Crédit Agricole Magazine n°172
Publication animée
MARS 2022 N°172
Filière santé Le Crédit Agricole en forme
En images
P. 12
Initiatives Filière viticole Des formations en réalité virtuelle Sociétariat Les coups de cœur Solidarité jeunes
P. 14
Tendances
P. 18
Agriculture Les enseignements du recensement
Handicap Un gymnase unique en France
Sommaire
MARS 2022 N°172
On en parle 04 À la pointe de la tech : de retour de Las Vegas
Initiatives
Revue bimestrielle éditée par la Fédération nationale du Crédit Agricole, 48 rue La Boétie, 75008 Paris, tél. : 01 49 53 43 23. ISSN 1243-9193. , r L B tie, 7 P ris, T . : .
14 Filière viticole : des formations
en réalité virtuelle
15 Parole d’élue de
Directrice de la publication Gaëlle Regnard Directrice de la rédaction Bénédicte Gouvert
la Caisse locale de Friville-Escarbotin 15 Digitalisation : la gestion des sinistres de l’ADE 16 Sociétariat : les coups de cœur Solidarité jeunes
Rédactrice en chef Véronique de Villepin
Rédacteurs Alexia Bernard, Dominique Fidel, Véronique Meynard rice
Photos DR, Alain Goulard, iStock Photos ACPEI, Alain Goulard, DR, IStock, Voltalia
Dossier 08 Filière santé : le Crédit Agricole en forme 09 Territoire : Ille-et-Vilaine, 06 Conditions de travail : au cœur de l’action
Abonnements 01 49 53 44 30 Abonnements 01 49 53 44 30
Conception graphique Uni-médias
Réalisation Paragramme
les bienfaits de l’écosystème
Tendances 18 Agriculture : les enseignements du recensement
11 Innovation : un champ d’interactions
Achevé d’imprimer par Fabrègue (décembre 2020). Dépôt légal : décembre 2020. Pour tout changement d’adresse, découper l’étiquette collée sur le dernier numéro reçu et nous la retourner en précisant la nouvelle adresse. Conception graphique et réalisation Imprimeur : Fabrègue Groupe Sprint Rue de la Fontaine Tanche 87500 Saint-Yrieix-la-Perche Achevé d’imprimer en avril 2022 Dépôt légal : avril 2022 Tiré à 13 500 exemplaires
Décryptage 20 Santé : une expérience client au top !
En images 12 Handicap : un gymnase unique en France
Édito
Pour le bien de tous La santé. Notre bien à chacun, à tous, aux territoires. Qui n’a jamais entendu qu’untel n’avait plus de médecin depuis que le sien était parti à la retraite? Qui irait s’installer dans une région dépourvue de médecins ? N’entend-on pas dire que l’hôpital est le plus gros employeur de telle ou telle région? Transformation des métiers due aux évolutions sociologiques et technologiques, désertification médicale, modernisation des établissements de soins, population vieillissante… la santé concerne les Caisses régionales au premier chef. Banques universelles de proximité, elles ont toute leur utilité à se mettre au service de la vitalité des territoires et de leurs habitants. Les Caisses régionales structurent et déploient leur filière santé. En lien avec le Comité santé bien vieillir, Crédit Agricole SA, mais aussi Crédit Agricole Assurances, les synergies se nouent pour apporter des réponses collectives aux enjeux, de transformation pour la plupart. L’accompagnement plus largement de l’innovation, requiert coordination et développement de nos propres expertises. Des métiers dédiés se créent dans les Caisses, des start-up du secteur incubent dans nos Villages by CA, les initiatives se multiplient : nous avons les moyens pour créer des écosystèmes aptes à nous faire reconnaître comme un acteur à part entière, un tiers de confiance. Voilà un nouveau terrain d’expression de notre raison d’être. des professionnels de santé, qu’ils soient libéraux ou salariés, des établissements de soins, privés et publics, de la télémédecine,
Philippe Chatain Rapporteur du Comité santé bien vieillir et directeur général de la Caisse Touraine-Poitou
Olivier Desportes Président du Comité santé bien vieillir et de la Caisse des Côtes-d’Armor
On en parle
À la pointe de la tech
De retour de Las Vegas Après une édition 2021 en digital, le plus grand Salon mondial de la tech, le Consu- mer Electronics Show (CES), a rouvert ses portes à Las Vegas, début janvier. Si, en raison de la pandémie, cette saison a été écourtée et marquée par l’absence de constructeurs d’électronique, la moindre fréquentation a favorisé les échanges entre entrepreneurs et investisseurs. Douze start-up du réseau des Villages by CA étaient sur place, dont quatre accompagnées par l’équipe du Village by CA Paris sur le stand de la French Tech venue en force. Vingt-trois entreprises françaises ont été nominées aux Innovation Awards du CES (21 start-up et deux grands groupes). Les six grandes tendances phares ont concerné la healthtech, l’agritech, la planète (Sustainability) , les nouvelles manières de travailler, les villes au service des habitants de la smart city et les moyens de transport de demain.
AddiBizz fait le buzz La Caisse Centre Loire est reconnue par le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance pour son accompagne- ment à la transition numérique des pro- fessionnels et devient «Activateur France Num», grâce aux solutions digitales AddiBizz. Un coach digital (planifica- teur numérique) établit un diagnostic complet de la visibilité du professionnel sur Internet, puis coconstruit la stratégie digitale avec le client pour répondre à ses objectifs. Conçue en mode intrapre- neurial, la solution convainc les clients professionnels issus de tous les sec- teurs d’activité, tout en étant intégrée aux offres monétiques.
Panorama des Fintech du paiement Mi-février, Deloitte et le Village by CA Paris ont présenté le panorama des Fintech du secteur des paiements. Les start-up proposent aux particuliers des services circonscrits à un périmètre restreint, et aux commerçants des solutions de dis- tribution avec une spécialisation par moyen d’acceptation ou canal de distribution. Les innovations sont catégorisées selon trois axes : de rupture (6 %), adjacentes (52 %) et incrémentales (42 %). La démarche d’open innovation est très avancée sur le secteur des paiements. Enfin, les leviers associés aux technologies disruptives (blockchain, IA, biométrie) sont encore peu activés. Retrouvez le panorama sur paris.levillagebyca.com
Les enjeux du tourisme alpin Une nouvelle promotion de start-up bénéficiera, au printemps, d’un programme d’incubation et d’accélération au pôle entrepreneuriat de Savoie Technolac, près de Chambéry, sur les spécificités du tourisme alpin. Ce dispositif, Alpes Tourisme Lab, dédié à l’accompagnement des innovations, est porté par quatre acteurs de l’écosystème du territoire : la French Tech in the Alps-Chambéry, l’incubateur Savoie Technolac de Chambéry Grand-Lac économie, le cluster Montagne et le Village by CA des Savoie.
