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94 À PARTIR DE NANCY

À Bar-le-Duc, la place Saint- Pierre fait coexister pouvoirs civil et religieux et les époques, l'hôtel de ville de 1813 et l'église Saint-Étienne des xiv e - xvii e siècles. L'ancienne collégiale abrite deux œuvres de Ligier Richier: le Squelette, également appelé le Transi de René de Chalon (photo du bas), et le Christ en Croix entre les deux larrons. Le Transi, corps décomposé mais dressé debout tel un vivant, complète la sépulture du prince d'Orange, mort en 1544 lors du siège de Saint- Dizier.

NOTRE VOYAGE EN COMPAGNIE DE LIGIER RICHIER NE POUVAIT AVOIR QU’UNE FIN: BAR-LE-DUC, DANS L’ÉGLISE SAINT-ÉTIENNE, DEVANT SON ŒUVRE LA PLUS FASCINANTE.

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se protéger du soleil. L’œuvre était destinée à un monument funéraire, rare commande privée parmi les nom- breuses demandes ecclésiastiques faites au sculpteur. La Vierge de Géni- court-sur-Meuse, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest, a été voulue par l’Église. Pétrie de souffrance, les mains jointes et la bouche exprimant la douleur, elle orne un pilier. L’inté- rieur de l’édifice est intimiste avec des fresques murales. L’extérieur révèle son caractère fortifié, avec une tour percée d’archères, ajoutée vers 1600, où les habitants pouvaient se réfugier en cas de conflit. À Génicourt, coule la Meuse. Dans le département, le cours européen est resté sauvage, avec des bras morts et des mares dessinant un paysage bucolique bordé de saules. Au sud du village, dans un méandre du fleuve, nous surprenons des vaches en pleines ablutions. VOIE SACRÉE ET MAÎTRE VERRIER C’est plusaunordquenous retrouvons le sculpteur, à Clermont-en-Argonne, à35kilomètresaunord-ouest deGéni- court. Nous avons encore traversé des terres agricoles, à la blondeur de l’orge

colline en toile de fond. Leur succèdent des champs de maïs, le bois de Her- méville, Étain, enfin, 30 kilomètres au nord. Dans l’église Saint-Martin rava- gée pendant la guerre et reconstruite avec l’aide de… La Martinique, la Pietà de Ligier Richier surprend par une com- position différente des représentations traditionnelles. « La Vierge ne tient pas le Christ sur ses genoux mais elle se penche sur son corps inanimé, à même le sol. Elle prouve une réflexion de Ligier Richier pour rendre accessible le Christ aux fidèles », précise Bernard Prud’homme. Et de nous faire remarquer que le voile de la Vierge évoque la hâlette, coiffe portée par les femmes lorraines pour

Crucifixion et de la Déposition. « La prouesse, ici, consiste à avoir inclus autant de personnages exécutés avec virtuo- sité », souligne Bernard Prud’homme. Vingt-quatre figures et trois chevaux ne dépassant pas 45 centimètres se serrent dans une composition vivante, accentuée par la polychromie de la pierre. Un certain plaisir nous gagne à reconnaître les thèmes et le vocabulaire de l’artiste: nœuds bouffants, chemises à petits plis, paupières à bourrelet… UNE PIETÀ REVISITÉE Depuis Hattonchâtel, la route vers Étain traverse les villages « sous-les- Côtes », avec des vignobles à flanc de

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