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BONHEUR DES ÎLES, CHEMINS SECRETS DU BOCAGE, PLAGES DE RÊVE VENDÉE DE LA CÔTE ATLANTIQUE À LA

V E N D É E

ÉDITION 2018

VOS ITINÉRAIRES AVEC LA CARTE MICHELIN SPÉCIAL CÔTE ATLANTIQUE ET VENDÉE

V I S I T ES GU I DÉ ES E T BONNES ADRESSES NANTES / LES SABLES D’OLONNE / LA BAULE

EN PARCOURANT LES CHEMINS DE MÉMOIRE DU BOCAGE VENDÉEN

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D’ÎLES EN QUARTIERS, DE QUAIS EN PLACES, NANTES COMME UNE INVITATION AU VOYAGE M05681-206-5,95€-RD BIMESTRIEL-Mars2018-Francemétro :5,95€-ESP :6,95€- IT :6,95€-BEL :6,95€-Lux :6,80€-DOM :7,20€-D :8,50€-CANADA :10,99$cad-CH :11FS-NCAL/S :970CFP-POL/S :1010CFP-GR :7,10€ JacquesSierpinski/DétoursenFrance TuuletBrunoMorandi/DétoursenFrancex2 Francemétro:5,95€-BEL:6,95€-LUX:6,80€-DOM:8€-D:8,50€-ESP/ITA:6,95€-CH:11FS-CAN:10,99$cad–NCAL/S:970CFP–POL/S:1010CFP–GR:7,10€

OlivierLeclercq/hemis.fr

YEU ET NOIRMOUTIER, ESCALES INSULAIRES DANS LES PAS DE NOS AMBASSADEURS

ÉDITO NUMÉRO 200 6

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« Par-dessus le manteau d’Arlequin / Où les œillets se fendent sous le sol de Saint- Guénolé / Tournez, tournes les ailes du moulin de Guérande… » (Gilles Servat, Le Moulin de Guérande ). Si les moulins ne sont plus, les marais salants guérandais bénéficient d’un classement en zone naturelle d’intérêt écologique, floristique et faunistique.

Tuul and Bruno Morandi / Détours en France

U N B O N H E U R S I M P L E

adulte, il a écrit son « cycle vendéen », une série de romans historiques (Les Mouchoirs rouges de Cholet, La LouvedeMervent…) qui plonge au cœur d’unpays secret. LaCôtedesLumièresdéploied’interminablesplages de sable fin qui promettent d’insouciantes vacances. Mais pour saisir l’épaisseur du mystère, enfoncez-vous dans les marais. Qu’ils soient poitevin, breton-vendéen ou d’Olonne, leur univers d’étiers, d’« écours », de « cunjhes », de chenaux bordés de saules émondés qui vous font unedrôlede trogneet oùsemuchent quelques malicieux farfadets, est ensorcelant. Quelques coups de pigouille bien appuyés et, de votre barque, gagnez les profondeurs du bocage. Monotone, le bocage? En- core une idée reçue! La glèbe bocagère est pétrie d’une histoire mal connue, héroïque et sanglante, celle de ses soldats-paysans qui s’insurgèrent contre l’État révolutionnaire. Ce n’est pas une raison, parce qu’elle est la plus éloignée de nos côtes après la Corse, qu’il

« Nantes: peut-être, avec Paris, la seule ville de France où j’ai l’impressionquepeutm’arriverquelquechosequi en vaut la peine, où certains regards brûlent pour eux- mêmesdetropdefeux, (…) oùpourmoi la cadencede la vie n’est pas la même qu’ailleurs, où un esprit d’aventure au- delà de toutes les aventures habite encore certains êtres. Nantes, d’où peuvent encore me venir des amis… » Signée du poète André Breton il n’y a pas loin d’un siècle, cette déclaration sur le fil de l’émotion se vérifie encore! Ré- gulièrement sur le podium des enquêtes où il fait bon vivre en France, Nantes est une sacrée séductrice. Depuis le quartier de la Petite Hollande, au bout de l’île Feydeau, suivez le fil d’Ariane du Grand Fleuve. D’une seule coulée, vous voilà face à l’Océan. Au nord de l’estuaire, la presqu’île de Guérande, la Grande Brière, la Côte sauvage piquetée de ports et de villes balnéaires. Au sud, Pornic, le pays de Retz, la baie de Bourgneuf… constituent la porte d’entrée de la Vendée. « Un jour, je me suis dit: qu’est-ce qu’il y a derrière cette Vendée dont on parle si mal? » C’est l’écrivain, critique et historien de l’art, Michel Ragon qui s’inter- roge. De son enfance à Fontenay-le-Comte, misérable sur un plan matériel mais heureuse car très libertaire, il conserve des souvenirs immarcescibles. Devenu

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faut « oublier » l’île d’Yeu. Comme « un grain tombé du rosaire des îles bretonnes » (Jean Yole), Yeu est à la fois un peu bretonne et très… mé- diterranéenne. Bref, une vraie Ven- déenne. Sous sa réserve apparente sourd un fort tempérament.

P A R D O M I N I Q U E R O G E R RÉDACTEUR EN CHEF

Bertrand Rieger / Détours en France

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www.detoursenfrance.fr / Mars 2018 / 206

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LA VENDÉE S O M M A I R E N ° 2 0 6

P.20 ÎLE D’YEU ET NOIRMOUTIER

P.44 GUÉRANDE ET LA GRANDE BRIÈRE

PORTFOLIO : LA FRANCE VUE PAR… PHILIPPE ROY LES RENDEZ-VOUS DE DÉTOURS: EXPOS, SORTIES ET COUPS DE CŒUR DE LA PRESQU’ÎLE DE GUÉRANDE À LA VENDÉE, CAP SUR L’ATLANTIQUE ÎLE D’YEU ET NOIRMOUTIER LES AMBASSADEURS DE L’ÎLE D’YEU ILS ONT DONNÉ SON IMAGE À L’ÎLE D’YEU : LE PORT DE LA MEULE, LA PLAGE DES VIEILLES, LA PLAGE DES SOUX, LES VESTIGES DU VIEUX CHÂTEAU LES AMBASSADEURS DE NOIRMOUTIER EN CES LIEUX, RÉSIDE L’ESPRIT DE NOIRMOUTIER : LE CHÂTEAU, L’ÉGLISE SAINT-PHILBERT ET LA RÉSERVE NATURELLE DU MÜLLENBOURG, LA PLAGE DES SOUZEAUX, LE PASSAGE DU GOIS, LES MARAIS SALANTS NANTES : CITY BREAK

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Tuul et Bruno Morandi / Détours en France x3

P.72 LE PUY DU FOU

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GUÉRANDE ET LA GRANDE BRIÈRE LES SABLES D’OLONNE : CITY BREAK

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LA BAULE ET SAINT-GILLES-CROIX-DE-VIE CE QUE LA VENDÉE A APPORTÉ À LA FRANCE LE PUY DU FOU LE BOCAGE VENDÉEN LE GOÛT DU TERROIR, LA MOGETTE QUIZ MOTS CROISÉS

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78 Vincent Curutchet / DPPI 72 96 97 86

LA CARTE DÉTACHABLE CÔTE ATLANTIQUE ET VENDÉE Abonnez-vous à Détours en France sur www.boutique.detoursenfrance.com, c’est rapide, simple et sécurisé

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P.88 LA PLAISANCE VENDÉENNE

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facebook.com/detoursenfrance

Depuis le xix e siècle, la Vendée est prise dans une spirale positive qui lui fait occuper la première place en termes de pratiques nautiques et d’équipements. Elle est leader mondial du secteur grâce à Bénéteau. Ports de plaisance, clubs et courses au large témoignent d’une passion partagée entre habitants et touristes.