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39 pour e-RIS ! Le réseau de transmission d’entreprises des Caisses régionales et de LCL, e-RIS, a réalisé 39 opérations en 2021, sameilleure année ! À l’heure du bilan, notons que : 21 Caisses en sont membres par l’inter- médiaire des ingénieurs d’affaires ; les clients agissent dans des secteurs d’activité très variés ; et la valorisation moyenne des opérations progresse (2,2 M€). Pour améliorer sa différenciation, un projet de refonte de l’outil sera lancé cette année ainsi qu’une réflexion sur la taille des opérations. Ça reboise ! L’opération 1 contrat signé = 1 arbre planté, menée par CA Assurances avec Reforest’action depuis trois ans, est un succès: 940934 arbres (à fin 2021) ont été plantés ou régénérés grâce à ce parte- nariat. Depuis janvier 2022, celui-ci est élargi à tous les contrats d’assurance vie. Partenaire engagé La Caisse Sud Méditerranée a dévoilé, fin novembre 2021, son nouveau projet stra- tégique à horizon 2030, «Être un tiers de confiance reconnu et plébiscité par tous, en interne comme en externe, pour six raisons majeures et combinées»: l’excel- lence du service et du conseil délivrés à tous les clients ; l’expérience sociétaires différenciante; l’expérience collaborateurs épanouissante ; les revenus légitimes et la robustesse, socles d’investissement ; la dynamisation des mutations d’avenir territoriales concourant au bien vivre ; et les innovations éthiques. Avec sa nou- velle signature « Partenaire engagé », la Caisse valorise les acteurs de la vie locale, notamment grâce au partenariat noué avec L’Indépendant, à travers une série de podcasts hebdomadaires.
DG : nominations et mobilité Jérôme Hombourger dirige la Caisse régionale Val de France depuis novembre 2021. Il succède à Laurence Renoult qui a pris la tête de l’Inspection générale groupe à Crédit Agricole SA. Après un début de carrière hors Crédit Agricole, Jérôme Hombourger rejoint Eurofactor, en 2000, puis Crédit Agricole SA, en 2006. En 2008, il est directeur animation distribution. Deux ans plus tard, il intègre CA Consumer Finance à la fonction de directeur de l’audit interne avant d’occuper, en 2014, celle de directeur général adjoint groupe. Il est âgé de 55 ans.
Frédéric Baraut a pris la suite de Jean-Christophe Kiren, parti à la retraite, à la Caisse régionale Centre France. Entré à la CNCA en 1993 comme inspecteur auditeur, il rejoint Crédit Agricole SA en 2000 au poste de supervi- seur responsable des missions sur le groupe central, puis responsable de pôle d’inspection en charge des filiales et fonctions centrales de Casa. Nommé DGA en juin 2006, il occupe cette fonction l’année suivante à la Caisse des Côtes-d’Armor, puis à celle de Nord de France. En septembre 2018, il prend la direction du Crédit Agricole Centre Ouest. Il est âgé de 52 ans.
C’est Richard Laborie qui succède donc à Frédéric Baraut à la Caisse du Centre Ouest. Après une brève expérience hors du groupe, il rejoint LCL et son centre d’affaires entreprises de Grenoble en 1993, puis CA CIB en 2002 en tant que Financial Sponsor Group aux États-Unis. De retour en France en 2008, il retrouve LCL : il est tour à tour Senior Banker , directeur de la direction grandes entreprises, secrétaire général banque entreprise et gestion de fortune, puis directeur marchés, conseil et financement. Devenu directeur général adjoint fin 2016, il découvre à ce poste la Caisse des Savoie. Il est âgé de 54 ans.
Le chiffre + de 100000 CLIENTS ACCOMPAGNÉS EN 2021 PAR FACILIT Ce cap symbolique renforce la pertinence du processus dans l’entrée en relation et la fidélisation des clients des Caisses régionales. La qualité de traitement est reconnue par la clientèle, avec un IRC de 56,2 (+ 13 points par rapport à 2020). Depuis sa création, Facilit a accompagné 400000 clients dans leur mobilité entre Caisses régionales.
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On en parle
Conditions de travail Au cœur de l’action
En bref
Début février, 35 Caisses régionales ont participé au job dating national virtuel, organisé par le CFA Difcam et destiné aux étudiants en recherche d’alternance. Fin janvier, la Caisse du Finistère s’est vu remettre le Prix Bronze de l’entreprise engagée pour l’emploi et l’insertion par le Crepi. Le réseau des Crepi (Clubs régionaux d’entreprises partenaires de l’insertion) aide toute personne à trouver un emploi par le biais d’entreprises durablement investies dans leur territoire. À la même période, Nexecur, la société de protection et sécurité du groupe, a obtenu la médaille d’or EcoVadis Moins d’un an après son lancement, l’application Paiement mobile a franchi le million d’inscrits ! Jusqu’à fin février, CAPS a proposé aux Caisses régionales un quiz pour remercier leurs clients et leur a offert la possibilité de leur faire gagner de nombreux lots. Le Crédit Agricole Alsace Vosges est la première banque labellisée Alsace Excellence. Ce label vise à promouvoir l’Alsace et l’excellence de ses entreprises. Un référentiel composé de 29 critères principaux a été mis en place pour s’assurer du niveau atteint sur chacun des piliers : performance économique, éthique sociale et sociétale, et responsabilité environnementale. pour sa démarche RSE. Ce prix reflète la qualité du système de gestion de la RSE de l’entreprise.
Au pupitre, le directeur général du cabinet Plein Sens et animateur de la journée.
