+ de Pep's n°35

7

Faites taire votre ego L’ego est une constructionmentale, un leurre: il vous ressasse que vous êtes infatigable, incollable, imbattable… Il fonctionne dans une logique de “tout ou rien”, s’ancre dans un sentiment de toute-puissance et vous enferme dans le déni de votre vraie personnalité. Sous son emprise, vous ne lâchez rien. L’ego est une carapace destinée à vous protéger… mais de quoi? De votre peur viscérale de vous sentir insigni ante, vulnérable, indigne d’être aimée? De la terreur archaïque de l’abandon? Pourtant, pour être en paix avec le monde, il vous faut d’abord être en paix avec vous-même en portant un regard lucide sur ce que vous êtes. Plus vous prendrez conscience de vos failles et de vos manques, moins vous en aurez peur, et plus vous oserez être vous-même. Enmontrant le visage humain qui se cache sous l’armure de l’ego, vous serez peut-être moins admirée, moins enviée, mais tellement plus appréciée et respectée.

NOTRE EXPERTE

« Il nous faut accepter la frustration » La question d’accepter nos limites est plus que jamais d’actualité. En effet, nous vivons dans une société qui nourrit et prolonge le stade infantile de la toute puissance, où l’on confond désir et réalité. Aujourd’hui, la chirurgie repousse nos limites d’âge et de sexe, la technologie abolit les limites de temps et d’espace. Dans une certainemesure, c’est formidable de pouvoir repousser les limites. Mais ça déracine l’Homme de ses conditions d’existence dans un espace et un temps limités. Cela l’incite à une fuite en avant vers un fantasme de contrôle absolu, permanent, une sorte de “pathologie de l’idéal”. Accepter ses limites, c’est cesser de vivre dans cette illusion de toute puissance, pour se donner le droit de vivre dans la réalité de nos capacités et de ce qui est en notre pouvoir. Si on n’accepte pas ses limites, on s’épuise à rechercher vainement la perfection, on est éternellement déçu et en colère, on est dans le déni de ses vrais besoins. Cela conduit à la blessure, à lamaladie, au burn out, à la dépression. On a besoin de lâcher prise. C’est un terme un peu galvaudé, mais lâcher prise, cela signifie cesser de vouloir tout contrôler, accepter que certaines choses nous échappent. L’impermanence, l’imperfection et l’incertitude sont les trois piliers de l’existence. C’est en les acceptant qu’on peut construire sa vie. Marie-EstelleDupont psychologue clinicienne, psychothérapeute, auteure de Se libérer de son Moi toxique (Larousse, 2017).

DÉCIDEZDE FAIRE CONFIANCE Que ce soit au travail ou à lamaison,

qu’on leur en laisse l’occasion. Laissez une place à l’autre, donnez lui l’occasion de révéler son potentiel. Et ce, même si c’est di cile, car il vous faut descendre de votre piédestal et abandonner votre position de pouvoir absolu. Pourtant, vous n'avez rien à gagner à jouer lesWonder Woman. Apprenez à déléguer au lieu de vous forcer au-delà de ce qui est possible, au risque de vous casser en deux.

chacun compte sur vous: c’est vous qui décidez, gérez, sans rien laisser au hasard. Votre énergie, vos compétences semblent illimitées. Et si vous alliez vous détendre deux jours à l’hôtel, à ne vous préoccuper de rien? Téléphone interdit: pas question de piloter les autres à distance! Faites-leur con ance, ils sont capables de prendre les choses enmain… pour peu

CESSEZ DE VOUS COMPARER Vous voudriez être aussi belle que Cécile, aussi intelligente qu’Emma, aussi drôle queNathalie, avoir l’élégance de Carmen et autant de succès que Stéphanie… Et vous, vous êtes où dans tout ça?Qui êtes-vous? La comparaison systématique vous place dans un esprit de compétition qui engendre frustration, jalousie, sentiment d’insu sance… C’est un poison qui vous empêche de vous accepter telle que vous êtes. Bien sûr, enfant, c’est en vous comparant à desmodèles que vous avez progressé. Mais une fois dessiné votre propre chemin, inutile de regarder sans cesse à gauche et à droite pour véri er où en sont les autres: ce n‘est pas un concours! Chacune de nous a ses forces et ses faiblesses, comme une vague a ses crêtes et ses creux, qui se complètent, s’équilibrent. L’essentiel est de rester attentive à soi-même. INSPIREZ-VOUSDE LASAGESSE BOUDDHISTE « Personne ne peut diriger le vent, mais on peut apprendre à ajuster les voiles » , dit un proverbe bouddhiste. Autrement dit, refuser la réalité vous entraîne dans une lutte perdue d’avance. L’accepter permet de continuer à avancer en concentrant ses e orts sur ce qui est à votre portée, ce que vous avez lesmoyens de faire évoluer. Pour les bouddhistes, l’acceptation ne signi e pas la résignation, mais l’humilité. Si on a l’humilité d’accepter nos limites, on peut s’y adapter, garder con ance en cas d’échec, rebondir, faire de nouvelles tentatives. Bref, on peut continuer de s’améliorer.