Une banque tournée vers l'avenir

Publication animée

UNE BANQUE TOURNÉE VERS L’AVENIR Histoire(s) du Crédit Agricole Centre France ALLIER I CANTAL I CORRÈZE I CREUSE I PUY-DE-DÔME

UNE BANQUE TOURNÉE VERS L’AVENIR Histoire(s) du Crédit Agricole Centre France ALLIER I CANTAL I CORRÈZE I CREUSE I PUY-DE-DÔME

Une banque tournée vers l’avenir

Siège du Crédit Agricole

Centre France, Puy-de-Dôme

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Préface

En 2023, nous célébrons les 20 ans de notre Caisse Régionale sous sa forme actuelle. Vingt ans d’actions au service de notre territoire et de ses multiples acteurs, durant lesquels nous avons été portés par une ambition : nous rendre utiles. Vingt ans d’engagements quotidiens qui nous ont permis de conquérir une place de choix dans la vie et le cœur des habitants de l’Allier, du Cantal, de la Corrèze, de la Creuse et du Puy-de-Dôme, cinq départements dans lesquels le Crédit Agricole Centre France est enraciné depuis toujours. Nous avons voulumarquer cette date anniversaire en revenant sur une aventure qui fut de bout en bout exaltante. Une aventure qui prend sa source bien avant 2003, à l’orée du siècle dernier, quand naît le Crédit Agricole et, avec lui, unmodèle coopératif et mutualiste promis à un bel avenir. Une aventure collective, qui amobilisé non seulement notre communauté interne – unissant dans unmême élan élus et salariés – mais également nos sociétaires et clients, nos partenaires, et quantité d’autres personnes ou organisations qui ont partagé nos préoccupations, nourri nos réflexions, facilité nos initiatives, accompagné nos évolutions et contribué à nos innovations. Ainsi est né ce livre. Il témoigne du chemin parcouru et rend hommage aux artisans de notre histoire. Mais il n’est pas qu’un livre d’histoire. Comme le disait Victor Hugo : « L’avenir est une porte, le passé en est la clé. » C’est pourquoi nous sommes convaincus que dans ces pages, il y a aussi ce que tous ensemble, nous allons construire demain.

Chantal Debost, Présidente

Frédéric Baraut, Directeur Général

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Une banque tournée vers l’avenir

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Sommaire

Sommaire

1904 - 2003 Retour aux sources

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Unir nos forces

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Affirmer notre modèle mutualiste

2003 - 2023 Un leader bancaire enmouvement pour ses clients et la société 57 Agir dans l’intérêt des clients 58 Agir dans l’intérêt de la société 90

2023… Écrivons ensemble la suite de l’histoire

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Chronologie

Pans-de-Travassac, Corrèze

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Vue depuis le puy de la Tâche, Puy-de-Dôme

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1904

Retour aux sources

2003

2023

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Unir nos forces

Les plus anciens collaborateurs et administrateurs du Crédit Agricole Centre France s’en souviennent certainement, de même que nombre de clients et de personnalités locales : la banque a fêté cinq fois ses 100 ans, ou plus exactement, elle a fêté les 100 ans de chacune de ses cinq caisses « ancêtres ». Des anniversaires toujours placés sous le signe de la convivialité et de la bonne humeur, conjuguant évocations du siècle passé, spectacles et repas gastronomiques, qui ont fait la joie des milliers de participants présents.

Commune de Coudes, Puy-de Dôme

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1904 - 2003 Retour aux sources

1930 - 1948

Évolution du logo du Crédit Agricole de 1930 à aujourd'hui

La première fois, c’était lors d’une soirée organisée le 14 juin 2004 au Zénith d’Auvergne, dans le Puy-de Dôme. La deuxième, le 15 septembre 2005 au Parc des expositions deMoulins, dans l’Allier. La troisième enCreuse, le 9 septembre 2006, à la salle polyvalente puis auHall de l’agriculture de Guéret. Laquatrième, toujours en 2006, mais le 16 novembre en Corrèze, à l’Espace des Trois Provinces de Brive. La cinquième, dans le Cantal, au Prisme d’Aurillac. Cinq moments forts donc, pour célébrer non pas un centenaire à proprement parler, mais le centenaire de toutes les Caisses Régionales « ancêtres » qui ont donné nais sance à celle d’aujourd’hui. Pour raconter l’histoire du Crédit Agricole Centre France, il faut remonter le temps avant même l’an née 1904, jusqu’au milieu du XIX e siècle. À l’époque en France, le système bancaire n’est pas adapté au monde paysan. Si les agriculteurs veulent dévelop per leur activité, il ne leur est pas possible de trou ver d’autres concours financiers que les aides de leurs proches ou les prêts de bailleurs de fonds qui pratiquent souvent des taux usuraires. Cette situa tion désastreuse pour l’avenir du secteur mobilise le syndicalisme agricole, appuyé par les pouvoirs publics. Progressivement émerge dans le pays l’idée de sociétés contrôlées par les paysans eux-mêmes pour financer l’agriculture. L’idée se concrétise en 1885 à Salins, dans le Jura, avec la création de la société de Crédit Agricole de l’arrondissement de Poligny. Cette première Caisse Locale a le statut de syndicat. Mais c’est la loi du 6 novembre 1894, Naissance du Crédit Agricole