Du 8 au 11 février, la Fédération nationale du Crédit Agricole (FNCA) a organisé la quatrième édition des assises de l’Observatoire des conditions de travail. Plus de 800 collaborateurs des Caisses régionales, de Crédit Agricole SA et des entités du groupe, ont participé à distance à l’événement qui avait pour thème la « respon- sabilité en proximité», en cohérence avec le projet humain et les ambitions à dix ans des Caisses régionales. En introduction, Gaëlle Regnard, directrice générale de la FNCA, en a indiqué l’objectif : «Celui d’être pédagogique et concret pour donner à voir», ce qu’a immé- diatement illustré Pascal Demurger, directeur général de la Maif, en partageant ses convictions et ses réalisations autour du management par la confiance. Transformation et coconstruction Puis, lors de la séance intitulée « regards croisés », Hugues Brasseur, directeur général du Crédit Agricole Anjou-Maine, a donné à voir le développement de la responsabilité au sein de sa Caisse : «La volonté de transformer et de réformer l’entreprise en faisant coparticiper et cos’engager toutes les parties prenantes est un exercice de courage, car il faut accepter de partir d’une feuille blanche. » Franck Bertrand, directeur général de la Caisse de Franche-Comté et président de l’Ob- servatoire, en a rappelé sa finalité : «C’est un laboratoire d’innovation sociale qui inspire et soutient les Caisses régionales. » Il s’appuie sur trois principes d’action : «La prévention par l’analyse du travail, le collectif associant toutes les parties prenantes et l’expérimentation grâce aux retours d’expérience», a détaillé Murielle Anweiller, directrice du développement RH à la FNCA. Lors d’ateliers, les équipes des Caisses régionales se sont exprimées sur leurs pratiques et leurs travaux, la flexibilisation de l’organisation du travail, le dévelop- pement de l’innovation sociale, l’accompagnement du changement grâce à l’analyse et à la simulation du travail, etc. «Onze ans après la signature de l’accord de 2011, nous mesurons le chemin par- couru avec les Caisses régionales pour mettre le travail au cœur du sujet de la transformation», a conclu France Villette, DGA en charge des ressources humaines à la FNCA. Un nouvel accord et un troisième plan de travail à l’horizon 2026 ont été signés avec trois organisations syndicales (CFDT, Sneca-CGC et FO) et s’annoncent déjà prometteurs.
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La centrale biomasse de Cacao inaugurée
Mobilité verte En octobre dernier, CAMobility a lancé son offre de location longue durée automobile sous la marque commerciale Agilauto. Cette nouvelle entité spécialisée de CA Consumer Finance et CA Leasing & Fac- toring donne ainsi le coup d’envoi de son activité en France, en phase pilote dans quatre Caisses régionales, puis étendue à tout le réseau, pour des clients particu- liers, professionnels et entreprises. Elle a pour mission de les accompagner dans leur transition énergétique en proposant des voitures à faibles émissions sur un marché en forte progression.
Près d’un an après son lan- cement, la centrale biomasse de Voltalia située à Cacao, sur le territoire de la Caisse Martinique-Guyane , a été inaugurée par la ministre de la Transition écologique, début février. Elle produit environ 5 % de l’électricité du littoral guyanais grâce à la valorisation de résidus de bois provenant d’exploi- tations forestières gérées par l ’Office national des forêts (certification PEFC)
Bienvenue à l’agence de Paris ! L’agence de Paris de la Caisse du Languedoc a rouvert ses portes après trois mois de travaux. Située rue La Boétie, loin de son territoire, elle a été créée en 1992 pour accompagner les clients lozériens qui travaillent dans le secteur des cafés hôtels et restaurants à Paris. Aujourd’hui, l’agence de Paris rassemble près de 1700 clients. Elle rend le même service qu’une agence languedocienne excepté la gestion des dépôts et retraits d’espèces. et de scieries. L’électricité ainsi injectée dans le réseau public sera vendue à un prix inférieur au coût des centrales thermiques existantes. Les cendres issues de la combustion seront mises à disposition des agriculteurs pour amender les sols. La centrale de Cacao a également permis de créer une quarantaine d’emplois indus- triels et forestiers. Le Crédit Agricole la finance à hauteur de 43 % (près de 27 M€) du montant total : Unifergie (16 %), la Caisse régionale (20 %) et LCL (7 %).
Soutenir l’emploi local Afin de soutenir la création et le dévelop- pement des entreprises qui recrutent sur son territoire, la Caisse Sud Rhône Alpes a signé une convention de partenariat avec le groupement Les Mousquetaires dans le cadre d’un dispositif de revitalisation. Ce projet devrait compenser 160 emplois au sein de trois bassins (Val de Drôme, Crestois et Pays de Saillans et Privas Centre Ardèche). L’accompagnement de la Caisse consiste à la mise en place d’un prêt aidé pour les structures créa- trices d’emploi pour un montant global d’un million d’euros sans affectation et sans garantie personnelle du dirigeant.
L’agenda
Le 8 mars, les prix Margaret seront dévoilés au public. Ils mettront en lumière des porteuses de projets numériques pour booster la place des femmes entrepreneurs et intrapreneurs en Europe et en Afrique. Les Caisses régionales, la FNCA, le groupe Crédit Agricole SA, CA-TS, CA-GIP et les Villages by CA sont partenaires de la Journée de la femme digitale qui fêtera sa dixième année d’existence. Le DRH de CA-GIP est membre du jury. Le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la Caisse Atlantique Vendée accueille un gala de bienfaisance au profit de l’association Providenti’elles au sein de son Campus by CA, à Nantes. Providenti’elles est une association nantaise qui lutte contre l’isolement des
femmes. Avec cette action, la Caisse met à profit son écosystème, via son Campus, au service des acteurs et des projets de son territoire. Le 28 avril sera la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail. Les Nations unies porteront l’accent sur les conséquences de la crise sanitaire: le risque de transmission du virus sur les lieux de travail et l’émergence de risques (psychosociaux, violences) pour la sécurité et la santé au travail. Du 15 au 18 juin aura lieu le salon VivaTech. Ce rendez-vous annuel consacré à l’innovation technologique et aux start-up se tiendra au Paris Expo porte de Versailles. Des start-up du réseau des Villages by CA seront bien évidemment présentes.