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PORTFOLIO 10

Presque deux siècles après le pont de Pierre, le premier à oser franchir la Garonne (1822), le pont Jacques-Chaban-Delmas, cinquième pont routier de Bordeaux, est inauguré en mars 2013. Œuvre des architectes Charles et Thomas Lavigne, il fait la jonction entre les quartiers Bacalan et Bastide. Plus qu’un lien supplémentaire entre les deux rives, il préfigure surtout la ville du xxi e siècle. La mise en lumière de l’ouvrage est signée Yann Kersalé, artiste plasticien de renommée mondiale. LA FRANCE VUE PAR… PHILIPPE ROY d’images sur www.detoursenfrance.fr +

L E S F I L S D U V E N T

F E S T I V A L

25 e festival du Cerf-Volant et du Vent. Du 31 mars au 2 avril. Châtelaillon- Plage (17). Accès libre. 0546562697. chatelaillon- plage- tourisme.fr

Olivier Pravert

Ce festival ouvre la saison de la station charentaise-maritime, Châtelaillon.

Depuis vingt-cinq ans, tous les week- ends de Pâques, les passionnés du cerf-volant se retrouvent sur le sable blond de Châtelaillon, au sud de La Rochelle. Une plage reconstituée en 1989, sur presque trois kilomètres, et

cerfs-volants de compét’ et créativité multicolore. Cette année, en plus des animations habituelles (ateliers de création et chasses aux œufs), une démonstration de drones sera faite et un spectacle sera joué en soirée.

régulièrement renflouée contre vents et courants: elle est parfaite pour accueillir les 70000 amateurs qui se pressent à chaque fois. Au programme 2018: rokkakus japonais, kitesurfeurs acrobates, voltigeurs de l’armée de l’Air,

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euro. Avec cette modeste donation ajoutée au prix d’entrée du musée des Beaux-Arts de Lyon, vous contribuerez à la restauration d’un sarcophage égyptien de 650 avant notre ère. L’objectif est de réunir 10500 euros, moyennant quoi les artisans travailleront sous le regard du public. L’opération se renouvellera chaque trimestre… www.mba-lyon.fr

A R D E N N E S : U N S A L U T A U X A R M E S

M U S É E

Musée Guerre et Paix en Ardennes. Novion-Porcien (08). Entrée 8 €. 0324726950. guerreetpaix.fr Dans les Ardennes, champ de batailles en 1870, 1914 et 1940, on a de la mémoire. À Novion-Porcien, entre Reims et Charleville-Mézières, le musée Guerre et Paix a rouvert en janvier, pour l’anniversaire du Traité d’amitié franco-allemand (1963). Sa nouvelle scénographie met en valeur l’importante collection d’armes et de matériels lourds et joue sur les reconstitutions, montages sonores et projections d’archives à l’appui.

Carl Hocquart

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E X P O S I T I O N

Hugo Pratt – Lignes d’horizons . Du 7 avril 2018 au 24 mars 2019. Musée des Confluences. Lyon ( ii e arrondissement). Entrée: 9 €. 0428381212. museedesconfluences.fr

Cong SA Suisse

Arteos Paris

D A N S L E S B A G A G E S D E C O R T O M A L T E S E

COBRA, LE CRI ET LA COULEUR

Voyageur imaginaire, né sous le crayon d’Hugo Pratt dont il partage l’infinie curiosité du monde, Corto Maltese a vagabondé de Venise à l’Amazonie, du Grand Nord

E X P O S I T I O N

CoBrA? Une aventure artistique féconde qui réunit, de 1948 à 1951, des peintres danois, néerlandais et belges. En pleine querelle entre abstrait et figuratif, ils prennent la tangente et reviennent à une expression instinctive, nourrie de formes primitives et de l’art brut des aliénés et des enfants. Gauguin aussi les inspire, lui qui se déclarait à la fois « enfant et sauvage ». Le musée de Pont- Aven leur consacre une exposition exceptionnelle d’une centaine d’œuvres (Jorn, Bille, Constant, Pierre Alechinsky, Karel Appel), certaines montrées pour la première fois. CoBrA – La Couleur spontanée. Du 10 mars au 10 juin. Musée de Pont-Aven (29). Entrée: 8 €. 0298061443. museepontaven.fr.

à l’Afrique, sans oublier les terres imaginaires de l’Atlantide. Pour la première fois, un musée se penche sur ses bulles sous un angle davantage ethnographique qu’artistique. Il en ressort quantité d’objets évocateurs – masques, têtes réduites, bolas, pirogues, etc. – et une foule de personnages historiques remarquables. Un habile montage graphique et sonore vous fera peut-être même succomber à la fascination du maître pour les signes, l’ésotérisme et le chamanisme.

UNE ŒUVRE TERRIBLEMENT PRÉSENTE

Guernica. Du 27 mars au 29 juillet. Musée national Picasso. Paris ( iii e arrondis- sement). Entrée: 12,50 €. 0185560036. museepicaso paris.fr

RMN-Grand Palais / Mathieu Rabeau © Succession Picasso 2018

Consacrer une exposition à un des tableaux les plus célèbres au monde sans le montrer est le défi relevé par le musée Picasso. Car, hélas!, Guernica n’a plus vocation à

E X P O S I T I O N

quitter Madrid depuis qu’il y a pris ses quartiers. Pour autant, l’histoire du tableau évoquant le sort terrible de la ville basque bombardée lors de la guerre d’Espagne et ses 2000 morts reste édifiante. Les documents abondants, les étapes préalables et post-scriptum de Picasso, ainsi que les œuvres d’artistes influencés par cet emblème pacifiste, dessinent en creux une image qui mérite d’être vue.

