Crédit Agricole Magazine n°180
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Dumal-être aumieux-être Le 20 avril dernier, la Mutualité sociale agricole (MSA) organisait une convention dans le cadre du suivi du plan interministériel de lutte contre le mal-être des agriculteurs. Les dispositifs existants ont été rappelés, dont Agri’écoute, insuffisamment connu, et Agri Sentinelles, un réseaumultipartenarial qui forme des volontaires impliqués dans la prévention contre le suicide. Le métier d’agriculteur comporte plusieurs casquettes. Celle de dirigeant entraîne des prises de décisions qui ont des conséquences sur l’organisation et le bien-être de chacun, donc sur la performance de l’activité. Contre cette solitude, il est important de s’exprimer, que ce soit dans un cercle restreint ou plus large, d’autant plus que l’agriculture est souvent pointée du doigt alors qu’elle est soumise à des défis immenses. En parler positivement améliore l’image et le bien-être de ces professionnels très attachés à leur métier, qui ne comptent pas leurs heures. Leur santé est bien le premier capital immatériel de l’exploitation agricole.
Apporter une réponse rapide à un conseiller qui s’interroge permet d’éviter le pire, ce que j’ai vécu la semaine dernière… Les agriculteurs cotisent à la MSA, mais beaucoup ignorent le soutien auquel ils peuvent avoir recours, ou n’osent tout simplement pas. Ce n’est pas dans leur culture de demander de l’aide. Environ 80 % d’entre eux sont toujours en activité. Certains ont arrêté à cause de problèmes de gestion, d’autres se sont réorientés vers un nouveaumétier. J'ai un rôle social, je suis également Agri Sentinelle (1) pour la région. Cela m’intéresse énormément et donne une autre image de ce que la banque peut faire. C’est le rôle humain du Crédit Agricole porté par ses valeurs. » ✔ (1) Les Agri Sentinelles forment un réseau multipartenarial qui vise à sensibiliser, former, outiller des volontaires qui travaillent au contact des agriculteurs pour s’impliquer dans la prévention du suicide.
Humain et utile Christine Grillet, présidente de la Caisse régionale de Franche-Comté
«Depuis 2017, à la Caisse de Franche-Comté, nous avons décliné l’accompagnement extra-bancaire des Point Passerelle aux agriculteurs. Nous avons constaté que, grâce à ce dispositif, 90 % des personnes accompagnées ont été remises sur les rails. Nous sommes donc convaincus de son utilité qui accompagne de la manière la plus humaine et personnalisée possible les agriculteurs traversant des difficultés. »
«Les agriculteurs sont des passionnés qui adorent expli quer leur métier. Bien-être animal, emploi de pesticides, gestion de l’eau, etc., les sujets de fond sont abordés. Ils travaillent dur et n’ont pas pris le temps de faire savoir comment ils réalisent leur métier, sans oublier l’état d’esprit du " pour vivre heureux, vivons cachés" . Il y a un vrai enjeu à ce qu’ ils reprennent la main sur leur communication pour montrer ce qu’est réellement leur métier – et sa complexité. Rien n’est enseigné sur la manière dont est produite notre alimentation! Un stage agricole devrait être obligatoire pour tous, dès l’école. Le secteur agroalimentaire a montré ce que les gens voulaient voir et véhiculé une image faussée. Je remarque que les jeunes qui s’installent sont très qualifiés notam ment sur les enjeux environnementaux et en matière de technologie. Ce sont des entrepreneurs à part entière au même titre que les startupers.» ✔ http://www.lacledeschamps-podcast.fr
VALORISER LE MÉTIER
Les gens des villes et les gens des champs
I l était une fois une petite-fille et fille d’agriculteurs, Louise Lesparre, partie étudier à la ville le commerce et le marketing. Là, elle découvre la «totale déconnexion» entre le monde agricole et le mondeurbainet tented’y remédier grâceàdespodcasts, LaClédeschamps, auxquelselleseconsacrepleinement après la pandémie. Ils n’ont qu’un seul but: renouer le lien entre les gens des villes et les gens des champs et sortir dumanichéisme entre «la gentille agriculture bio et laméchante agriculture conventionnelle» . Louise Lesparre a rencontré et interviewé 150 agriculteurs de toutes les filières. Elle organise également des formations pour des collaborateurs d’entreprises qui travaillent sur des produits agricoles, sans jamais avoir mis un pied dans une exploitation. Ils commencent par suivre un e-learning, conçu par des experts, qui explique les challenges que les agriculteurs doivent relever, puis passent une journée en immersion à la ferme dans un esprit de team building .
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Crédit Agricole Magazine n°180
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