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Dossier
Filière santé Le Crédit Agricole en forme
L a santé pèse lourd. Le poids socio-économique du secteur en France représente plus de 12 % du PIB et plus de deux millions d’emplois (1) . Le domaine est com- plexe, constitué en silos et marqué dumanque de fluidité entre les secteurs public et privé, ce qui n’a pas permis l’émergence d’une véritable filière. Confrontés à la désertification médicale, aux évolutions sociologiques, aux révolutions technologiques, les établissements de soins et hôpitaux se modernisent et les professionnels se regroupent en communautés, pôles, maisons… selon le projet collectif poursuivi et le territoire d’im- plantation. Leurs métiers, à l’instar de tant d’autres, sont en pleine transformation. La présence des professionnels de santé est essentielle à la vitalité des communes, un constat auquel les élus locaux et les Caisses régionales sont très sensibles. Or, malgré leur maillage, ces dernières ne sont pas les banques vers lesquelles les acteurs de la santé se tournent spontanément. En parallèle des travaux dans le champ du bien vieillir, elles s’attachent désormais à structurer une filière santé, avec l’objectif de devenir le partenaire privilégié des clients et des acteurs de l’écosystème de la santé. Il importe donc de tisser les fils du réseau, de parler le même langage que ces professionnels, dont le milieu est particulièrement codé, de coordonner les expertises entre les marchés et de faire preuve de transversalité. Devenir le tiers de confiance Au sein d’un groupe de travail conjoint avec Crédit Agricole SA, treize Caisses régionales planchent sur quatre chantiers : la communication, tant nationale que régionale, les offres, la distribution et l’innovation – ce dernier étant défini comme prioritaire en 2022 (lire page 11). Concernant les offres, le Crédit Agricole a été la première banque à bénéficier de l’enveloppe de la Banque européenne d’investissement (BEI) d’un montant de 250 M€ consacrée à la santé et accordée en 2020. Une seconde de 400 M€, dédiée à l’installation, devrait être
«Existe-t-il pour l’homme un bien plus précieux que la santé?» Jamais, cette citation de Socrate ne prendra une ride. Au sein du relais de croissance santé bien vieillir, la filière santé se structure pour le bien de tous. En développant les expertises et les synergies du groupe, les Caisses régionales, par leur proximité, ont un terrain à cultiver au service de l’utilité des clients, des territoires et de la société.
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Olivier Desportes Président du Comité santé bien vieillir et de la Caisse des Côtes-d’Armor Le point de vue de…
Territoire
Ille-et-Vilaine : les bienfaits de l’écosystème
La Caisse régionale d’Ille-et-Vilaine a structuré la filière santé et ainsi développé un écosystème. Quand l’accompagnement se décline selon les acteurs et se conjugue à l’expertise… Pour accompagner son territoire dans le domaine de la santé (13 %des emplois, soit 60000 personnes), le Crédit Agricole d’Ille- et-Vilaine a posé, il y a deux ans, les quatre défis du secteur: soutenir lamodernisation des infrastructures hospitalières publiques et privées, accompagner les entreprises et les professionnels de santé dans leurs enjeux de transformation, et soutenir l’in- novation et la recherche. Feuille de route en main, Emmanuelle Auréart a bâti la filière santé et bien vieillir – dont elle est responsable – et développe l’écosystème. Concernant le premier challenge, laCaisse participe déjà au financement du futur Centre hospitalier universitaire de Rennes qui s’achèvera en 2026 et dont le montant global est évalué à 585 M€. Modernisé et restructuré, l’établissement s’inscrira dans la médecine du futur. Accompagner l’innovation dans la santé emprunte, là aussi, quatre voies: lemécé- nat, grâce auquel la Caisse participe à trois fonds de recherche, «ce qui permet de développer nos relations et de les valori- ser»; le capital-investissement représente près du tiers des participations du secteur; le Village by CA Rennes, pour le sourcing des start-up; et le relationnel que génère le partenariat de la Caisse avec le pôle de compétitivité Biotech santé Bretagne. Pour conseiller les professionnels libéraux de santé (PLS), le Crédit Agricole d’Ille-et-
Vilaine dispose au sein dumarché des pro- fessionnels des experts santéd’uneexperte crédit et engagement, de deux conseillers et d’une chargée d’affaires. «Lesmutations du secteur, le regroupement des profes- sionnels de santé et les nouvelles formes d’exercicemédicalméritent qu’une chargée d’affaires leur soit consacrée», explique Emmanuelle Auréart. Le dispositif interne est complété par deux conseillers privés qui gèrent la partie patrimoniale de cette clientèle. Le savoir-être «La technicitédes dossiersn’aglobalement rien de spécifique à la santé, détaille-t-elle. La spécialisation relève plus de l’ordre de la posture, de la recommandation entre pairs et d’une réactivité forte. Nous nous situons plus dans le savoir-être que dans le savoir-faire, ce qui est l’enjeu de la for- mation à venir.» Et ça marche! La Caisse est devenue le premier financeur desmai- sons de santé et pharmacies, est leader auprès des acteursmajeurs (hôpitaux, cli- niques et laboratoires), progresse sur les PLS (+2pointsdepart demarché) et adéve- loppé son PNB de manière significative. «Grâce au réseau, nous avons été informés d’unprojet demaisonde santé. Nous avons rencontré des professionnels auprès des- quels nous avons valorisé notre expertise métier. Nous nous sommes positionnés commeunebanquedeproximitécapablede les accompagner dans tous les aspects de leurprojet, et passeulement de financerdes murs d’unemaison de santé. Et ils ont pro- fité de l’enveloppe BEI. C’est vraiment une belle réalisation dans une zone rurale!»
Créateur de liens tous azimuts
Le Crédit Agricole est légitime à investir le domaine de la santé par son maillage, son expertise et sa clientèle, en moyenne plus âgée que dans les autres établissements bancaires. L’accès aux soins est une préoccupation : des personnes n’ont plus de médecin, car celui-ci est parti à la retraite… La crise sanitaire a rappelé l’urgence du sujet. C’est le moment pour nous d’accélérer. Le Comité santé bien vieillir fait émerger les idées et fédère les bonnes pratiques des Caisses régionales. Celles-ci structurent la filière sous l’animation d’un référent santé. Au Crédit Agricole, notre rôle est de mettre en rapport les personnes entre elles, d’autant plus que nous sommes accessibles à tous et partout, et que nous avons à cœur d’accompagner notre clientèle. L’opération Tous unis pour nos aînés a permis de nouer des relations avec des professionnels et des établissements : ils nous ont découverts et nous les avons mieux cernés. Il est important de capitaliser sur ces contacts pour rendre nos territoires attractifs. Nous pouvons également nous appuyer sur les administrateurs qui sont acteurs de santé, très impliqués sur le terrain. De plus, un noyau de start-up des Villages by CA nous permet d’être présents par l’innovation, ce qui est encore une manière de participer à la filière santé. Enfin, en tant que banque et assurance, nous avons des passerelles à développer. Nous sommes un créateur de liens tous azimuts.