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LES RENDEZ-VOUS DE DÉTOURS

LES COUPS DE CŒUR DE LA RÉDACTION Notre sélection de livres et de guides

Voilà une paire de grands marcheurs, tous sens en éveil, qui ne s’en laissent pas conter ! Bernard Rio, journaliste spécialiste du patrimoine, et Bruno Colliot, photographe globe-trotteur, nous emmènent à travers la France. À leur suite, nous empruntons sentiers, drailles, layons. Soit des voies qui ont toutes une histoire: chemins des colporteurs, des contrebandiers, des pèlerins, des résistants… rendre gare de l’Est à Paris et cheminer jusqu’à Constantinople. Le voyage qu’ils nous font partager passe par la découverte de documents anciens inédits (ils ont eu accès aux riches archives de la SNCF) ; par des étapes au cœur de villes dont les seuls noms fomentent rêves et phantasmes ; par des rencontres, au détour d’une coursive ou d’une voiture-salon, avec des personnages extraordinaires, dont Georges Nagelmackers (1845-1905), le créateur de la Compagnie internationale des wagons-lits. Au fil des pages, ils déposent leurs malles-valises dans une cabine 1 re classe, se fondent dans le cadre luxueux de la voiture-restaurant, s’installant là où, peut-être, Lawrence d’Arabie, Marlene Dietrich et Mata Hari se sont fait servir un dîner « à la française ». L’Orient Express était une fabuleuse machine à faire rêver ; ce beau livre en fait la démonstration magistrale.

Orient Express – De l’histoire à la légende, Guillaume Picon (texte) et Benjamin Chelly (photographies), préface de sir Kenneth Branagh. Éditions Albin Michel, 2017, 262 pages, 49 €.

M Y T H O L O G I E F E R R O V I A I R E

DR

B E A U L I V R E

Les auteurs de cet ouvrage superbe, l’écrivain et historien Guillaume Picon et le photographe Benjamin Chelly, nous invitent à prendre place à bord de l’Orient Express. Pour cela, nul besoin de se

Les 100 trains qui ont changé la France, de Philippe Hérissé. Éditions La Vie du rail, 2017, 158 pages, 39 €.

La Vendée des jardins au fil de l’Histoire, collectif, préface d’Érik Orsenna. Éditions du Centre vendéen de recherches historiques, 2017, 432 pages, 39 €.

Quand prendre le train était une tranche de vie, un déplacement inscrit dans son époque… Seuls les plus de 20 ans se souviennent de voyages qui les faisaient monter à bord du Capitole, du Mistral ou du Train Bleu. Des noms autrement plus poétiques que TGV, TER ou VAL! Philippe Hérissé, cadre à la SNCF, retrace l’aventure de ces trains qui, au lieu de la vitesse et de la rentabilité en cours de nos jours, visaient le pittoresque, la convivialité, le confort. Et nous transportaient, littéralement.

La Vendée aime sa terre, on le sait. C’est pourquoi elle l’a toujours valorisée en la couvrant de jardins. L’Association des parcs et jardins de Vendée les a répertoriés, pour mieux les raconter au fil de leurs histoires, économique, politique ou religieuse. Les 310 lieux recensés sont autant de pépites à découvrir. Comme Érik Orsenna le souligne dans sa préface « Feuilleter ce livre, c’est se promener: ses pages sont des pas. »

Sur les chemins de France – Sentiers d’Histoire et de légendes, de Bernard Rio (texte) et Bruno Colliot (photographies). Éditions Ouest- France, 220 pages, 35 €.

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Partir de Nantes, encore ligérienne, déjà océanique, et de la presqu’île de Guérande pour se laisser dériver vers la Vendée. Du littoral vendéen, il serait trompeur de ne retenir que la douceur de vivre et la gaieté populaire des stations balnéaires. Certes, la plage et ses plaisirs pour tous sont des « inventions » géniales du xx e siècle, mais ne boudez pas les promesses de découvertes de l’arrière-pays. Marais, bocage, forêt… les histoires du terroir et les traces de la grande Histoire y affleurent partout. À vous d’inventer votre propre jeu de piste. L’ATLANTIQUE DE L A PRESQU ’ Î LE DE GUÉRANDE À L A V ENDÉE , CAP SUR DOSSIER RÉ LISÉ PAR PHILIPPE BOURGET ET SOPHIE DENIS (TEXTE) ET TUUL E BRUNO MORANDI (PHOTOGRAPHIES)

GRAND ANGLE 20

Constitué de 91 « chalets » disséminés dans une forêt de 110 ha, le quartier du Bois de la Chaise se développe à des familles nantaises et parisiennes en vacances à Pornic découvrent les charmes de l’île voisine… La tour Plantier, (photo) privée, est l’une des premières constructions du Bois de la Chaise (1861). partir de 1860. À cette époque,

L’attachement îlien Île d’Yeu et Noirmoutier La première est un paradis de nature sauvage qui cultive un art de vivre décontracté et écolo, sur un territoire en partie classé zone protégée. La seconde est une destination de tourisme balnéaire dont les plages de sable blond s’enroulent autour d’un cœur de marais salants. Chacune a ses adeptes et un moyen particulier de s’y rendre: le bateau pour Yeu; un pont et une chaussée submersible pour Noirmoutier. Deux bouts de France défendus par des habitants fortement attachés à leur terre. T E X T E D E P H I L I P P E B O U R G E T - P H O T O G R A P H I E S D E T U U L E T B R U N O M O R A N D I

NOIRMOUTIER

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ÎLE D’YEU

Murs blanchis à la chaux, volets peints de couleurs vives, vélo roi… Ainsi va la (belle) vie sur l’île d’Yeu, comme ici dans une rue de Port-Joinville Au fond, le feu postérieur du port date de 1845. Il est aujourd’hui éteint.

Philippe Roy / Détours en France

GRAND ANGLE 22

Les ambassadeurs de l’île d’Yeu

Annie Arquillère file un beau coton

C’est unatelier de femmes auplancher debois. Autour d’AnnieArquillère, pétillante créatrice de rideaux, il y a sa fille Morgan, chapelière, et Agathe, bijoutière. « C’est la maison de ma grand-mère, qui tenait ici une mercerie », explique Annie. Cette dernière a quitté Yeu à 18 ans, bourlingué à Londres et vécu en Bretagne où elle a exercé divers métiers (standardiste, dactylo-facturiste…). Elle affirme pourtant: « J’ai toujours rêvé de rentrer car c’est l’île de mon cœur. » Commençons

Les Petits Rideaux de l’île d’Yeu. 13 rue de la Chaume, 85350 Port- Joinville. 0682789382. Produits également disponibles à La Fabrique. 14 rue des Usines. 0251265679. lafabriqueyeu. com

