+ de Pep's n°35

se faire plaisir 14

Ces dépôts-ventes o rent une seconde vie aux objets voués au rebut et se transforment aussi en lieu de rencontres. Ils font du bien à la planète et à ses habitants. Par AliceKerguelen V inyls, verres, pelotes de laine, tout un tas de bri coles à 1 euro envahit les allées de la Ressourcerie créative des Grands-Voisins, à Paris. Badauds Le jour où… j’ai ouvert une ressourcerie

l’observatoire du Réseau national des ressourceries, on en recense aujourd’hui 160, qui accueillent 1,5 million de clients chaque année. D’après une étude du Refer, le réseau francilien, on pourrait en ouvrir bien plus, 2 500, soit une pour 25000 habitants. Et l’idée de monter une de ces structures dans l’air du temps titille de plus en plus de candidats. C’est un vrai challenge, car il s’agit de payer la location des locaux et quelques employés en vendant des objets à bas prix. Offrir un futur à des meubles, fripes, bibelots, réfrigérateurs ou armoires récupérés demande de la bonne volonté et beaucoup de bras. Il faut collecter les objets, les trier, les nettoyer, les étiqueter, puis les mettre en rayon de sorte qu’ils soient visibles et attractifs : le stock doit tourner vite. Se “débarrasser” de ce débarras est l’un des objectifs : « Chaque ressourcerie est un labo ratoire. Qu’est-ce qu’on va faire de ces vieux livres, de ces vinyles, de ces textiles? Va-t-on les broyer pour les donner à une association de couturières ou s’en servir comme des chiffons? Il faut toujours imaginer des solutions locales, on en discute dans le réseau. C’est passionnant, les déchets » , explique Sébastien Pichot, vice-président du Réseau natio nal des ressourceries et responsable de la ressourcerie du Pont au Vigan, dans les Cévennes.

et touristes explorent le bric-à-brac et boivent un verre au café avant de s’inscrire à l’atelier créatif du samedi. Beaucoup cherchent ici la bonne affaire, la robe presque jamais portée ou la poussette en bon état à 10 euros. Mais donner une seconde vie à des objets est aussi un geste militant : il faut arrêter d’acheter toujours du neuf. « On est foutus, on jette trop ! » , si l’on s’inspire du refrain de Papa Mambo, célèbre chanson d’Alain Souchon, car un tiers des encombrants termine enfoui dans le sol de France. Le réemploi est une solution simple et évidente, bien plus que le recyclage qui récupère des éléments ou matériaux réutilisables après des processus coûteux. Les ressourceries remettent dans le circuit vêtements, vaisselle et meubles délaissés par leurs propriétaires. Elles ont deux autres objectifs : entretenir le lien social, en ouvrant des cafés, des restaurants, et sensibiliser à l’environnement. Et ça marche ! En 2017, les 300 tonnes de déchets collectées par chaque ressourcerie ont trouvé repreneur à 90 %. Et elles pourraient faire mieux, si elles étaient plus nombreuses. Selon le rapport 2018 de

MASKOT / GETTYIMAGES - ORELIE GRIMALDI

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