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Dossier
émise en mars. De plus, des Caisses régionales facilitent l’installation des professionnels de santé ou la création d’établissements de soins via des offres spécifiques. Du côté de la monétique et des flux, Santeffi reste un partenaire en matière de e-paiements et étoffe sa gamme d’offres et de services. Pour être la banque référente dans le domaine de la santé, encore faut-il être connu et reconnu comme telle. «Être aux côtés des professionnels de santé, construire les projets en les intégrant à chaque étape: c’est une priorité que nous nous sommes donnée pour devenir un acteur légitime dans cet écosystème de la santé», précise Cyril Camus, coordinateur filière santé groupe à Crédit Agricole SA. En juin 2021, un webinaire organisé en collaboration avec Le Quotidien du médecin sur l’installation en communauté professionnelle territoriale de santé a rencontré un franc succès, ainsi que la parution d’un guide réalisé par Uni-médias (lire ci-dessous). Le levier de différenciation touche à l’expertise dans le réseau qui peut s’organiser autour de trois métiers clés : le responsable de la filière anime l’écosystème et dynamise les ressources de la Caisse ; le conseiller santé travaille l’ensemble de la relation avec les professionnels de santé, en statut libéral ou salarié ; le chargé d’affaires santé s’ancre auprès des structures professionnelles de taille plus importante, notamment les grandes pharmacies, les maisons de santé et les établissements de soins. Ces métiers, à la main des Caisses régionales, requièrent une formation pour mieux connaître leur environnement. Alors qu’un nouveau programme de l’Ifcam devrait démarrer à la fin du premier trimestre, le Crédit Agricole d’Île-de-France développe déjà des modules annexes pour les douze collaborateurs de sa filière. «Selon notre dernière enquête, 37 Caisses régionales ont ou vont déployer une filière au cours de l’année», ajoute Cyril Camus. Les liens se tissent Soucieuses d’accompagner cette clientèle dans tous ses moments de vie, les Caisses multiplient les initiatives. Elles créent des agences dédiées aux professions libérales, constituent un pôle rassemblant les internes, les salariés et les libéraux, nouent des par- tenariats avec les CERP (grossistes répartiteurs au service des pharmaciens), ou encore avec les jeunes professionnels (médecins, anesthésistes réanimateurs, internes, etc.). Du côté du marché patrimonial, des conseillers sont dédiés à cette clientèle exigeante. Des réunions d’information sont prévues sur le développement du patrimoine et la cession/ transmission par exemple. Enfin, pour soutenir le développement de l’e-santé, le Crédit Agricole a des cordes à son arc: le réseau des Villages by CA et ses fonds d’investissement. La télémédecine, boostée par la pandémie, est une nécessité dans les zones dépourvues de médecins: des Caisses participent à l’installation de télécabines de consultation; le Crédit Agricole, via le fonds Supernova, a investi dans la station de consultation à distance de la société H4D, dont un exemplaire équipe le site de Montrouge. Reste à creuser le sillon de l’innovation pour intégrer des services extra-bancaires aux propositions faites aux professionnels de santé. «La filière santé constitue de forts enjeux, riches de sens – client, société et territoire – pour les Caisses régionales, analyse Stéphanie Renault, directrice marchés et clients à la FNCA. L’écosystème de la santé articule la prévention, les soins et le suivi. Et parce que les Caisses régionales sont les banques assureurs mutualistes des territoires, elles ont toute légitimité à investir ce domaine en créant des liens et en déployant les synergies du groupe.» (1) Source Éco/Casa Mon projet de santé Publié mi-2021 par Uni-médias, ce guide détaille, en une quarantaine de pages, les questionnements et démarches que doivent effectuer les professionnels qui souhaitent créer ou rejoindre une structure. Sont développés : les différentes structures dédiées aux professionnels libéraux de santé (la MSP – maison de santé pluriprofessionnelle – y tient une large place) ; pourquoi créer ou rejoindre une structure de santé? ; les étapes à suivre pour élaborer son projet ; les aides prévues pour le financement ; les démarches spécifiques à la MSP; et comment quitter une MSP? Cet outil de référence, distribué par les conseillers bancaires aux professionnels, est un appui certain à de futurs échanges.
MatthieuDubois Dirigeant fondateur d’Hippocrate Developpement L’analyse de…
L’écosystème évolue Cabinet de conseil spécialisé dans les organisations de santé, nous construisons, avec Casa et l’Ifcam un programme de formation dédiée à la filière santé. Il s’agit d’accompagner la montée en compétence des collaborateurs pour qu’ils appréhendent cet environnement et parlent le même langage qu’un professionnel de santé. Nous visons plusieurs objectifs. Le premier est d’acquérir des connaissances et une aisance qui instaurent la confiance et qui permettent de présenter les expertises que le Crédit Agricole peut apporter : se rapprocher de la cible du client est l’une des clés de transformation. Le deuxième est de connaître les parcours de santé. En comprendre la transversalité permet de percevoir comment on peut en animer toutes les branches et de cerner la manière dont le Crédit Agricole peut être utile au marché pour devenir, ainsi, un partenaire des professionnels, des élus, des établissements de santé, des hôpitaux, des cliniques, du secteur médico-social. Le troisième est l’innovation en santé et en e-santé, marquée par l’accélération de la télémédecine lors de la crise sanitaire. La formation abordera la révolution de la santé numérique afin d’en évaluer les conséquences auprès des professionnels de santé. Il s’agit de les accompagner au mieux dans cette transition et pourquoi pas, ensuite, de leur proposer des solutions grâce aux start-up des Villages by CA. L’écosystème des soignants évolue, car nous, usagers du système de santé, le faisons évoluer avec nos objets connectés et nos applications de santé.