« Quand la foule part en fin de saison, c’est un peu triste. Mais Yeu est la plus dynamique des îles du Ponant. L’hiver, on ne s’y ennuie jamais. »

par dire qu’elle y est née. Et, en effet, elle a fini par « rentrer ». Annie Arquillère se met alors à travailler sur un métier à tisser « pour le plaisir ». D’abord des vestes et, très vite, des rideaux. « J’ai ramé longtemps avant que ça marche. Puis les gens ont commencé à voir mes tissus aux fenêtres… » Des rideaux à chevrons et fils tendus, très esthétiques. Le bouche-à-oreille fait le reste, chez les Islais comme auprès des touristes. Annie Arquillère trouve depuis plus de trente ans un plaisir particulier à travailler ainsi. « Si j’apprécie les gens et le contact, j’ai longtemps travaillé seule et j’ai adoré ça. On est bien quand on tisse. Dès que les mains sont occupées, l’esprit s’échappe, on est heureux. J’aime aussi la pureté du coton… » Son rapport à l’île est celui d’une native dépourvue de frustrations: « Je rentre chez moi

à vélo toute l’année. C’est vrai que quand la foule part en fin de saison, c’est un peu triste. Mais Yeu est la plus dynamique des îles du Ponant; il y a deux collèges. L’hiver, on ne s’y ennuie jamais. J’aime son côté cocon. » Bientôt, elle passera le relais à sa fille Morgan pour se consacrer à la peinture, une autre de ses passions.

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Pierre Nolleau : l’accueil en héritage

Se nourrir de la rencontre avec les autres: de son ancienne vie vagabonde, Pierre Nolleau a tiré cette philosophie, qu’il applique depuis dix-sept ans à la tête de l’hôtel des Voyageurs, sur le port. Lieu de passage, son commerce brasse les habitués, les marins en escale, les touristes en séjour… La recette de cette alchimie réussie? « La simplicité et la convivialité. Le luxe et le confort tournent souvent autour de ces valeurs. » L’hôtelier n’est pas parti de rien. Son arrière-grand- père, arrivé comme maçon au xix e siècle et pris de passion pour

Hôtel- restaurant des Voyageurs. Quai Carnot, 85350 Port- Joinville. 0251583688. hotelyeu.com Fermé en janvier-février. Chambre double: 75 €

l’île au point d’en épouser une native, a construit le premier hôtel d’Yeu. Ses grands-parents, ses parents ont pris la suite. « Dans les années 1970, mes parents ont investi dans une nouvelle bâtisse. C’était osé, le tourisme n’était pas si développé qu’aujourd’hui. » L’arrière-grand-père visionnaire avait même créé « le premier syndicat d’initiative de Vendée, il y a cent ans. » L’École hôtelière terminée, Pierre Nolleau est parti à Paris, aux Antilles, en Asie, au Venezuela, au Brésil, en Guyane… En rentrant, il ripoline l’hôtel qui vieillit, s’investit dans la vie locale et prend les rênes de l’office de tourisme: « Il faut penser à l’emploi, à l’économie. » Sur cette île d’Yeu, « rocher détaché de Bretagne sous le soleil d’Espagne », comme disait son grand-père, il y a moyen de voir l’avenir rayonnant.

Frédéric Cantin : passion pêche

« Ce n’est pas la canne qui fait le pêcheur, c’est le sens de l’eau et la technique d’animation du leurre. » On peut croire ce taiseux sur parole. Frédéric Cantin a navigué une quinzaine d’années « à la grande pêche », au chalut et à la palangre, traquant soles et requins-taupes dans le golfe de Gascogne et en mer d’Irlande.

Filsd’Islais, passépar l’Écoledesmoussesd’Yeu, il a toujoursenparallèlepratiqué lapêchede loisir. « C’est ma première passion, raison pour laquelle j’ai obtenu en 2008 le brevet de moniteur de pêche. » Sa boutique de Port-Joinville déborde de cannes, de plombs, d’épuisettes, de couteaux… et de leurres. « J’ai racheté une fabrique de leurres souples, il y a trois ans. Nous les produisons désormais sur l’île. Chacun

est peint à la main. » Sa marque, Les Lignes d’Yeu, est réputée. « Chaque région a ses habitudes. Ici, ils préfèrent les leurres bleus, les jaunes et les blancs. » Devenu guide, l’ancien marin emmène les clients taquiner la daurade et le bar. « Je prends autant de plaisir à les voir pêcher que pêcher moi-même. Je fais vraiment un métier passion! »

L’Embrun. Quai de la Chapelle, 85350 Port- Joinville. 0228112137. embrun-yeu.fr Sortiepêcheenmer(4heures):125 €/personne.

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Ils ont donné son image à l’île d’Yeu

C’est la plus éloignée de la côte Atlantique. Sans doute est-ce la raison pour laquelle elle a gardé le caractère entier qui imprègne ses paysages: port étroit, crique sauvage, fortification médiévale…

Le port de La Meule : la belle échancrure

Au sud-est de l’île, cet abri naturel protège une poignée de bateaux de la houle atlantique. Sur le quai, on trouve des barques retournées et des cabanons en bois aux noms amusants: Math’Yeu, Le Père Filochard… Très fréquenté en saison, le port accueille les cyclistes venus de Port-Joinville. À l’heure du déjeuner, le sympathique restaurant-terrasse tourne à plein.

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La plage des Vieilles : au ras de la houle atlantique

Avant de rejoindre la pointe des Corbeaux, extrémité Est d’Yeu, l’anse protégée de la plage des Vieilles déroule son cordon de sable clair face à l’Océan. C’est l’une des plus prisées de l’île. Loin de l’agitation de Port-Joinville, l’été, il flotte sur cette plage surveillée un parfum de villégiature tranquille, apprécié des familles. À l’arrière, quelques villas regroupées ou plus isolées forment le hameau de La Croix.

La plage des Soux : la nature a son bijou

La plage des Soux est le bijou nature d’Yeu. Sable blond et fin au bas de falaises, eau limpide… Attendez- vous à devoir partager cette petite crique scindée en deux par les rochers, que les enfants prennent d’assaut. C’est un site que

les estivants plébiscitent.

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Les ambassadeurs de Noirmoutier Frédéric Maingret : la voile sur mesure

Frédéric Maingret aurait pu déprimer après l’incendie de son chantier naval des Îleaux, fin 2015, àNoirmoutier-en-l’Île. Mais preuve de l’attachement des Îliens à son activité, ils ont lancé une action de financement participatif via internet. « Il fallait 20000 €, j’en ai eu 77000 €! » Les Îliens, mais aussi des clients et le chantier brestois du Guip, se sont mobilisés pour lui permettre de retrouver de nouveaux locaux. Juste retour des choses pour ce constructeur qui a restauré le Martroger III, le dernier baliseur à voiles du secteur Yeu-Noirmoutier.

