VMAG PEPS
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L a bienveillance est un leitmotiv dans les discours des coachs, des DRH et des politiques. Elle serait la clé pour résoudre tout ce qui cloche. Le sésame pour effacer les malheurs du monde et booster la motivation. Pas question d’épou- ser cette vision dans le seul but de s’acheter une bonne conscience ou de se faire valoir. Non, il s’agit de mobiliser cette compétence réelle qui permet de créer un lien sincère et durable avec les autres. La bien- veillance est un joli sentiment qui bonifie et rend heureux : il accroît la qualité de la relation, tout en rédui- sant le niveau de stress. Un signe d’intelligence « Entre souhait (désirer le bien de l’autre), volonté (vouloir le bien de l’autre) et devoir moral (d’huma- nité), l’attitude bienveillante, signe d’intelligence, consiste surtout à agir pour que l’autre s’épanouisse dans sa santé, sa vie professionnelle et personnelle » , résume l’ex-médecin urgentiste, Philippe Rodet. Avec l’obligation d’en prendre lesmoyens : répondre à des besoins fondamen- taux, donner une sécurité psycholo- gique pour oser, capter les signaux faibles… « Ce n’est pas une bonne volonté, mais une volonté bonne » , insiste le médecin, qui est désor- mais consultant en entreprise. Quant à la psychologue Rébecca Shankland, elle décrit dans ses tra- vaux quels sont les trois piliers de la bienveillance : 1 L’autonomie. L’autre reste acteur de sa vie, de ses choix. 2 Le sentiment de compétence. L’autre se sent valorisé, maître de soi et de ses actions. 3 Le sentiment de proximité relationnelle. L’autre se sent compris et accepté dans ce qu’il est.
Le “bienveilleur” de son côté se sent “à la bonne place, au bon moment”, pour écouter, soutenir, encourager et apaiser. En cela, la bienveillance est à distinguer de la bonté et de la générosité.
faire Des efforts pour aller vers l’autre
Prendre sur soi, ajuster ses propos, détecter les besoins ou les envies, calibrer le travail, saisir la difficulté… « La bienveillance nécessite des efforts. Attention donc à ne pas se laisser embarquer par un ressenti négatif, colère, rejet, lassitude… nocifs pour soi et l’autre ! » , précise le Dr Rodet. L’essentiel consiste à susciter plus d’émotions positives que négatives, car ces dernières seront davantage mémorisées que les premières. La neuropsychologue américaine Barbara Fredrickson a démontré que, pour s’épanouir, l’être humain devait éprouver au moins trois émotions positives pour une émotion négative. Dès lors, veillez à être équitable, avec vos enfants, dans une équipe de travail, au club de foot. Efforcez-vous de compli- menter, avant de pointer le négatif et les progrès à réaliser. Apprenez à vous rendre disponible pour accueil- lir la tristesse ou l’enthousiasme de l’enfant, l’ami, le collègue. Accordez à autrui le droit de se tromper, de manquer de tonus… Le retour émo- tionnel sera puissant : se sentir un bon chef, un bon parent, un cama- rade fraternel est valorisant.
offrir son aide, un vrai “shoot de bien-être”
Aider son voisin à por ter une valise, covoiturer un inconnu en temps de grèves, épauler un col- lègue en retard… Ces petits gestes créent un cercle vertueux d’émo- tions positives. Ils permettent de se
TARA MOORE / GETTYIMAGES
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