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78 CITY BREAK NANCY

D’emblée, le classicisme des places de Nancy conquiert le visiteur. Derrière cette architecture du xviii e siècle qui fait la fierté des Nancéiens, s’exprime un attachement profond à leur dernier souverain, Stanislas Leszczynski. Mais la ville conserve aussi un émouvant patrimoine médiéval. Suivez-nous le long d’un itinéraire qui reflète la grandeur de la ville. L’INSOLENTE BEAUTÉ D’UNE VILLE DUCALE

Leszczynski choisit de faire édifier sa dernière demeure sur un site symbo- lique: là où le duc René II reconquit le pouvoir en 1477, en emportant la bataille contre les troupes de Charles le Téméraire, lesquelles avaient envahi le duché deux ans auparavant. Notre- Dame-de-Bonsecours exprime toute la puissance du duché lorrain. C’est l’architecte Emmanuel Héré qui réalisa cette église à la façade exagérément haute, avant que Stanislas ne lui confie la conception des places élégantes dont s’enorgueillit aujourd’hui Nancy. Nous rejoignons la place Stanislas, cœur battant de la ville. Jusqu’à la Révolution, la statue de Louis XV trônait au centre, remplacée par celle de Sta- nislas « le Bienfaisant », comme le sou- ligne l’inscription sur le piédestal. Plan rectangulaire, pavillons aux façades classiques surmontées de pots à feu, grilles, réverbères et balcons en fer forgé rehaussés d’or, imposantes fon- taines d’angle… Cette place, merveille d’ordonnancement, d’architecture et d’ornementation, constitue la pépite d’un ensemble (avec les places de la Carrière et d’Alliance) que l’Unesco a reconnu comme le témoignage le plus ancien et le plus typique de l’urbanisme du siècle des Lumières. Un arc de triomphe, à l’effigie de Louis XV, donne LA VILLE ROYALE DE STANISLAS LESZCZYNSKI

L’église Notre-Dame-de-Bonsecours abrite le tombeau de Stanislas Leszczynski.

Décors stuqués, éclat des marbres, dorures et polychromies… Notre- Dame-de-Bonsecours conjugue les parures. C’est probablement dans cette église baroque à l’écart du centre-ville que l’on comprend le mieux la place à part occupée par le personnage le plusmarquant de l’His- toire de la préfecture de Meurthe- et-Moselle: Stanislas Leszczynski. Petit retour en arrière. Le duché de Lorraine, situé entre le Saint-Empire romain germanique et le royaume de France, est souverain depuis plusieurs siècles lorsqu’en 1697, par le Traité de Ryswick, Louis XIV y établit une sorte de protectorat. Quarante ans plus tard, l’accord permet à Louis XV de contraindre le duc de Lorraine Fran- çois III à abandonner son fief contre la Toscane. Le roi décide alors de placer un de ses proches à la tête du duché pour préparer l’annexion au royaume de France. Il porte son choix sur son beau-père, Stanislas Leszczynski. Le dernier duc de Lorraine est un roi déchu polonais! Cet homme, âgé de 60 ans au début de son nouveau règne, va sur-

prendre tout le monde par sa longévité au pouvoir (près de trente années), sa bienveillance envers les Nancéiens et ses travaux d’envergure pour moder- niser et embellir la ville. Son tombeau est abrité par Notre-Dame-de-Bonse- cours. Le mausolée le représente vêtu à la polonaise, dominant une Lorraine à genoux qui le fixe du regard. Stanislas

La place Stanislas accueille deux fontaines qui participent à la magie des lieux. Toutes deux sont encadrées par des grilles ouvragées, et rehaussées d’or, qui « ferment » la place. Photo: la fontaine Amphitrite.

222 / Avril 2020 / www.detoursenfrance.fr