Chantier des Îleaux. Rue de l’Écluse, 85330 Noirmoutier- en-l’Île. 0251396893. chantierdes ileaux.com

Preuve de l’attachement des Îliens au chantier naval des Îleaux, ils se sont mobilisés pour qu’il retrouve de nouveaux locaux.

Venu gamin sur l’île, ce Bressuirais d’origine est revenu parce que son épouse y travaillait. Il crée son chantier en 2002 (8 employés aujourd’hui), où il fait office de Géo Trouvetou. La plaisance haut de gamme et son exigence créative lui plaisent: cale-pieds escamotables, toilettes étudiées, porte-bouteilles adapté à la houle, table coulissante… Il s’en donne à cœur joie. « Les modèles que je construis sont pour des clients aisés qui veulent qu’ils ne ressemblent à aucun autre. Certains sont comme des enfants avec leur bateau. » Électrotechnicien de formation, il a trouvé sa voie alors qu’il travaillait à l’entretien des bateaux de l’École de voile de Barbâtre.

Un nouvel apprentissage en menuiserie plus tard et on le retrouve au chantier du Guip, à Brest. Il y reste trois années. « Après, j’ai décidé de voler de mes propres ailes… » Même à plus de 200000 € la commande, la construction d’un bateau sur mesure est peu rentable, vu le temps passé et les achats nécessaires. « Mais on renoue ici avec l’esprit des anciens chantiers navals. Et on se rattrape sur la maintenance et la restauration. »

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Patrice Rigoult : le saunier du soir

Avec la pêche, la pomme de terre et les huîtres, le sel est une production phare de Noirmoutier. C’est la plus importante en surface : les marais salants occupent le tiers de l’île. Parmi la centaine de sauniers, Patrice Rigoult est le seul à emmener des touristes en balade. Cela se passe le soir, quand le soleil décline. Une randonnée de 2 heures entre les œillets, où il raconte le sel, la nature, les plantes… Peut-être le fait-il « car le métier de saunier, cela peut rendre fou. Il faut être équilibré, ne pas gamberger. » On soupçonne

Balade au crépuscule dans le marais salant ou de jour à vélo (2 heures). Départ du port de Morin, à l’Épine. 5,50 € par personne. 0663328666.

toutefois ce Breton d’avoir gardé de son ancien métier de commercial le goût de la communication. Celui qui voulait « travailler au bord de la mer » a approché la saunerie sur l’île de Ré et s’est reconverti il y a dix ans. « J’ai découvert à Noirmoutier un paysage extraordinaire. À la vue du sel, quelque chose de magique se produit. » Il a choisi cette île car les exploitations sont à taille humaine. Il loue 30 œillets, travaille 10 à 12 heures par jour et peine à se verser un SMIC mais l’espoir est là. « Mieux gérer l’eau, améliorer la productivité, c’est possible. » La coopérative à laquelle il appartient produit 2000 t mais veut doubler la capacité d’ici dix ans. Le condiment de l’île a un atout: il est plus doux que d’autres et sa fleur de sel sent la violette, un goût apprécié des spécialistes.

Ludovic Michaud : le fouleur du Gois

Il arrive en tenue de joggeur, baskets et t-shirt rouges. « Je viens de faire la traversée aller-retour. Pour participer aux Foulées du Gois, il faut s’entraîner au moins deux fois par semaine. » Pompier volontaire, 39 ans, triathlète, Ludovic Michaud a quatre courses à son actif. La prochaine aura lieu le 6 mai.

Depuis Beauvoir-sur-Mer, sur le continent, elle met aux prises des milliers de participants qui font l’aller-retour sur le passage submersible. La course des athlètes professionnels, elle, se fait à marée montante. « Les as partent avec de l’eau aux chevilles et certains finissent avec de l’eau à la taille! » Meilleurs temps des champions : entre 15 et 20 min. « Mon record est de 34 min sur 8,3 km. » Il dispute la course des amateurs, parfois avec l’association Grandir

Ensemble, en poussant le fauteuil d’un enfant handicapé. « C’est une course très physique. La principale difficulté est la ligne droite. Mais la foule nous encourage, cela fait oublier la fatigue. On court plus vite au retour car, en général, on a des vents portants. » À voir l’invasion de la chaussée du Gois et ses abords à marée basse (voitures, vélos, marcheurs…), on imagine le délire le jour des Foulées.

lesfouleesdugois.com

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GRAND ANGLE 30

En ces lieux, réside l’esprit de Noirmoutier Belle Époque au Bois de la Chaise ou salin autour des marais, l’île dévoile tous ses visages au visiteur qui prend le temps de la sillonner.

Le château, l’église Saint-Philbert et la réserve naturelle du Müllenbourg : l’image symbole

Vue depuis les marais de Müllenbourg, 48 ha de refuge pour l’avifaune locale et une quinzaine de petits mammifères, la commune de Noirmoutier-en-l’Île livre ses deux édifices emblématiques: le château et l’église Saint-Philbert. Le premier abrite un intéressant musée d’Histoire locale. La seconde est à voir pour ses deux beaux retables du xvii e siècle.

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La plage des Souzeaux : chic noirmoutrin

Bordée de grandes villas de la fin du xix e et du début du xx e siècle, cette plage est probablement la plus traditionnelle des quatre que compte le site classé du Bois de la Chaise. Longue d’environ 200 m, elle rassemble à la belle saison les villégiateurs habitués de longue date au secteur, souvent des familles parisiennes aisées. Une fréquentation qui a des allures de « club fermé » mais qui n’interdit surtout pas à ceux qui n’en font pas partie de s’y rendre!

Passage du Gois : à cheval sur l’Océan

Aménagé au début du xix e siècle pour relier la pointe de la Fosse au continent, le passage de 4,2 km a longtemps été le seul moyen, de se rendre sur l’île à pied ou à cheval, à marée basse. C’est aujourd’hui une véritable attraction touristique.

Philippe Roy / Détours en France

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L’Histoire l’a façonnée bretonne et conquérante. La Loire, qui vient mourir dans ses bras, a révélé sa douceur. L’Océan, qui lui fait de l’œil, lui a insufflé le goût des voyages. Entre passé maritime et avenir tourné vers créativité, la patrie de Jules Verne a l’imagination fertile. Afin de vous en convaincre, embarquez pour le « Voyage à Nantes », un parcours de monuments, sites remarquables et œuvres d’art. À découvrir en suivant la « Ligne verte » tracée au sol. NANTES C I T Y B R E A K

TE X TE DE SOPHIE DENIS

PAY S D E L A L O I R E

LA BAULE

NANTES

LES SABLES- D’OLONNE

L’île Feydeau. Au début du xx e siècle, des travaux énormes ont permis le comblement des bras de la Loire qui l’entouraient. Le quartier, autrefois habité par les riches commerçants maritimes, est à l’image de la ville: chargé d’une histoire assumée. Et où l’élégance des pierres héritées d’un autre temps autorise aujourd’hui un certain art de vivre.

