+ de Pep's n°35

des fourmis 130 dans les jambes

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1_Christophe Pint-Girardot, agent de l’ONF chargé de l’accueil du public. 2 et 3_Dans l’Esterel, les véhicules sont autorisés sur 40 kmde routes. Des circuits  ont été aménagés pour les VTT (100 km), les chevaux (100 km) et lesmarcheurs (40 km). On a aussi le droit de  lézarder sur les calanques…

4_ EntreSaint-Raphaël et Mandelieu,  la corniche d’Or est  l’une des belles routes de cette  Provence, dont elle déroule les  tentations. Plages, calanques et criques nichées au sein des  roches rouges de l’Esterel  répondent au bleu des eaux

de lamer Méditerranée.  Ici, panorama sur la pointe du cap Roux, à Agay.

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Une cathédraleminérale Les chevaux poursuivent leur montée vers un belvédère. La chaleur émise par la terre exhale les senteurs capiteuses du maquis. Il nous faut parfois saisir la crinière de la monture et nous tenir en équilibre au-dessus de la selle mais nos e orts sont récompensés par la vue panoramique sur l’inté rieur du massif et ses formations sculpturales. Au premier plan, la barre du Rastel, impressionnante épine rocheuse, semble éduquer le regard à la beauté des paysages de pierre. Plus loin, le cap Roux ressemble à une cathédrale minérale avec sa crête ocre, hérissée de colonnes veillant sur la forêt méditerranéenne. C’est sur l’un de ses sen tiers que nous cheminons aux côtés de Christophe Pint- Girardot, agent de l’O ce national des forêts (ONF), chargé de l’accueil du public. « J’aime l’imbrication des arbres et de la roche rouge qui rend le paysage de l’Esterel si singulier. “Este rel”, cela signi e stérile. Mais regardez comme les arbres se sont adaptés à ce milieu et poussent avec des formes éton nantes. » Autour des pierriers, véritables coulées rocheuses qui émaillent la forêt, de grands arbres se dressent, désal térés par l’eau emprisonnée dans les cailloux. Une trilogie de pins, maritimes-d’Alep-parasols, et des chênes-lièges à l’épaisse carapace dévalent les pentes escarpées vers la mer. « La forêt domaniale couvre 6000 des 32000 hec tares du massif de l’Esterel. Jusque dans les années 1960, le boisement était exploité pour ses pins maritimes ; puis la cochenille a provoqué leur dépérissement. C’est à cette

époque aussi que les grands incendies sont devenusmoins fréquents » , explique le forestier. Et ce, grâce au débrous saillage et à l’entretien des pistes, menés par l’ONF et les auxiliaires de la Protection de la forêt méditerranéenne (rattachés à la préfecture). « Nous intervenons aussi sur des feux naissants, en coordonnant les patrouilles de la préfec ture porteuses d’eau, selon les indications des pompiers. » En 2017, les hommes ont circonscrit un incendie sur 1,5 hectare près de la calanque de Saint-Barthélemy, mais des dizaines d’hectares ont brûlé sur la commune de Fréjus. La montagne, un refuge Le feu était aussi là, aux origines : le massif est né d’une éruption volcanique, il y a 250 millions d’années. « On retrouve la roche rouge de l’Esterel, la rhyolite amarante, en Corse, dans les calanques de Piana et à Scandola. À l’ère pri maire, la Corse, la Sardaigne et la Provence cristalline étaient réunies; elles ont été séparées par les bouleversements tec toniques qui suivirent la formation desAlpes » , éclaire encore Christophe Pint-Girardot. Une histoire mouvementée qui comprend aussi, plus récemment, la présence de bandits et d’évadés du bagne de Toulon: ils trouvèrent refuge dans les cavités et vallons sombres dumassif. L’hôte le plus célèbre de ces lieux reculés est sans doute saint Honorat, ermite de la grotte de la Sainte-Baume, au cap Roux. Au V e siècle, il partit fonder l’abbaye de Lérins sur une île, au large de Cannes, qu’il contemplait depuis les hauteurs de l’Esterel.

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