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En France, le secteur de la santé Source : Éco/Casa.
Un champ d’interactions Innovation
300 Md€ de produits et services (dont 33 Md€ d’exportation de produits santé), soit 12,3 % du PIB
2,1 M d’emplois, dont 340000 emplois industriels
Docteur Pascale Karila-Cohen, médecin radiologue, à l’origine de l’application Docndoc.
Proposer des solutions innovantes aux clients est unmoyen de se rendre toujours plus utile et de se différencier. L’innovationest unaxe stratégiquededéve- loppement. Différents projets sont en cours dans le cadrede la structurationde la filière santé. Ils concernent aussi bien la valori- sation des pharmacies, réalisée au plus près du terrain grâce à la data, que la télé- consultation pour répondre aux besoins de la patientèle et à la désertificationmédicale. Pour lutter contre cette dernière, le Cré- dit Agricole scrute la jeune entreprise Docndoc. Hébergée au Village by CA Paris jusqu’en 2020, elle est aujourd’hui installée à Caen. Elle propose la première plateforme de «matching» profession- nel entre médecins. Ceux-ci postent une demande de remplacement et reçoivent en retour des propositions de candidats dis- ponibles. Plus de 10000 utilisateurs (35 % des médecins de l’ordre) y sont présents. Si Docndoc permet de trouver un rempla- çant ponctuel, la start-up encourage l’im- plantation pérenne, à conjuguer projets professionnel et personnel. Sa fondatrice partage avec le Crédit Agricole la convic- tion de l’intérêt à revitaliser les territoires. Des atouts majeurs Le réseau des Villages by CA est un formidable réservoir d’interactions : 176 start-up (hébergées et alumni) œuvrent dans le domaine de la santé et
du bien-être. En novembre dernier, un Business Connect santé sur les biotech, medtech et e-santé a généré 75 entretiens. Pour gagner en visibilité et dynamiser les liens avec les partenaires, une nouvelle journée sera bientôt programmée. Nul doute que le sujet des données de santé (utilisation, stockage et intelligence arti- ficielle) sera à l’ordre du jour. D’ores et déjà, des start-upméritent toute l’attention. Medaviz, alumni du Village by CAMorbihan, développe l’e-santé avec des modules adaptés à tous les parcours de soins, dans le respect de la territorialité, afin de faciliter l’accès de tous à la santé. Régulation des soins non programmés, téléexpertise, télésoin, téléconsultation, etc., 9500 praticiens et plus de 300 établis- sements, entreprises et communautés de praticiens ont déjà choisi leurs solutions. Sur les territoires des Caisses Norman- die-Seine et Centre France, la start-up Feelobject a imaginé Virtuoz, un plan tac- tile et sonore qui permet aux personnes malvoyantes ou aveugles de se déplacer de manière autonome dans les bâtiments. À Laval, l’Effet Papillon a, quant à lui, déve- loppé une thérapie numérique, Bliss, qui utilise la réalité virtuelle afin d’atténuer la douleur des patients lors d’actesmédi- caux invasifs: 80 structuresmédicales font déjà confiance à cemédicament numérique approuvé par une étude clinique. Un projet soutenu en 2020 par la Fondation Crédit Agricole Solidarité et Développement !
9,5 Md€ d’investissement en R&D par an (50/50 public/privé)
7 pôles de compétitivité
À savoir Une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) traduit un mode d’organisation et de coordination dans un territoire défini. Elle fédère des professionnels différents et donc des compétences variées permettant d’améliorer l’accès aux soins des usagers et de recentrer l’exercice des professionnels sur leur cœur de métier.
(Source : ministère des Solidarités et de la Santé et MACSF)
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En images
Handicap Un gymnase unique en France L’association châlonnaise de parents et amis de personnes déficientes intellectuelles (ACPEI) a inauguré le gymnase Daniel Royer, fin novembre 2021, à Châlons-en-Champagne, dans la Marne. Dans ce lieu innovant, les lignes du terrain souhaité (basket, badminton, volley, etc.) se dessinent depuis un poste de commande, grâce à un système d’éclairage au sol. Cela évite aux personnes handicapées de confondre les différents tracés. De plus, un mur interactif complète le dispositif. Financé par des fonds publics et privés, dont la Fondation d’entreprise du Crédit Agricole du Nord Est à hauteur de 30000 €, le montant total du projet s’élève à 1,50 M€. Implantée sur le site de l’institut médico-éducatif Le Tremplin, cette installation ouvrira ses portes à d’autres établissements publics de la Ville, écoles et associations sportives.
À chaque terrain son tracé Sous de grandes dalles délimite le terrain selon le sport choisi : basket, volley, futsal, tennis, minihand, badminton, etc. en verre, un système d’éclairage par le sol
Un lieu pour petits et grands Dans ce gymnase high-tech de 600 m 2 , la capacité d’accueil est de 100 pratiquants, quel que soit leur âge.
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Le mur interactif C’est la seconde innovation de cette salle de sport. Le mur interactif réagit aux comportements des joueurs en temps réel, grâce à une caméra qui détecte les mouvements.
Inclusion inversée Ce lieu a pour vocation d’ouvrir ses portes aux établissements scolaires et aux associations sportives de la Ville. L’objectif est de pratiquer «l’inclusion inversée», une pratique du sport partagée entre toutes les personnes, qu’elles soient handicapées ou non.
Apprendre tout en se dépensant Quarante-deux applications de jeux peuvent être projetées sur le mur. Cette innovation favorise l’apprentissage de manière ludique et développe les capacités sensorielles des enfants.
Daniel Royer Âgé de 36 ans, il est l’un des athlètes français les plus médaillés du sport adapté. Il a défendu les couleurs françaises aux Jeux paralympiques d’été de Londres, en 2012. Il œuvre également au sein de l’ACPEI.