1948 - 1959

1959 - 1971

1971 - 1987

1987 - aujourd'hui

portée par le président du Conseil – longtemps ministre de l’Agriculture – Jules Méline, qui dote officiellement le monde paysan d’un instrument bancaire. Elle autorise la constitution de Caisses Locales et leur donne un statut de sociétés coopé ratives. Leur champ d’action est limité au monde agricole et elles ne peuvent prêter qu’à leurs socié taires. Le Crédit Agricole est né. Des Caisses Locales sont créées dès cette année-là et leur nombre va croissant. En 1899, elles sont encouragées à se fé dérer avec le vote, le 31 mars, d’une loi instituant la création de Caisses Régionales de Crédit Agricole Mutuel. Il ne s’agit pas encore de véritables banques, plutôt de relais entre les Caisses Régionales et l’État. La loi porte rapidement ses fruits : l’année même de sa promulgation, neuf Caisses Régionales voient le jour. Quand éclate la Première Guerre mondiale, il en existe déjà une centaine.

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L’apparition d’un nouveau modèlemutualiste

Le temps des fondations

Avec les caisses de Crédit Agricole apparaît un mo dèle socio-économique inédit : une forme de crédit décentralisé à caractère coopératif et mutualiste, bâti sur la solidarité et l’engagement au service de tous. Les caisses fondent leur développement sur des sociétaires et non des actionnaires, ce qui leur donne d’emblée un rapport différent au profit. Elles sont régies par trois principes fondamentaux : les versements doivent être effectués par les socié taires solidairement responsables ; les prêts sont consentis à titre personnel ; un sociétaire égal une voix, quel que soit le nombre de parts sociales qu’il détient. L’arrivée de leur nouvelle banque est une véritable révolution culturelle pour des agriculteurs traditionnellement individualistes et peu enclins à s’endetter. Au début, il faut d’ailleurs que les notables se mobilisent pour les convaincre de l’utiliser. Cela explique que, durant les premières décennies, une partie des dirigeants du Crédit Agricole, sur le plan local comme à l’échelle nationale, aient été choisis justement parmi les notables.

La très grande majorité des Caisses Régionales de Crédit Agricole ont été fondées avant 1908. C’est le cas de celles apparues dans le centre de la France. La première est créée le 21 octobre 1904 dans le Puy-de-Dôme, à Clermont-Ferrand. Elle est d’abord présidée par François Huguet, puis par l’avocat François Christophle, qui est aussi président de la Société départementale d’horticulture, deviticulture et de recherche agronomique. Le 1 er septembre 1905, la Caisse Régionale Bourbonnaise naît dans l’Allier, à Moulins, à l’initiative de Louis Dupont, un profes seur d’agriculture. Il en sera le premier directeur, la présidence allant au maire de Tronget, Émile Echégut. Le 18 mai 1906, la Caisse Régionale de la Creuse est créée à Guéret. Elle démarre ses activi tés sous la présidence de Philippe Mallet. Quelques mois plus tard, le 3 octobre, à Tulle, c’est au tour de la Corrèze de se doter d’une Caisse Régionale de CréditAgricole. Elle aussi est fondée à l’initiative d’un professeur d’agriculture, Paulin Gillin, qui en prend ladirection. Pendant plusieurs années, elle serapré sidée par un médecin, Jean-Baptiste Pouloux. Enfin, le 15 juin 1907, la Caisse Régionale du Cantal voit le jour à Aurillac. Son premier président est un ancien négociant en fromages et vins, administrateur de la Banque de France, Émile Gaillard.

Louis Dupont, Président-

secrétaire-trésorier de la Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel Bourbonnaise de 1905 à 1923

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1904 - 2003 Retour aux sources

Agence du Crédit Agricole, dans les années 1960

Le temps de l’expansion

riode : ils sont 46 en 1962, 119 en 1968, 306 en 1976 ! Toutefois, l’essor des caisses dépend aussi du contexte local et elles doivent ainsi composer avec des réalités différentes. Elles ne se développent donc pas au même rythme et n’affichent pas les mêmes performances. Juste avant les fusions, celles du Puy de-Dôme et de la Creuse occupent respectivement les 16 e et 88 e rangs des Caisses Régionales de Crédit Agricole pour l’importance de leur bilan. Deuxième banque auvergnate, la Caisse Régionale Bourbon naise affiche une belle santé, tandis que celle du Can tal figure parmi les meilleures en France, détenant la première place pour la collecte et la deuxième pour le crédit. Quoi qu’il en soit, à elles toutes, elles font progressivement du Crédit Agricole une banque de référence dans le centre de la France.