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Le château des Ducs de Bretagne. Côté cour: un palais ducal de style gothique, à la blancheur éblouissante. Il abrite le musée d’Histoire.

Bertrand Rieger / Détours en France x 2

Si vous voulez éviter de vous perdre dans Nantes, commencez par retirer un plan à l’office de tourisme, rue des États, au cœur du quartier du Bouf- fay: les noms sont ici trompeurs, qui baptisent « quai » une simple rue, et « île » un quartier qui n’est pas entouré d’eau. Souvenirs d’un temps où la Loire et l’Erdre, son affluent, batifolaient au détour des ruelles: Nantes, comme Venise, s’est bâti sur l’eau! Ce n’est qu’au début du xx e siècle qu’une partie de leurs cours a été déviée ou couverte, modifiant la physionomie de la ville. Juste en face, granitique et souverain, le palais des Ducs de Bretagne est une invitation à découvrir l’histoire de la ville. Dans la cour intérieure, le tuffeau et les loggias à l’italienne sont un écho aux châteaux de la Vallée de la Loire. Œuvre du duc François II et de sa fille, Anne de Bretagne, il abrite aujourd’hui un passionnant musée de l’Histoire de Nantes : divisé en sept séquences, le parcours fait découvrir notamment

le sang y coulait tant, que les Nantais ont fait peindre les pavés en rouge pour le masquer. À Nantes, il est vrai, offi- ciait Jean-Baptiste Carrier, de sinistre mémoire. Envoyé pour lutter contre l‘insurrection vendéenne en 1793, il a résolu le problème de la surpopulation carcérale en noyant les prisonniers, empilés dans des chalands… Il est temps de rejoindre la pimpante église Sainte-Croix, où Jules Verne fut baptisé (1828). Un entrelacs de ruelles y mène. Il y subsiste çà et là des édifices à pans de bois du xv e siècle : lamaison des Apo- thicaires au 2 rue des Carmes; au 7 rue

la vie des mariniers de l’estuaire, le commerce du sucre et la traite des esclaves, à l’origine de la richesse nan- taise et de ses armateurs. Pour clore la visite, faites un tour sur les remparts, qui offrent un bel aperçu de la ville. UN ENTRELACS DE RUELLES À vos pieds, le quartier Bouffay, héri- tage du Moyen Âge. Qu’il faut explorer à partir de la place éponyme. À présent envahie de terrasses, elle était jadis le lieu d’échanges commerciaux. LaRévo- lution lui octroya un rôle sinistre: elle en fit la place des exécutions. On dit que

Le château des Ducs de Bretagne. Côté ville, une forteresse dont les chemins de ronde (500 m) sont en accès libre pour la promenade.

Les noms ici sont trompeurs. Ils baptisent « quai » une rue, et « île » un quartier qui n’est pas entouré d’eau.

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L’église Sainte-Croix. ( xvii e - xix e siècles). Ici, l’histoire surgit au coin de la rue.

Le square Élisa- Mercoeur. Un espace ludique, botanique et artistique. On y admire miroir d’eau, arbres rares et œuvres contem- poraines.

Le théâtre distribue architectu- ralement la place Graslin. Le concepteur des lieux, Mathurin Crucy (1749- 1828), a façonné la physionomie nantaise. À son actif, entre autres: la place royale, le palais de la Bourse, l’hôtel Montaudoin.

Jacques Sierpinski / Détours en France x 4

de la Juiverie…Une dizaine d’entre elles ont traversé les siècles, ce qui est peu pour une ville de l’Ouest. La faute aux incendies, aux travaux d’urbanisme dès le xviii e et, bien sûr, aux bombardements américains de la Seconde Guerre mon- diale – lesquels ont détruit en 1943 une partie du centre-ville, croyant viser le port. Si le cœur vous en dit, pous- sez jusqu’à la cathédrale qui abrite le tombeau Renaissance de François II et Marguerite de Foix. À la pause déjeuner, le Bouffay est idéal: les bonnes petites tables y pullulent, à l’image du Coin des crêpes, rue Armand-Brossard. UNE FORTUNE AFFICHÉE Empruntez ensuite le cours des Cin- quante-Otages. Il célèbre la mémoire des civils tués en octobre 1941, en représailles de l’exécution par des résistants nantais du commandant alle- mand Karl Hotz. Le même Hotz, vingt

au creux de la Loire, elle a adopté son visage actuel dans les années 1930. Vous êtes sur les terres des armateurs du xviii e , qui affichèrent leur fortune acquise dans le commerce triangulaire en se faisant bâtir des hôtels particu- liers. Le quai Turenne le montre très bien: bordé de pelouses – là où coulait la Loire – il déroule une impeccable rangée de façades blanches, décorées de fer forgé et de mascarons grima- çants. Certaines, comme celle de l’hôtel Perraudeau, vous paraissent un peu de guingois? Normal, les immeubles sont bâtis sur pilotis et s’adaptent plus ou moins au terrain sablonneux. Dans cer- tains appartements, il faut même caler les meubles… La place du Commerce ouvre les portes du quartier Gras- lin, jadis dévolu aux affaires, désor- mais zone réservée aux boutiques. La rue Jean-Jacques Rousseau conduit à la place Graslin. En passant devant, >

ans auparavant, avait travaillé en tant qu’ingénieur au comblement du bras de l’Erdre qui a donné naissance à cette large voie: l’Histoire a de singuliers rapprochements ! Vous voilà sur l’an- cienne île Feydeau. Autrefois lovée

Au centre de la place Royale, la fontaine monumentale (1865). Trois bassins surplombés d’une statue de marbre blanc, incarnant la ville de Nantes. C’est le point de rendez-vous des habitants et le lieu des grands rassemble- ments festifs.

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Photo de droite: le Lieu Unique. La biscuiterie LU est devenue un centre culturel. Sa tour art nouveau a été réhabilitée en 1998. Photos du haut et de gauche: le passage Pommeraye. Une galerie commerciale classée

Jacques Sierpinski / Détours en France x 3

céramique polychrome et de mosaïque, ont pris place quelques célébrités: Jean Cocteau, Agnès Varda et, bien sûr, Jacques Demy, l’enfant du pays… Judicieux endroit pour boire un café ! Cédez ensuite aux joies du shopping en suivant la rue Crébillon jusqu’à la place Royale: l’artère chic que les Nantais arpentent le samedi. D’ailleurs, faire du lèche-vitrines se dit ici « crébillonner ». DES LIEUX MAGIQUES En redescendant vers le fleuve, empruntez le passage Pommeraye, entre les rues Santeuil et de la Fosse. Réhabilité en 2016, il promet un décor aussi éblouissant que la galerie Vivienne à Paris. Construit en 1843 sur trois niveaux, il permettait aux Nantais de faire leurs emplettes dans un endroit sûr et éclairé, entre lequartierportuaire

monument historique.

