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LES MAISONS TROGLODYTIQUES DE GRAUFTHAL
On dirait qu’elles se sont glissées dans les failles horizontales de la falaise. À une dizaine de kilomètres au sud-ouest de La Petite-Pierre, trois maisons nichées dans le rocher de Graufthal et fermées par une façade bleu ciel, semblent tirées d’un conte. Leur origine se perd dans les brumes du Moyen Âge, quand elles devaient servir d’entrepôts à l’abbaye bénédictine installée là, à la rencontre des vallées du Rehbach et de la Zinsel du Sud. La façade en pierre, au-dessus du premier niveau d’habitations, était celle d’une fabrique d’allumettes… Après le décès de la dernière habitante, en 1958, les maisons ont été aménagées avec le mobilier d’époque, et ouvertes à la visite.
tête, nous nous engageons sous la nef d’arbres de la rue du Lavoir pour entrer, plus loin, dans les bois. Parmi les hêtres, les charmes et les mar- ronniers, quelques chênes enruban- nés de lierre et des pierres tapissées de mousses, touchantes survivances d’anciens murets agricoles. Nous arri- vons bientôt au rocher Blanc, premier mégalithe de grès rose du sentier des Trois-Rochers, auquel le lichen clair a donné son nom. Il nous offre au loin un panorama sur le Staedel, le village médiéval de La Petite-Pierre, accro- ché sur une croupe de la montagne. Les habitations se sont installées près du château, situé à l’extrémité du promontoire, pour bénéficier de sa protection. Fait rare, lors du rat- tachement de l’Alsace au royaume de France en 1648, Louis XIV a épargné le château de la destruction et a choisi de fortifier le site, selon des plans de son architecte militaire Vauban.
notre randonnée en boucle autour de La Petite-Pierre. Nous sommes venus chercher sur ses sentiers obscurs, d’un rocher à l’autre, une matière à rêver. Avant de partir, l’historien folk- loriste Gérard Leser nous a rappelé que les paysages de l’Alsace et des Vosges ont nourri près de deux mille légendes. « Les rochers, la forêt, les sources et les étangs ont fixé un ima- ginaire peuplé de géants, de lutins, de sorcières, de fantômes ou de reve- nants. Ces récits exaltaient le courage, la valeur du travail, le respect de l’équi- libre de la nature et des rites de l’Église, quand celle-ci a superposé son discours aux anciennes croyances. » Cela en
au plateau lorrain, à l’ouest, et à l’Al- sace, à l’est. Les Romains transitaient aussi par La Petite-Pierre, sur la route de Tres Tabernae, l’actuelle Saverne. La maison des Païens, trônant sur une des pentes du village, nous dit un peu de tout cela. Ce pavillon du xvi e siècle, morceau d’architecture Renaissance égarée dans les Vosges, s’élève sur les ruines d’une tour de guet de l’époque gallo-romaine.
SUR LE SENTIER DES TROIS-ROCHERS
La maison des Païens, considérée par certains comme un haut lieu énergétique, est le point de départ de
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www.detoursenfrance.fr / Avril 2020 / 222
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