Les cinq caisses « ancêtres » du Crédit Agricole Centre France vont ensuite se développer au fil d’une histoire nationale riche en événements. Une histoire marquée notamment par la modernisation de l’agriculture, l’industrialisation et l’urbanisation, deux guerres et une crise économique mondiales, sans oublier la période de prospérité que connaît la majorité du pays entre 1945 et 1975, qui restera comme celle des Trente Glorieuses. La croissance des Caisses Régionales de Crédit Agricole est portée par celle du Groupe dans son ensemble. Après être rapidement devenue un partenaire pri vilégié des agriculteurs, la « Banque verte » connaît un essor significatif dans l’entre-deux-guerres avant d’entamer dès les années 1960 un dévelop pement continu de ses activités. Toutes les caisses « ancêtres » de la Caisse Régionale Centre France s’inscrivent dans cette dynamique, comme l’illustre par exemple l’augmentation rapide du nombre d’employés de celle de Corrèze pendant cette pé

Médailles des Caisses Régionales de la Creuse et du Bourbonnais

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Maison Mantin, ville de Moulins, Allier

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Le temps de l’union

L’objectif est de faire émerger des entités mieux di mensionnées, plus solides et rentables, qui mettent leurs forces en commun, capitalisent sur leurs atouts respectifs et leurs complémentarités pour accélé rer leur essor. Les fusions semblent nécessaires et elles commencent au Crédit Agricole bien avant la publication de la charte, puis se multiplient à un rythme rapide. Entre 1988 et 1995, le nombre de Caisses Régionales passe ainsi de 94 à 60, puis continue à diminuer pour arriver aux 39 qui composent actuellement le réseau. Chaque rapprochement est réalisé sur la base de valeurs mutualistes communes et d’une vision partagée : celle d’une grande banque régio nale opérant sur un territoire homogène auprès de clientèles diversifiées, avec l’appui de Caisses Locales dynamiques, en utilisant des moyens multipliés par la convergence informatique et la mise en commun des compétences et des fonds propres.

À partir du milieu des années 1980, une vague de fusions transforme le paysage bancaire. Ces rap prochements s’opèrent dans un contexte de concur rence accrue, pour permettre aux établissements de conforter leur assise et favoriser leurdéveloppement. La Caisse Nationale de Crédit Agricole encourage alors les Caisses Régionales à se regrouper, allant jusqu’à élaborer en 1994 une « charte des fusions ».

Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel Bourbonnaise, 1979

Ancien siège social de la Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel de Corrèze

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Caisse Regionale de Credit Agricole Mutuel du Puy-de-Dome, agence des Salins 1979

Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel de la Creuse, 1979

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Les pionniers de la fusion

La première fusion a justement lieu dans le Massif central entre deux caisses « ancêtres » du Crédit Agricole Centre France : celles du Puy-de-Dôme et de la Creuse. Elle est actée officiellement le 11 juil let 1988, après avoir reçu l’approbation des socié taires réunis en assemblée générale extraordinaire. Mais elle a été préparée bien en amont. Bonjour la Creuse ! salue en une le dixième numéro de Chro nicam , le magazine interne de la Caisse Régionale du Puy-de-Dôme, paru à la fin de l’année 1986. En pages intérieures, les lecteurs découvrent un dos sier complet sur la caissevoisine et future partenaire. Le systèmemis en place pour réunir les deuxbanques est original. Dans chaque département concerné, les Caisses Locales (le Puy-de-Dôme en compte 36, la Creuse 31) ont adhéré à une Caisse Locale à voca tion départementale, qui s’est substituée à la Caisse Régionale originelle. Ces caisses ont ensuite été re groupées en une Caisse Régionale unique, dotée du statut type des Caisses Régionales de CréditAgricole. À l’époque de la fusion, la Caisse Régionale de la Creuse est dirigée par Roland Combier et prési dée par Bernard Pignot, puis par Pierre Crouteix, qui lui succède en 1988. Dans le Puy-de-Dôme, le Président de la Caisse Régionale est Gaston Force (voir encadré page 17) et le Directeur Général, Pierre Bastide (voir encadré page 18) . Tous deux restent en poste pour diriger la nouvelle entité, qui prend le nom de Caisse Régionale du Puy-de-Dôme et de la Creuse. C’est la première banque du Massif central et l’une des plus grandes Caisses Régionales de Crédit Agricole en France. Trait d’union entre l’Auvergne et le Limousin, elle dispose d’un réseau de 90 agences permanentes et rassemble un collectif mutualiste de 81 000 sociétaires, 770 administra teurs et 1 160 salariés.

Chronicam, le magazine interne de la Caisse Régionale du Puy-de-Dôme

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Argentat-sur-Dordogne, Corrèze