Henri Tabarant / OnlyFrance.fr

colonnes corinthiennes et de muses, figure le rideau de scène ; sur les côtés, les immeubles symbolisent les loges. En face, la brasserie La Cigale donne la réplique au théâtre. Dans son décor Belle Époque, tout de

arrêtez-vous au n° 6: Jules Verne y vécut adolescent. De style néo-clas- sique, la place a été conçue comme une salle de spectacles par Mathurin Crucy. L’architecte l’a organisée autour du théâtre, dont la façade, ornée de

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ESTUAIRE : LE BEL INVENTAIRE Sous l’impulsion de Jean Blaise, son directeur, la Biennale d’art contemporain « Estuaire » est devenue un parcours pérenne en 2007. Depuis, chaque année, elle s’enrichit d’œuvres singulières qui jouent avec les paysages de la Loire, de Nantes à Saint-Nazaire, sur 60 km. Parmi elles : les Anneaux à Nantes, la Maison dans la Loire à Couëron, le Serpent d’océan à Saint-Brévin-les-Pins, Le Jardin étoilé à Paimbœuf … Parcours « Estuaire »: 0240757507. estuaire.info – D’avril à octobre, croisières au départ de Nantes ou Saint-Nazaire avec Marine&Loire croisières (2h30, 25 €). 0240694040. marineetloire.fr

Voyage à Nantes, l’Estuaire, parcours d’art contemporain, Paimboeuf, Le Jardin Etoilé de Kinya Maruyama.

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Jacques Sierpinski / Détours en France

LE MUSÉE DE JULES Grimpez au sommet de la butte Sainte-Anne : pour la vue sur l’île de Nantes d’abord et le musée Jules Verne ensuite. L’écrivain, né sur l’île Feydeau, n’a jamais habité la maison mais, enfant, il a passé ses vacances dans le quartier : la vue sur la Loire lui a sans doute donné goût aux explorations. La reconstitution de son salon, des manuscrits, des portraits et des objets personnels provenant de la donation de son petit-fils… apportent un éclairage intimiste sur l’auteur des Voyages extraordinaires. Planisphère lumineux et bornes interactives sont là pour tester vos connaissances sur ses personnages. Entrée : 3 €. 0240697252.

même d’un nouvel espace, le Cube. Au fil des salles réaménagées, le par- cours est éblouissant sous la lumière des verrières embellies : le Saint Sébas- tien du Pérugin, le Guitariste de Greuze, un De la Tour, un Portrait de madame Senonnes signé Ingres, les Cribleuses de blé de Courbet, les Nymphéas de Monet, un Clemenceau croqué par Manet, Soulages, Kandinsky… Le musée de Nantes peut s’enorgueillir de posséder quelques chefs-d’œuvre mondialement connus. L’heure du déjeuner approche? Vous pouvez profiter sur place du Café du musée et de sa cuisine d’inspiration bistrotière. Ou alors mettre le cap sur le proche marché de Talensac, le plus important de la ville. Vous vous y réga- lerez d’huîtres du golfe du Morbihan accompagnées d’un verre demuscadet.

NEUF SIÈCLES DE PEINTURE En 2017, après cinq années de travaux, le musée des Beaux-Arts, rebaptisé musée d’Arts de Nantes, a rouvert ses portes. Une véritable renaissance pour cette institution qui mérite bien que vous lui consacriez une matinée. Jugez plutôt: neuf siècles d’histoire ininterrompue de la peinture racontés par le biais de 900 œuvres, depuis le xiii e siècle jusqu’à la période contemporaine. Celle-ci bénéficie

du quai de la Fosse et celui, culturel, de Graslin. Louis Pommeraye, le notaire qui fit le pari osé de sa construction, y a perdu sa fortune. Le dénivelé impor- tant (9 m), l’élégance de l’escalier cen- tral, la verrière, le foisonnement de colonnes, de statues et de balustres, font la magie de ce lieu, cher aux locaux. Finissez la journée en beauté et rendez-vous dans un autre endroit très prisé. Moderne, celui-là : perché au 32 e étage de la tour Bretagne, le Nid est un bar qui offre un sidérant pano- rama à 360° sur les lumières de la ville. À moins que vous ne préfériez le comp- toir du Lieu Unique, aménagé dans l’an- cienne biscuiterie LU. Le week-end, la soirée s’y termine souvent en concert!

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Ingres, Monet, Kandinsky… : le musée d’Arts peut s’enorgueillir de posséder des chefs-d’œuvre mondialement connus.

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Le Grand Éléphant. Sur son dos, vous êtes comme au 3 e étage d’un immeuble… qui se déplace!

> UNE FRICHE URBAINE INCROYABLE Àprésent, rejoignez lequai delaFosse en retraversant l’île Feydeau. C’est là que s’amarraient les navires négriers en provenance d’Afrique ou des îles. Entre la passerelle Victor-Schoelcher et le pont Anne-de-Bretagne, le mémo- rial de l’Abolition de l’esclavage évoque cet épisode terrible de l’Histoire de Nantes: 2000 plaques nomment les 1710 navires et les 290 comptoirs qui se livrèrent au trafic d’êtres humains entre la fin du xvii e et le milieu du xix e siècles. En face, l’île de Nantes, siège des chantiers navals jusqu’à leur transfert à Saint-Nazaire en 1987. Devenues un nouveau pôle urbain, les friches accueillent, depuis 2006, un projet incroyablement osé: les Machines de l’île. De l’autre côté du pont Anne-de- Bretagne, ces créatures métalliques, conçues par François Delarozière et Pierre Orefice, composent un bestiaire

Jacques Sierpinski / Détours en France x 4

spécimens. Il leur arrive de faire grimper quelques privilégiés sur le dos de l’Araignée! Mais vous n’êtes pas au bout de vos surprises… Sitôt sortis de la Galerie, vous avez toutes les chances de tomber nez à nez avec un éléphant haut comme une maison! Ne vous lais- sez pas impressionner par ses barris- sements et montez dessus : un moyen comme un autre de vous rendre à la troisième attraction des Machines, le Carrousel des mondes marins. Impres-

fabuleux que n’aurait pas renié Jules Verne. Une gigantesque araignée, une fourmi géante, un héron de 8 m et les dernières-nées, des oies et un coli- bri pas du tout riquiquis! Ils sont tous destinés au futur Arbre aux hérons, une structure de 35 m de haut qui abritera un café. Inauguration prévue en 2025! À découvrir pour l’heure dans la Galerie des Machines, laboratoire fantastique où les techniciens vous dévoilent le fonctionnement de ces merveilleux

Le Carrousel des mondes marins: poisson, crabe, calamar géants… Un manège digne de Jules Verne.