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Initiatives
Filière viticole Des formations en réalité virtuelle E-Cab est un simulateur de formation en réalité virtuelle à la conduite de machine à vendanger. Cet outil innovant, doublement récompensé, a été créé par un consortium de Nouvelle-Aquitaine, notamment soutenu par la Caisse Charente-Périgord et Crédit Agricole Assurances. V olant et joystick de commande en main, casque de réalité virtuelle sur la tête, l’élève, plongé dans un environnement 3D réaliste, dirige la vendangeuse au sein d’une parcelle de vigne. Dévers, tangage, hau- être vendangé mécaniquement. Les machines sont utilisées trois semaines par an de manière intensive. Il est donc important de bien savoir s’en servir, et en toute sécurité. Cette formation pour- rait être un service supplémentaire que nous pourrions apporter aux 80 % de nos clients qui en possèdent.»
teur, il apprend à conduire la machine et à acquérir les gestes techniques. Pour la sécurité routière, un exercice sur route, via l’intelligence artificielle, est également proposé. E-Cab est un simulateur de formation en réalité virtuelle à la conduite d’en- gins agricoles pour les écoles, les tiers lieux et les entreprises. Cette innovation est déjà doublement récompensée : elle a reçu la médaille d’or Sitevi Innovation Awards 2021 au Salon inter- national des équipements et savoir-faire pour les productions vigne-vin et le Trophée des solutions innovantes pour la tran- sition numérique des acteurs agro-agri-foresterie du Forum des filières d’excellence et des écosystèmes territoriaux. E-Cab est porté par un consortium néo-aquitain : l’école Agri- CapConduite a conçu la pédagogie, le constructeur de machine à vendanger Grégoire, la société de conseil Shinypix et Studio Nyx le développement du logiciel et son déploiement. Il est soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine, le cluster Inno’vin, la préfecture de Gironde pour le volet sécurité routière, Crédit Agricole Assurances et la Caisse Charente-Périgord. Prévenir les scénarios à risques Grégoire, le constructeur, et Studio Nyx, le développeur, sont clients de la Caisse régionale. Nathalie Vallet, responsable de la filière cognac, s’enthousiasme de cette innovation : «Le vignoble de cognac, qui représente 90000 ha, est structuré de manière à
Soucieux de prévenir les risques métiers, Crédit Agricole Assu- rances, via Pacifica, et la Caisse Charente-Périgord accompagnent E-Cab dans son développement et la conception de nouveaux scé- narios pédagogiques. «C’est un projet ouvert et évolutif, explique Romain Soulié, dirigeant de Studio Nyx. L’objectif est d’intégrer d’autres types de machines et de marques (tracteurs, enjambeurs, remorques, pulvérisateurs, rogneuses, instruments de travail du sol) ainsi que de nouveaux exercices. » Dans un premier temps, le simulateur sera diffusé auprès des lycées agricoles et des mai- sons familiales et rurales. Parallèlement, Studio Nyx développe des capsules pédagogiques destinées aux assurés : une forme complémentaire, moins complète, mais plus rapide et à domicile. Attirer les jeunes Outre sa fonction éducative, le dispositif attire les jeunes lors de salons et accroît l’attractivité du métier. «De nombreuses jeunes femmes découvrent le métier de chauffeur tractoriste grâce au simulateur, dans une filière très peu féminine», témoigne Romain Soulié. En conjuguant formation et attrait, les outils numériques ont de beaux jours devant eux. Studio Nyx porte d’ailleurs le pro- gramme Vinum, au sein de la Fondation Université numérique ingénierie et technologie, qui concerne l’ensemble de la filière agricole, viticole et forestière.
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Hélène Angrand Présidente de la Caisse locale de Friville-Escarbotin Parole d’élue
Digitalisation La gestion des sinistres de l’ADE La filière de gestion des sinistres de l’assurance décès emprunteur (ADE) fait sa mue. Sa digitalisation, au service d’un accompagnement efficace des clients, entraîne une transformation du métier du back-office. D écès, maladie, invalidité, arrêt de travail… les sinistres de l’assurance décès emprunteur (ADE) sont des périodes difficiles de la vie des clients et de leurs proches. La gestion de cette filière nécessitait un sérieux dépoussiérage pour être à la hauteur de l’accompagnement du client et de l’enjeu financier : 700 M€ versés chaque année aux assurés. Une quinzaine de structures de gestion doivent gérer un contexte réglementaire qui permet à l’assuré de changer de contrat chaque année. « À la croisée des piliers client, humain et sociétal du projet du groupe, explique Laurent Bailleux, gérant de l’Adicam, ce projet vise l’expertise des équipes, des outils et des process clients optimisés pour conver- ger vers une solution nationale. » Un environnement de travail transformé Pour y parvenir, le pôle utilisateurs crédits a travaillé avec CA Assurances (CAA) à la refonte du processus de gestion des sinistres ADE. «C’est l’un des derniers processus crédit à être digitalisé», témoigne Aurélie Réocreux, responsable du processus ADE. Fini les armoires pleines de dossiers, les délais à rallonge et des tâches à faible valeur
Des autistes tiennent une épicerie Je travaille avec mon mari dans une charcuterie-traiteur. Situé dans la petite commune de Friville-Escarbotin, dans la Somme, notre commerce propose des produits locaux agricoles et artisanaux. Présidente de la Caisse locale de la même ville, j’ai à cœur de valoriser des projets du territoire de l’emploi, du handicap, etc. Soutenir la création d’une épicerie solidaire, à Mers-les-Bains, tenue par les adultes autistes de l’association les Maisons de Vincent, s’inscrit dans ce sens. Ouverte début octobre, l’épicerie de Jeannot, lieu de vente et d’accueil, participe à mettre en valeur les produits biologiques locaux, frais et de saison du territoire tout en permettant aux résidents d’exercer une activité salariée. Ils conseillent les clients et s’occupent du réapprovisionnement des produits, sous l’œil bienveillant de leurs éducateurs et du gérant de la boutique. Une belle façon de les intégrer petit à petit à la vie sociale! La Maison de Vincent accueille six personnes atteintes d’autisme qui vivent au-dessus de l’épicerie. Ce projet solidaire est soutenu à hauteur de 5000 € par la Caisse locale et de 35000 € par la Fondation Crédit Agricole Brie Picardie: une preuve de notre engagement et de notre travail quotidien en faveur des hommes et des femmes de notre territoire. que ce soit dans les domaines de l’économie, de l’agriculture,
ajoutée pour les collaborateurs du back-office. Désormais, un outil communautaire améliore le pilotage et l’organisation de l’acti- vité. Le client voit le délai de prise en charge considérablement rac- courci et reçoit par mail ou SMS des informations sur l’évolution de son dossier. Les documents de santé digita- lisés sont strictement encadrés par le Règlement de la protection des données. «À la Caisse, cela représente 1500 dossiers d’ar- rêt de travail », témoigne Sophie Ousset, au Crédit Agricole du Languedoc. À terme, le conseil- ler pourra visualiser l’avance- ment du dossier sans passer par le back-office. «Les équipes se
sont fortement mobilisées pour remettre en question leurs pratiques et recréer une culture collective», poursuit-elle en se félicitant d’une relation de meilleure qualité avec les clients, d’une plus grande efficacité dans l’analyse des dossiers, tout étant capable d’absorber une hausse des volumes due à une assurance plus couvrante qu’auparavant. «L’accueil est très positif, développe Aurélie Réocreux. Cent vingt salariés assurent la gestion des sinistres emprunteurs au sein des Caisses : ce travail effectué dans l’ombre est porteur d’enjeux financiers et d’image importants. » «L’adhésion forte de leur part est un signe de confiance, renchérit Philippe Rebout, directeur des opé- rations France au sein de la BU prévoyance ADE de CAA . La montée en compétence des collaborateurs est un facteur clé de la réussite de ce projet qui conjugue santé, société et réglementation.»