Toujours plus unis

D’autres rapprochements vont suivre cette union ini tiale, les équipes du Crédit Agricole ayant à cœur de continuer à construire ensemble. Et les enjeux sont multiples. Fairegrandir labanqueest ungagede réus site car cela signifie desmarchés élargis, desmoyens confortés, davantage d’efficacité, de compétitivité, de réactivité et de performance. Labanqueygagne aussi plus de latitude pourdévelopper l’expertise, l’innova tion, les synergies internes, et ainsi étoffer sa gamme de produits et services afin de répondre toujours mieux aux besoins de ses clients. Le tout, en restant ancrée sur le terrain grâce à une structure souple visant à conserver un véritable pouvoir de décision local. Le 29 mars 1991, laCaisse Régionale du Puy-de Dôme et de la Creuse fusionne donc avec la Caisse Régionale Bourbonnaise, présidée à l’époque par MauriceBaquier (voir encadré page 19) et dirigée par Jacques Joly, Directeur Général. L’opération donne naissance auCréditAgricoleCentre France « premier du nom », présent dans trois départements et dont le siège est à Clermont-Ferrand. Maurice Baquier

en devient co-Président aux côtés de Gaston Force, tandis que Pierre Bastide reste Directeur Général. Le 24 mai 1995, une troisième fusion est actée avec la Caisse Régionale de Corrèze. Àcet instant, celle-ci est présidée par Marcel Orliange, qui vient de suc céder à Jean-Marie Dauzier (voir encadré page 20) , sa direction générale étant assurée par Jean-Claude Thévenot. La nouvelle entité garde le nom de Cré dit Agricole Centre France et conserve la même équipe de direction. Avec ses 87 Caisses Locales, ses 135 agences, ses 2 000 salariés et ses 55 000 clients, elle est désormais incontournable en Auvergne et dans le Limousin. C’est la troisième plus importante Caisse Régionale de Crédit Agricole et la cinquième banque régionale française.

Marcel Orliange, Président de la Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel de Corrèze de 1993 à 1995

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NOTRE H

ILAMARQUÉ

ISTOIRE

Gaston Force : cet agriculteur, né en 1927, a d’abord été élu administrateur (en 1971), puis Président (en 1979) de la Caisse Régionale de Crédit Agricole du Puy-de

Dôme. En 1988, quand celle-ci a fusionné avec la Caisse Régionale de la Creuse, il a pris la présidence de la nouvelle entité. En 1991, la Caisse Régionale du Puy-de-Dôme et de la Creuse s’est rapprochée de celle de l'Allier, que présidait à l’époque Maurice Baquier. Aux côtés de ces derniers, Gaston Force est alors devenu co-Président du Crédit Agricole Centre France « premier du nom », un poste qu’il occupera jusqu’en 1995. Il s’est également engagé à l’extérieur du Crédit Agricole, occupant notamment les fonctions de Président du centre de développement agricole du Livradois-Forez et de vice-Président de la coopérative d’Agnelles des Dômes. En 1979, il a été promu officier du Mérite agricole et chevalier de l’ordre national du Mérite.

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NOTRE H

ILAMARQUÉ

ISTOIRE

Pierre Bastide : Aveyronnais d’origine, titulaire d’une formation

économique et juridique, il a commencé sa carrière dans la coopération agricole à Paris, au Synocopac. En 1967, il est entré à laCaisse Régionale de Crédit Agricole du Puy-de-Dôme. Il l’a quittée en 1978 pour devenir directeur deGroupama, avant d’y revenir en 1984 comme Directeur Général. Il va conserver ce poste à laCaisse Régionale du Puy-de-Dôme et de laCreuse de 1988 à 1991, puis au Crédit Agricole Centre France jusqu’en 2004. En complément de son engagement régional, il a pris des responsabilités nationales au sein du Crédit Agricole. Il a notamment créé, en 1990, Pacifica, la compagnie d’assurances dommages du Groupe, qu’il a présidée jusqu’en 2000. Précurseur du rapprochement entre Caisses Régionales, il fut membre de la Fédération nationale à partir de 1986 avant d’en devenir le secrétaire général de 1999 à 2003. À ce titre, il a largement contribué aux grandes évolutions qui ont marqué le Crédit Agricole à cette époque, de lamutualisation de la Caisse Nationale aux opérations de croissance externe (avec, par exemple Indosuez, dont il fut administrateur), en passant par la réforme financière interne, la cotation de Casa sans oublier la création de Pacifica. En 2004, il a été promu officier de la Légion d’honneur. Le point d’orgue d’un parcours très riche, mis au service d’un territoire auquel il est resté profondément attaché toute sa vie : l’Auvergne et le Limousin.

La Lettre du Crédit Agricole , édition spéciale, février 1992

Une grande banque pour une grande région

Pour voir émerger le Crédit Agricole Centre France que l’on connaît aujourd’hui, il faut cependant attendre le 16 juin 2003. À cette date est en effet offi cialisée une quatrième fusion avec la Caisse Régionale du Cantal, que dirige Marcel Château (voir encadrépage 23) auxcôtés duPrésidentAndréJanot. Présentée comme une anticipation sur l’avenir, cette fusion entre deux entités proches aussi bien géogra phiquement que culturellement obéit à la même lo gique que les précédentes. Il s’agit une fois encore de prendre « unnouvel élanpourgagner » enconsolidant le rôle du Crédit Agricole dans le Massif central. De fait, après ce rapprochement, laCaisseRégionale em ploie près de 2 400 salariés et mobilise 1 708 admi nistrateurs. Présente dans cinq départements, elle évolue sur un marché de 1 450 000 habitants et ac compagne850 000clients, dont 770 000particuliers.

Solide, elle affiche 15,3 milliards d’euros d’encours de collecte, 7 milliards d’euros d’encours de crédit, 723 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 1,5 milliard de fonds propres, un PNB de 417 millions d’euros et un résultat de 114 millions d’euros.

