CA Magazine n°179

Dossier

des solutions proposées par des start-up. La France est en pointe en matière d’innovation sociale. Alors, comment le Crédit Agricole attire et retient-il les talents? Exemple avec la ligne métier SI. Stéphanie Bonnivert, DRH transformation digitale à Crédit Agricole SA, en dresse le constat. Celle-ci rassemble 11100 collaborateurs dans le groupe. Dans les métiers de l’IT, du digital et de la data selon plusieurs études externes, 73 % des talents pensent changer de poste d’ici deux à trois ans en raison du manque d’opportunités pour apprendre. Et 85 % des métiers de 2035 n’existent pas encore, la durée de vie des compétences est aujourd’hui de dix-huit mois contre trente en 1987. La moitié des talents considèrent les valeurs d’une entreprise (diversité, inclusion, RSE) avant de s’engager. Dans ce marché très volatil et concurrentiel, le Crédit Agricole a des atouts. Le groupe propose plus de 300 métiers différents et vient de lancer l’académie du SI et du digital pour informer et regrouper la communauté et favoriser un apprentissage entre pairs. Il organisera le 31 mai un événement pour attirer et recruter, en s’ouvrant à un public très large et en permettant aux entités recruteuses de partager un vivier commun. En effet, près de 1000 ETP devraient être intégrés d’ici à 2025 pour soutenir l'ambition technologique du groupe. Toujours pour répondre aux attentes de personnalisation de la part des clients, de sens pour les collaborateurs et de l’entreprise confrontée à un environnement qui change toujours plus vite, la Caisse Alpes Provence met de « l’agile » dans ses rouages. Telle est la mission d’Arthur Mellerio, directeur transformation et expérience client, qui témoigne de cette innovation managériale: rassembler au sein d’une équipe pluridis ciplinaire (squad) ceux qui travaillent sur un même sujet. Il en souligne les tentatives, les réticences, les avancées, les succès… pour être demain plus performant parce que « nous n’avons pas le choix ! ». Dialogue dépaysant entre le banquier et la podcasteuse Que peut l’innovation en matière de souveraineté alimentaire ? Beaucoup. Ce sujet stratégique est le thème d’un appel à solutions réalisé par la FNCA (lire Crédit Agricole magazine n° 178). Il est également l’objet d’un dialogue entre deux passionnés, Arnaud Rey, expert innovation agri-agro à Casa, et Louise Lesparre, formatrice et fondatrice du podcast La Clé des champs. Tout d’abord, l’innovation peut participer à valoriser le métier d’agriculteur alors que la moitié d’entre eux sera en âge de partir à la retraite dans les dix prochaines années. En phase avec les attentes d’une génération entrepreneuriale en quête de sens, ce métier a besoin d’une communication positive et réaliste au risque de déconnecter à jamais les consommateurs de la réalité des champs. Les technologies rendent le travail moins pénible et plus efficace, permettent également de dégager du temps, mais les agriculteurs doivent être accompagnés dans la digitalisation et les change ments de pratique. Du côté de l’alimentation durable, l’utilisation des images satellite et des data per mettent d’augmenter les rendements et de réduire les intrants. Mais comment les utilise-t-on, les finance-t-on? Et quand les injonctions paradoxales, voire contradic toires, se combinent à une réglementation inadaptée, des start-up préfèrent traverser l’Atlantique pour arriver plus vite sur le marché, par exemple dans le cas des solutions de biocontrôle… Enfin, pour pérenniser l’exploitation, et rendre le métier moins risqué, l’assurance récoltes a été revue – sujet sur lequel le Crédit Agricole s’est fortement impliqué. Aujourd’hui, le thème de la gestion de l’eau est centré dans le débat public sur les retenues de substitution, alors que par ailleurs de nombreuses entreprises innovantes proposent des solutions pour améliorer la gestion de l’irrigation. La conclusion est sans appel et probablement méconnue: qui est le premier accélé rateur en matière d’innovation agricole en France avec le réseau des Villages by CA? L’un des premiers investisseurs dans les start-up de l’innovation agricole? Le premier partenaire de l’innovation agricole? Le Crédit Agricole! « Cela donne beaucoup de fierté, conclut le directeur général de la FNCA. C’est la capacité à mettre ensemble qui permet aux projets de passer à l’échelle et de les amplifier en s’appuyant sur la puissance du groupe et du collectif. » Alors, ce seront des « inventions réussies »: sa définition de l’innovation. n

Alexandre Stourbe Directeur général de l’association Le Lab RH Le point de vue...

Unpays très innovant dans lesRH Depuis deux décennies, des bouleversements liés à la révolution de l’information impactent les organisations et l’état d’esprit avec lequel la jeune génération aborde le monde du travail, en quête de sens et de héros inspirants. En s’appuyant sur leurs attentes, des start-up proposent des solutions pour faciliter la vie des collaborateurs lors de quatre grandes étapes que nous distinguons. Dans la phase de recrutement, elles aident à personnaliser l’expérience du candidat, en le projetant dans l’entreprise et en réinventant le processus de recrutement. Puis vient la période d’engagement des salariés. Ici, il s’agit de soigner l’intégration d’un embauché, de solliciter l’avis des salariés et de les laisser s’exprimer, de donner du sens en s’appuyant sur la RSE. Ensuite, pour développer les compétences, des start-up accompagnent le salarié dans la conception de son parcours professionnel, de son apprentissage permanent et favorisent l’évaluation de la performance en la décorrélant de l’aspect financier. Enfin, en matière de qualité de vie au travail, il est proposé de prendre soin des salariés et de réinventer le travail à distance. Si la moitié de la fonction des ressources humaines n’est pas digitalisée au regard du tissu économique constitué de petites entreprises, il s’avère que la France est un pays très innovant en matière sociale, en raison d’une réglementation très contraignante.

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Crédit Agricole Magazine n°179

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