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Le cœur du domaine Marcel Deiss bat à Bergheim, où la première mention connue des vignes apparaît dans une charte carolingienne du 25 juillet 768. L'enceinte fortifiée qui protège le bourg date, elle, du xiv e siècle.
JEAN-MICHEL DEISS OU L'EXPRESSION DES TERROIRS
Un peu plus au sud, sur la première crête des Vosges, le château du Haut- Kœnigsbourg se dessine à l’horizon. Comme il le faisait au Moyen Âge, il surveille toujours la Route des vins aux environs de Sélestat. La ville de la plaine s’illustra, dès les prémices de la Renaissance, par la vitalité de son mouvement humaniste. Ses trésors méritent le détour: des manuscrits et des incunables des xvi e aux xviii e siècles sont présentés au public dans sa Biblio- thèque humaniste, récemment rénovée. De retour sur la Route des vins, Berg- heim offre une halte plus confiden- tielle que Riquewihr, Kaysersberg ou Eguisheim pour musarder et obser- ver l’architecture fortifiée des villages viticoles. Au-delà de sa porte haute aux tuiles vernissées, les maisons aux jardinières fleuries se pelotonnent derrière une épaisse enceinte, admi- rablement conservée à l’est. La cave Marcel Deiss est située en dehors de la ville historique. Ne parlez pas à Jean- Michel Deiss des cépages d’Alsace! « Ce n’est pas la variété qui compte mais l’expression du lieu », insiste le viticul- teur qui pratique la complantation. Cette ancienne tradition consiste à
a créé l’association Jeunes vignerons d’Alsace, forte de 90 domaines d’indé- pendants. Le trentenaire nous emmène sur l’une des parcelles. « Nous plantons près de 12000 pieds à l’hectare, c’est trois fois plus que la moyenne. » « Cette compétition permet au système racinaire de se développer davantage en profondeur et, in fine, de produire des vins qui ont davantage le goût du lieu », poursuit Mathieu Deiss. Des arbres fruitiers, pêchers, pruniers et autres cerisiers, ont aussi trouvé une place dans les parcelles: « Une manière d’apporter de la diversité et de diminuer le nombre de maladies des vignes. »
mélanger plusieurs cépages au sein d'une même parcelle. « Il s’agit d’une approche rustique, qui donne une régularité à la production et qui laisse parler le terroir », éclaire Jean-Michel Deiss, qui est allé piocher dans 47 vieux cépages autochtones d’Alsace, pour tirer parti de la richesse de la biodiversité. Une chasse aux tré- sors qui l’a mené jusqu’à… Marseil- lan, dans l’Hérault. Ses fils travaillent à ses côtés au domaine. « La conduite de la viticulture en Alsace est en train de passer aux mains d’une nouvelle généra- tion pleine d’énergie, soucieuse de qua- lité », souligne l'un d'eux, Mathieu, qui
Jean-Michel Deiss est celui qui, depuis quarante ans, fait parler les terroirs alsaciens grâce à la complantation des parcelles et à une culture non invasive. Ses vignes sont cultivées en biodynamie depuis 1997.
222 / Avril 2020 / www.detoursenfrance.fr
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