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Des rapprochements par étapes

pour ces emplois ? Enfin, il y a la phase de mise en œuvre du rapprochement. Elle passe par un dialogue social fourni, de multiples démarches juridiques et ré glementaires, laproductiond’unecomptabilitéunique, une fusionbancaire (qui débouchenotamment surune nouvelle numérotation des comptes), une nouvelle ré partition des compétences, des transferts d’activités et des évolutions de tâches, une convergence infor matique et une harmonisation des procédures. Sans oublierunvolet essentiel duprocessus : unecampagne d’informationpouraccompagner lechangement, aussi bien en interne qu’en externe.

Toutes les fusions à l’origine de la création de l’ac tuel Crédit Agricole Centre France se sont déroulées selon les mêmes étapes. Elles sont le fruit d’un long travail préparatoire destiné à impliquer et mobiliser l’ensemble des parties prenantes. Ces consultations aboutissent à lasignatured’unprotocoled’accordpuis au vote constitutif du nouvel ensemble en assemblées générales. Le processus de fusion démarre toujours par un état des lieux préalable des forces en présence. Undiagnosticcomplet est réalisé, portant surdifférents aspects :marchés, clients, réseaux, risques, opérations bancaires, moyens généraux, processus de sécurité et de contrôle, gestion des crédits, de la communication et des ressourceshumaines, ouencoreorganisationde chaqueCaisseRégionaleconcernée. Puisvient laphase de conception du futur ensemble. Elle suppose de ré pondre à des questions cruciales. Par exemple, quelle structure pour ce domaine d’activité ? Quels effectifs pour cette fonction ?Quelle localisation géographique

Méandre de Queuille, Puy-de-Dôme

NOTRE H

ILAMARQUÉ

ISTOIRE

Maurice Baquier : né en 1940, cet exploitant agricole est devenu en 1971 administrateur de laCaisse Locale deCrédit Agricole deMoulins, dans l’Allier.

Unan plus tard, il a été éluau conseil d’administration de laCaisseRégionaleBourbonnaise, qu’il aprésidée de 1979à 1991. Après le rapprochement avec laCaisseRégionale duPuy-de-Dôme et de laCreuse, il coprésida avecGaston Force, jusqu’en 1988, leCrédit AgricoleCentre France « premier du nom ». Il a également exercé des fonctions nationales au sein duCrédit Agricole (il siégeapar exemple à la commission de politique financière et bancaire de laFédération nationale) et a représenté leGroupe, notamment auConseil économique et social d’Auvergne. Il a été promu commandeur duMérite agricole en 1996, officier de l’ordre national duMérite en 2007 et a reçu la Légion d’honneur en 2000.

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Des moments uniques

Si la démarche de fusion est très balisée sur le plan opérationnel, ces rapprochements sont d’abord des chantiers humain et sociologique, donc desmoments uniques par leur contexte, leurs acteurs, leurs enjeux et leur rythme. C’est d’autant plus vrai que les équipes impliquées ne se donnent jamais de règle absolue pour les concevoir et les mettre en œuvre. Parfois, elles s’appuient sur des procédures, approches et outils entièrement nouveaux pour les Caisses Ré gionales « ancêtres » du Crédit Agricole Centre France : ce sera souvent le cas pour l’informatique, par exemple. Parfois, elles décident au contraire de conserver ce qui est déjà en vigueur dans l’une ou l’autre caisse « ancêtre », parce que cela leur pa raît adapté aux futurs défis à relever. L’expérience acquise lors des fusions précédentes a beaucoup d'importance. Une chose est certaine : les fusions

Les thermes de Vichy, Allier

entraînent toujours une complète remise en cause collective. Car il s’agit, pour leurs artisans, de trou ver un nouvel équilibre au service d’une ambition partagée. Avec ce que cela suppose d’inquiétudes et de difficultés à surmonter, mais aussi d’enrichis sements et d’occasions de se surpasser, pour in fine faire progresser toute l’entreprise au service de ses clients et sociétaires.

NOTRE H

ILAMARQUÉ

ISTOIRE

Jean-Marie Dauzier : ingénieur agronome et inspecteur de l’économie nationale, ceCorrézien né en 1926àCornil, (commune dont il deviendra lemaire)

a exercé au cours de sa longue et riche carrière diverses fonctions au service de l’État et dans le secteur privé. Il anotamment été chargé demissionau cabinet duministre de l’Agriculture en 1969 et 1970, employé du groupe Tardivat et Président-Directeur Général de laCompagnie française de l’énergie. Àpartir de 1970, il aprésidé laCaisse Locale deCrédit Agricole de Tulle et siégé au conseil d’administration de laCaisseRégionale deCorrèze, dont il fut Président de 1972à 1982. Il a également occupé des responsabilités au sein duGroupe, notamment comme secrétaire général puis Directeur Général adjoint de laCaisseNationale deCrédit Agricole.