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La Cantine du Voyage, quai des Antilles : un étonnant restaurant éphémère, qui propose un menu unique à base produits locaux.

sionnant manège de trois étages, il vous transporte sur le dos d’une raie manta ou d’un poisson-coffre, d’un crabe ou d’un calamar, à bord d’un bathyscaphe ou d’un bateau-tempête. Impossible de ne pas retomber en enfance! UN TERRAIN DE JEU POUR DESIGNERS L’île de Nantes a d’autres attraits. Ils sont l’œuvre d’architectes et de designers qui investissent l’espace urbain lors des éditions estivales du « Voyage à Nantes ». À l’issue de la saison, certaines deviennent pérennes, que vous pouvez découvrir en suivant une « Ligne verte ». Parmi les plus récentes, le Skate-ô-Drome, quai des Antilles, rencontre entre un vélodrome, un skatepark et une piste d’athlétisme. Il y a aussi sur le parc des Chantiers, à la pointe Ouest de l’île, une sphère molle et argentée, posée sur le sol et percée de cratères; elle est poétiquement appelée On a marché sur la Lune. Jules Verne, jamais bien loin! La plus embléma- tique de ces œuvres reste les Anneaux, de Daniel Buren et Patrick Bouchain. Sur le quai des Antilles, ces 18 cercles d’acier livrent sur la Loire et sur la ville d’étonnantes perspectives, aussi belles de jour que de nuit. Ils représentent les chaînes des esclaves… Si le temps s’y prête, profitez d’une terrasse au Han- gar à bananes, ancien local commercial reconverti en cafés, bars et lieux de la nuit. À côté, la Cantine du Voyage est un restaurant éphémère qui, de fin avril à septembre, propose un menu unique à base de produits régionaux. Vous pouvez aussi y jouer à la pétanque ou au baby-foot. À l’approche de la nuit, offrez-vous un petit voyage. Rendez- vous à la gare maritime, quai Ernest- Renaud (dans le prolongement du quai de la Fosse) et embarquez à bord du

sons. Les maisonnettes colorées, les courettes plantées de palmiers et les jardins de curés dessinent aujourd’hui un décor des plus dépaysants. Ins- tallez-vous à une guinguette et, les yeux sur la Loire qui se pare de reflets métallisés au soleil couchant, rêvez à votre prochain voyage : l’estuaire. ∑

Navibus. À peine dix minutes de traver- sée jusqu’à la rive Gauche de la Loire et vous voilà à Trentemoult. Ce village de pêcheurs sur la commune de Rezé a un caractère îlien bien trempé. Sans doute parce qu’il comptait autrefois des cap-horniers qui, de retour au pays, se faisaient construire de coquettes mai-

AH, LA BELLE ENSEIGNE ! Ici, un chérubin qui gonfle ses joues ; là, sur la façade d’une boucherie, des animaux parés pour un bal costumé ; un énorme chat porte-bonheur japonais qui agite sa patte au-dessus d’un restaurant… Levez les yeux : il se passe toujours quelque chose au-dessus de vous ! Dans le cadre du « Voyage à Nantes », des artistes sont invités à réinterpréter les enseignes de commerçants partenaires. Elles sont désormais près d’une quarantaine à insuffler leur humour et leur poésie, apparitions inattendues mais bienvenues dans l’univers urbain. À suivre, au fil de la « Ligne verte » ou lors d’une visite guidée avec l’office de tourisme.

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42 CITY BREAK NANTES

LES ADRESSES DE DÉTOURS

et de plats bien troussés, dont un succulent agneau de l’Aveyron. Repas: 20 €, le midi. Lulu Rouget 4 place Albert-Camus. 0240474798. Une belle adresse au décor brut. LetalentduchefLudovicPoulzègue explose dans de savoureux mariages comme la betterave et le cerf, le rouget et le panais. Menu: 25 € le midi. La Cantine du Voyage Quai des Antilles. levoyageanantes.fr Resto ouvert de mai à septembre. Menu unique autour du poulet d’Ancenis et des légumes du potager. Menu: 10 € le midi.

SE RENSEIGNER Nantes Tourisme 9 rue des États. www.nantes-tourisme.com VISITER Château des Ducs de Bretagne 4 place Marc-Eider. 0811 464 644. www.chateaunantes.fr L’histoire de Nantes, du Moyen Âge jusqu’aux guerres mondiales, en passant par la traite négrière. Entrée 8 €. Accès libre à la cour et aux remparts. Les Machines de l’île Île de Nantes, boulevard Léon-Bureau. 0810 12 12 25. www.lesmachines-nantes.fr Le Pass Ambassadeur donne l’accès illimité à la Galerie, une sortie en éléphant et au Carrousel (sans tour): 38 €. Visite seule: 8,50 €. Mémorial de l’Abolition de l’esclavage Quai de la Fosse. 0811 46 46 44. memorial.nantes.fr Parcours commémoratif gratuit.

Voyage en ballon Rue Malherbe. 0638444998. surprenantes.com À deux pas du château, cette maisonnette cache un studio au décor insolite qui évoque Cinq semaines en ballon , de Jules Verne. Chambre double: 99 €. SE RESTAURER Le Café du musée 10 rue Georges-Clemenceau. 0251129309. Cuisine de bistrot à midi, plus élaborée le soir. Le tout à partir de produits régionaux et sous la houlette du chef étoilé Éric Guérin. Menu: 19 €, le midi. Le Coin des crêpes 2 rue Armand-Brossard. 0240353936. Dans un décor scandinave, des crêpes et galettes à base de produits bio, qui épatent par leur originalité. À partir de 5 € la crêpe. Les Bouteilles 11 rue de Bel-Air. 0240082765. Sympathique cave à boire (600 références) et à manger, autour de charcuteries canaille

Le 10 mai 2018 seront célébrés les 170 ans de l’abolition de l’esclavage. Le musée d’Arts 10 rue Georges-Clemenceau. 0251174500. museedartsdenantes. nantesmetropole.fr - Entrée: 8 €. SE LOGER Hôtel Pommeraye 2 rue Boileau. 0240487879. Dans un hôtel particulier au cœur du quartier Graslin, des chambres élégantes, aux tonalités douces. Ambiance arty. Petits déjeuners bio. Chambre double: 70 €. Okko Hôtels 15 bis rue de Strasbourg. 0252200070. okkohotels.com Entre la cathédrale et le château, le confort d’un 4 étoiles, avec chambres design et espace Club. Et aussi une chambre d’artiste signée Julien Nédélec, sur le thème des heures passées à dormir: 208923 heures dans une vie! Chambre double: 109 €.

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