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se faire plaisir 20
L’art soigne ! Pratiquer une discipline artistique permet de se sentir vivant et de guérir de nombreux tourments, lorsqu’on est accompagné par un professionnel compétent. Par AliceKerguelen A 54 ans, Armelle prend enfin de la distance avec des traumatismes anciens. Les pin- ceaux et papiers à dessin de ses séances Le jour où… j’ai découvert l’art-thérapie
duire qu’à la réalisation finale. En peinture, par exemple, il va observer comment le participant attrape le pin- ceau, s’il caresse ou gratte le papier, etc. Petit à petit, en donnant forme à ce qu’elle porte en elle, la personne va exprimer ses problèmes. Ses défenses baissent, les zones d’ombre apparaissent. « C’est la stratégie du détour. On n’approche pas là où ça brûle, mais on ne lui tourne pas le dos » , explique le psychiatre Jean-Pierre Klein. Cette approche subtile, ce “mine de rien”, fait merveille lorsque les mots se dérobent. Les témoignages font apparaître le plaisir de se sentir vivant, et conscient de ressources intérieures inutilisées jusqu’alors. Chacun se souvient de cemoment où il a touché au cœur de son tourment, où des larmes ont libéré un flot d’émotions. La reconversion tente de nombreux participants, bluffés par l’efficacité de ces thérapies. Mais la profession d’art-thérapeute est exigeante. Il faut d’abord maîtriser une discipline artistique. Il faut ensuite posséder de solides bases en psychologie pour sécuriser le consultant et lui offrir un espace de créativité où il ne sera pas jugé. L’essentiel consiste à rester à la bonne distance jusqu’au moment où il devient évident que, selon les mots de Georges Braque, « l’art est une blessure qui devient lumière » .
mensuelles d’art-thérapie sont plus efficaces, dit-elle, que ses années de psychanalyse. Pourtant, au début, la peur de “mal faire” a freiné cette professeure d’Arts plastiques. Mais l’art-thérapeute lui a fait comprendre que “faire beau n’est pas le but”. « En me laissant m’expri- mer sur la toile sans jugement, en sollicitant mes cinq sens, elle m’a permis d’aller où je ne voulais pas. Ce dialogue avec la création que je porte en moi me reconstruit. » Même si l’art-thérapeute est un artiste, une séance avec elle ou lui n’est pas un atelier d’art : on n’y occupe pas agréa- blement son temps libre, on n’y acquiert pas de tech- nique, on ne veut pas produire quelque chose de joli. Le but est d’engager ce processus de création qui permet d’exprimer ce qui fait mal et qu’on cache au plus pro- fond. En 1942, le peintre anglais Adrian Hill, hospita- lisé dans un sanatorium, constatait ainsi : « Un esprit créateur satisfait favorise la guérison. » L’art-thérapeute utilise donc toutes sortes de médiums – théâtre, danse, sculpture – et toutes sortes de matériaux : papier kraft, sable, fil de fer… Il s’intéresse autant à la façon de pro-
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