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Le viaduc de Garabit, Cantal

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Domaine de la Chaux de Revel, Cantal

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Marcel Château : né en 1942àChambéry et diplômé de l’École supérieure de commerce de Lyon, il adémarré sa carrière auCrédit Agricole des Savoie comme chef

de service. Il l’a ensuite poursuivie dans les Caisses Régionales deMartinique, de l’Aube et de laHaute-Marne, puis dans celle duCantal, dont il est devenuDirecteur Général en 1994. Il fut l’un des artisans de la fusion de 2003, année durant laquelle il a exercé les fonctions deDirecteur délégué duCrédit AgricoleCentre France. Également engagé sur le plan national pour leCrédit Agricole, il apar exemple représenté leGroupe dans la société « L’esprit Cantal ». Il a reçu plusieurs distinctions durant sa carrière : il fut promu officier duMérite agricole en 1996, chevalier des Palmes académiques en 2002 et chevalier de l’ordre national duMérite en 2003.

Lac de Vassivière, Creuse

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La forteresse de Hérisson dans l’Allier, haut lieu de l’histoire des Bourbons

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Affirmer notre modèle mutualiste Aux sources du Crédit Agricole Centre France, il y a donc les fusions successives de cinq caisses « ancêtres » opérant dans des départements voisins qui décident d’unir leurs forces. Mais pas seulement : l’histoire de la Caisse Régionale, c’est également l’affirmation, à l’échelle d’un territoire progressivement élargi, d’un modèle singulier à forte valeur ajoutée qui lui permet progressivement de s’imposer comme un acteur majeur sur son marché .

La banque des agriculteurs

Entre le début du XIX e siècle, période à laquelle elles sont fondées, et le milieu des années 1980, quand s’ouvre l’époque des fusions, les Caisses Régionales implantées dans l’Allier, leCantal, laCorrèze, laCreuse et le Puy-de-Dôme se métamorphosent. Un change ment radical, étroitement lié à la transformation du Crédit Agricole. Banque au service des paysans à sa création, le modèle va d’abord s’adapter à leurs be soins, puis élargir son champ de compétences jusqu’à devenir ce qu’il est aujourd’hui : une banque univer selle de proximité accompagnant tous les acteurs territoriaux. L’élargissement est progressif. D’abord cantonnées aux prêts à court terme des agriculteurs, les Caisses Régionales de CréditAgricole sont autori sées en 1906àprêterauxcoopératives et auxcollecti vités agricoles.Àpartirde 1910, elles peuvent financer non seulement les récoltes, mais aussi le capital et les investissements, leur champ d’intervention étant étendu aux prêts individuels à long terme. Dans les années qui suivent, des prêts spéciaux voient le jour pour financer l’achat de bétail et de matériel, voire soutenir les jeunes agriculteurs.

Cahier Caisse Régionale Puy-de-Dôme, 1930

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La banque de la ruralité et des ménages

La loi-cadre du 5 août 1920 marque une nouvelle étape en permettant l’ouverture de prêts aux pe tits artisans ruraux. Trois ans plus tard, le Crédit Agricole est autorisé à financer les équipements collectifs dans le cadre de l’électrification rurale. En 1936, autre tournant : le Front populaire crée l’Office du blé. Le Crédit Agricole se voit confier la gestion des avances aux coopératives et celle des mouvements de fonds vers les producteurs de cé réales. Ceux-ci ouvrent des comptes de dépôt à vue dans les Caisses Régionales et viennent y « tou cher leur blé ». Après la Seconde Guerre mondiale, le Crédit Agricole renforce son engagement pour aider les exploitants à relancer leur activité, ralentis sant l’exode rural. En 1959, les prêts des Caisses Ré gionales cessent d’être strictement professionnels : le décret du 8 juin les autorise à prêter à quiconque veut acheter une résidence principale enmilieu rural (notion qui sera élargie en 1971 et 1979). Résultat ?Au début des années 1960, le CréditAgricole commence à accompagner aussi les ménages et va même s’im poser comme la première banque du logement en France. D’autant qu’en 1966, une réforme bancaire l’autorise à distribuer les mêmes produits que les autres banques, dont le compte épargne logement lancé en 1967 par les pouvoirs publics pour soutenir une politique d’envergure dans ce domaine.

L’ouverture continue

L’agriculture continue d’occuper une place importante dans le Puy-de-Dôme

La décennie suivante est marquée par l’apparition en 1979 d’une nouvelle catégorie d’emprunteurs aux côtés des sociétaires : les usagers. Trois ans plus tard, en 1982, les financements duCréditAgricole s’ouvrent aux petites et moyennes entreprises, puis en 1985 aux professionnels en milieu urbain. Le décret du 20 février 1991 parachève cette ouverture progres sive en consacrant le Crédit Agricole comme une banque universelle, apte à financer toutes les entre prises et les professions sur l’ensemble du territoire. Une banque qui, progressivement, s’attache aussi une nouvelle clientèle : des particuliers installés en zones urbaines ou périurbaines et évoluant dans toutes les catégories sociales, y compris les plus mo destes. 1991 est également la première année d’activité de Pacifica. Cette filiale du Crédit Agri cole, initiée par Pierre Bastide, Directeur Géné ral de Crédit Agricole Centre France, spécialisée dans l’assurance dommages complète l’action de Predica, créée par le Groupe en 1986 et dédiée à l’assurance-vie. Avant Pacifica et Predica, le Crédit Agricole s’était déjà doté d’une première filiale dans un autre domaine : le marché des industries agroali mentaires. Bien d’autres vont suivre.