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Initiatives
Sociétariat Les coups de cœur Solidarité jeunes Sur la plateforme J’aime mon territoire by CA, les internautes ont élu six projets coups de cœur Solidarité jeunes, en novembre dernier. Ce concours, organisé lors des semaines du sociétariat qui ont fait des jeunes leur grande cause mutualiste 2021, avait pour objectif de récompenser les associations œuvrant dans les domaines de l’emploi, de l’éducation et de l’accompagnement social. Les lauréats ont reçu une aide financière afin d’encourager leurs actions. Découvrez leurs projets.
ACCOMPAGNEMENT
SOCIAL
Favoriser l’inclusion numérique
Direction l’île de La Réunion. Au lycée du Verger, à Saint-Denis, la Maison des lycéens souhaite financer des ordinateurs et deux imprimantes pour les étudiants de première et deuxième années de BTS assurance. Ce projet concerne 52 élèves dont certains n’ont pas les moyens de s’équiper en matériel informatique. La Maison des lycéens est une association qui permet aux adhérents, lycéens et étudiants, de réaliser différents projets et actions qui favorisent l’apprentissage de l’autonomie et de la responsabilité. Ces actions peuvent être de nature culturelle, humanitaire ou éducative.
D ans les Côtes-d’Armor, au cœur du village d’Évran, les petites mains de l’atelier de l’asso- ciation Pignons sur Roue offrent une seconde vie à des vélos condamnés à la benne. En un an, plus de 400 bicyclettes sont passées entre les mains expertes de quatre bénévoles de l’association. Une fois remises à neuf, elles sont ensuite revendues sur les marchés ou À bicyclette !
via des partenaires locaux, à un prix situé entre 15 et 50 euros. La cible ? Les scolaires, les étudiants ou encore les jeunes actifs. L’objectif de ce projet est simple: faire connaître l’association auprès des jeunes défavorisés du terri- toire pour qu’ils puissent bénéficier d’un mode de déplacement et promouvoir l’usage de la bicyclette comme moyen de locomotion à part entière.
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EMPLOI
Lutter contre le décrochage scolaire A u lycée Notre-Dame-du-Mur – Le Porsmeur à Morlaix, dans le Finistère, la Mission d’insertion des jeunes de l’enseignement catholique accompagne les élèves en décrochage
scolaire via son dispositif d’accueil «alter- natives lycée». Aujourd’hui, le projet de l’association est de s’allier à l’hôpital de Morlaix pour étendre ce dispositif aux jeunes hospitalisés et/ou en suivi psy- chiatrique souhaitant poursuivre leur scolarisation au lycée professionnel ou général. Des ateliers sur la santé men- tale, dispensés par des psychologues, éducateurs, associations, etc., seront
mis en place pour favoriser l’adaptation et l’évolution en milieu scolaire. Des outils spécifiques et pédagogiques pour les jeunes seront également déployés.
Éduca’bus, un accompagnement mobile Au Crédit Agricole Sud Rhône Alpes, c’est le projet de l’association Dépann’familles qui a été retenu. La structure souhaite renforcer son action en ouvrant des lieux dédiés à l’accompagnement éducatif des enfants ou jeunes adultes en situation de handicap: un atelier au centre de Grenoble et un Éduca’bus aménagé pour accueillir les enfants en dehors de l’agglomération. Ils auront accès à des activités diversifiées – cognitives, multisensorielles, créatives, permettant à chacun d’avancer à son rythme. Après des années de fonctionnement, Dépann’familles cherche donc à intervenir hors du lieu familial avec tout un choix d’outils pédagogiques.
ÉDUCATION
À Sorbiers, sur le territoire du Crédit Agricole Loire Haute-Loire, l’asso- ciation Vert’Autis agit en faveur de l’insertion professionnelle des personnes autistes. Créée en 2019, elle propose des stages de deux à trois semaines minimum dans le milieu de l’aménagement et de l’entretien des espaces verts : tonte, éla- gage, plantation, etc. L’association adapte le temps de travail de ses stagiaires pour qu’ils puissent bénéficier d’un parcours personnalisé. Aujourd’hui, elle travaille également avec des structures locales spécialisées dans les troubles autistiques, comme les instituts médicaux éducatifs ou les établissements et service d’aide par le travail. Quand insertion rime avec plantation
Du côté de Figeac, en région Occitanie, le territoire concentre plus des deux tiers des emplois liés à l’aéronautique en France. Cependant, le recrutement dans les entreprises liées à ce secteur reste encore difficile. Dans ce contexte, la Maison des lycéens a imaginé un atelier scientifique à destination d’une vingtaine de jeunes. L’objectif ? Les initier au monde de l’aéronautique et de ses métiers. Grâce à des cours multidisciplinaires dispensés sur la mécanique de vol, la sécurité aérienne, la météorologie ou encore la navigation, les élèves pourront ensuite passer leur brevet d’initiation aéronautique. Ils concevront également un simulateur de vol. Un projet soutenu par la Caisse régionale Nord Midi-Pyrénées. Aéronautique : créer des vocations
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