurs essayent de tirer profit de la panique que cela crée chez les petits poissons. » Ici, le spectacle, c’est la nature elle-même.

par l’homme, conquis sur la mer et les prés-salés et endigués au xviii e siècle. « Notre mission est double, explique Claude Feigné. Se servir des lieux pour permettre la rencontre du public avec les oiseaux sauvages, et offrir aux animaux les conditions naturelles les plus propices possibles, dans une démarche à la fois de conservation et de spectacle. » Le site est, par exemple, équipé de 17 caissons hydrauliques qui gèrent les niveaux d’eau. « Il n’y a pas la même profondeur partout, certainsoiseauxont desexigences d’eau au centimètre près. C’est un élément clé pour les faire venir et les retenir. » À son ouverture en 1973, le site était un parc ornithologique, avec une partie des oiseaux en captivité, et l’autre en réserve. Depuis les années 2000, il n’y a plusquedesoiseauxsauvagesqui vivent leur vie de manière autonome. Seuls sont entretenus les habitats naturels tels qu’ils existent aujourd’hui. Le par- cours de visite compte 20 observatoires, positionnés tous les 300 mètres. « C’est l’outil clé de la réserve. Les cabanes per- mettent d’approcher les oiseaux de très près sans les déranger. C’est aussi pra- tique quand il pleut! » Si la belle saison est propice à l’observation, l’automne

Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr

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