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Agences du Crédit Agricole, dans les années 1970, 1980 et 1990

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Des offres qui font date

compte-service CA, le nouveau chéquier, la garantie accidents de la vie, l’assurance homme clé, la télé surveillance, le prêt à taux zéro pour les achats im mobiliers, les cartes Monéo, Sesam-Vitale pour les professionnels de santé, l’assurance caution pour les prêts immobiliers, l’offre « tout en main auto », la prévoyance des particuliers, des initiatives pour soutenir l’investissement des collectivités locales, des solutions de financement pour les hôpitaux… C’est en somme le journal de bord d’une banque qui s’engage pour tous les acteurs de son territoire. Et avec succès ! En 1997, le Crédit Agricole Centre France prouve qu’il est devenu la banque des ménages en faisant souscrire le 200 000 e prêt immobilier à taux zéro. Celui-ci crée l’événement en Auvergne puisqu’il est accordé à des clients de l’agence de Combronde, dans le Puy-de-Dôme : un jeune couple au nom prédestiné – Batisse ! – qui peut ainsi mener à bien un projet de construction à Riom. La remise de ce prêt très symbolique se fait àMoulins, le 12 mai 1997, en présence du Premier ministre de l’époque, Alain Juppé, et de Pierre-André Périssol, maire de Mou lins et ministre délégué au Logement.

L’élargissement de son champ d’action conduit le Crédit Agricole à lancer sur le marché de nouveaux produits et services afin de répondre aux besoins d’une clientèle de plus en plus vaste et diversifiée. Le Groupe va souvent jouer les pionniers en tirant parti de certains moteurs d’expansion comme l’obli gation, à partir de 1965, de régler par chèque l’achat d’animaux dans les foires, la mensualisation des sa laires ou la création de zones de rénovation rurales. Certaines de ses innovations feront date. En 1942, il imagine ainsi ce qui sera un outil de développe ment essentiel pendant plusieurs décennies : le bon à cinq ans, simple, rémunérateur et anonyme, qui permet de financer les prêts auxagriculteurs. En 1967, en diffusant largement le compte chèque (dont le nombre passe de deux à cinq millions entre 1969 et 1970), il invente labanque demasse et démocratise le service bancaire. En 1969, il crée Épargne-Unie, sa première Sicav, puis en 1978 la carte verte, une carte à puce qui rencontre un succès immédiat. En 1993, 7,6 millions de cartes sont en circulation, utili sées chez 150 000 commerçants et dans 4 780 auto mates. Les années 1990 voient ensuite triompher le plan d’épargne populaire (PEP) du Crédit Agricole. En 1992, deux ans après son lancement, il affiche un taux de pénétration record (43 %) sur un marché pourtant très concurrentiel.

Bon à cinq ans du Crédit Agricole de la Creuse

Une gamme toujours plus large

Le journal interne du Crédit Agricole Centre France entre 1988 et 2003, époque des fusions, témoigne de cette évolution. On peut y lire des articles sur des sujets aussi divers que la carte bancaire, le

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Site du Crédit Agricole Centre France de Corrèze, 2022

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La banque des jeunes

Affiche publicitaire pour la promotion de la carte Mozaïc

L’ouverture progressive du Crédit Agricole et sa stratégie de développement l’incitent à choyer très tôt une catégorie de clients avec lesquels il entend tisser des liens privilégiés : les 12-25 ans, acteurs de demain que toutes les banques s’arrachent. Le Crédit Agricole ne fait pas exception et déploie une politique active sur ce marché. Cela se concrétise notamment par le lancement d’offres spécifiques comme le duo Mozaïc : un livret jeune couplé à une carte de retrait et de paiement, qui donnent droit à de multiples avantages sous forme de services et de réductions diverses. Les Caisses Régionales prennent également des initiatives extra-bancaires, dans l’objectif d’aider les jeunes à préparer leur ave nir. Elles signent par exemple des conventions de partenariat avec des établissements scolaires et par ticipent à des événements sur la formation et l’inser tion professionnelle. En 1996, année du lancement de Mozaïc (qu’il commercialise), le Crédit Agricole Centre France « deuxième du nom » est ainsi la seule banque présente au Salon de l’orientation, de la formation et des métiers lancée par le Conseil général de l’Allier.

à destination des 12-25 ans, 1990

Des expertises renforcées

Afin de se développer et de s’imposer face à ses concurrents en tant que banque universelle, le Crédit Agricole Centre France, et avant lui ses caisses « ancêtres », ne va pas seulement élargir sa palette d’offres : il va enrichir ses compétences et étoffer ses moyens d’action, ajoutant au fil des ans de nom

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Banque privée Blatin, Clermont-Ferrand Puy-de-Dôme

breuses cordes à son arc. Les illustrations de cette stratégie ne manquent pas. En 1984, par exemple, le Crédit Agricole du Puy-de-Dôme se réorganise par marchés. Est alors créée une unité pour les entre prises, dont la « ligne de front » est constituée de trois services dédiés respectivement aux grandes entre prises, aux PME-PMI et aux opérations internatio nales. En 1987, alors que les Français se sont décou vert une véritable passion pour la corbeille du palais Brongniart, la Caisse Régionale du Puy-de-Dôme et de la Creuse se dote d’un service « animation titres bourse Sicav ». Fin 1991, le journal interne – toujours lui ! - du Crédit Agricole Centre France « premier du

nom » présente à ses lecteurs une équipe de spé cialistes dont l’action complète celle du réseau : le personnel de l’agence Blatin àClermont-Ferrand, qui accompagne les professions libérales. Plus tard, en mai 1994, c’est l’unité de financement des ménages, « royaume des prêts aux particuliers », qui est mise en vedette. En 1997, le Crédit Agricole Centre France « deuxième du nom » renforce ses expertises, mais cette fois par croissance externe, en rachetant la Banque Chalus, véritable institution en Auvergne et dans le Limousin (voir encadré page 34) . En 2000, elle double les effectifs d’une équipe dédiée àunmar ché en plein essor : celui des associations.

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La Banque Chalus, UNE INSTITUTION FINANCIÈRE RÉGIONALE

La Banque Chalus célèbre en 2023 ses 226 ans, ce qui fait d’elle la banque la plus ancienne de France et la doyenne de sa région. Aussi dynamique qu’à ses débuts, elle occupe toujours le devant de la scène financière d’Auvergne et du Limousin.

À ses débuts, elle était la « BanqueBlanc », car fondée par Paul Blanc en 1797àClermont-Ferrand pour servir une clientèle de petits commerçants et industriels locaux. Elle se développe rapidement et diversifie progressivement ses activités, notamment du côté de la banque d’affaires. En 1826, elle devient « BanqueBlanc et Lacombe » après l’association de son fondateur avec Théodore Lacombe. Puis semue en « BanqueChalus » en 1872, quand les jumeauxMaurice et JosephChalus en prennent ladirection. Ils vont rester à sa tête pendant cinquante-huit ans. Le temps d’être témoins d’inventions qui feront date, comme l’électricité, le vélo et l’automobile. Le temps aussi de voir la Tour Eiffel s’élever àParis et le nombre d’habitants de Clermont-Ferranddépasser les 100 000 ! Dans sa région natale, laBanqueChalus va contribuer à la création et à l’essor de nombreuses entreprises : les Eaux duMont-Dore, laSucrerie deBourdon, la Compagnie des tramways deClermont-Ferrand, les chemins de fer duPuy-de-Dôme ou les établissements Bergougnan (rachetés plus tard parMichelin). Signe de sa réussite, labanque emménage en 1910 dans l’épicentre clermontois : laplace de Jaude. L’entreprise poursuit sa croissance, mais rencontre après laPremièreGuerremondiale des difficultés qui ne cessent qu’avec l’arrivée en 1930d’un nouvel associé : le groupe Schneider. Après laSecondeGuerremondiale, quand les lois de 1939 et 1945 réglementent le crédit

et imposent ladistinction entre banque d’affaires et banque de dépôt, elle opte pour la seconde. Dans les années 1960, elle étoffe son réseau d’agences et continue à croître. En 1974, c’est lafin d’une époque : quand il prend sa retraite, François Chalus cède ses parts auCrédit Lyonnais, qui devient actionnaire majoritaire. Il va le rester jusqu’au rachat de laBanque Chalus par leCrédit AgricoleCentre France en 1997. UNE BANQUE UNIQUE EN SONGENRE Perpétuellement enmouvement, laBanqueChalus a su conserver au fil de sa longue histoire son identité de banque régionale à taille humaine, dont les maîtres-mots sont laproximité, la confiance et l’implication. C’est aujourd’hui une banque forte de 23 agences qui maintient des relations étroites avec les équipes duCrédit AgricoleCentre France et coopère avec des institutions financières de renom. Elle conseille ses 30 000 clients à travers une gamme de prestations complète allant des financements à la télésurveillance. Sonambition : contribuer à leurs côtés à construire, protéger et transmettre leur patrimoine. Tout en jouant son rôle d’acteur investi dans la réalisation des projets de sa clientèle, cette banque engagée veut être utile au développement de son territoire. Une volonté matérialisée dans une fondation d’entreprise qui lui permet de s’impliquer, enAuvergne et en Limousin, dans de nombreuses actions locales.

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Place de Jaude, Clermont-Ferrand

Banque Chalus, 1910

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Des synergies internes

en Corrèze, où les solutions de Pacifica sont dé ployées depuis fin 1996, est lui aussi récompensé. La collaboration de la Caisse Régionale avec la fi liale ne concerne pas seulement la souscription des contrats d’assurance dommages : depuis 1994, un centre de gestion des sinistres est également installé à Clermont-Ferrand. Désireux de répondre au mieux aux préoccupa tions de ses clients, le Crédit Agricole Centre France n’hésite pas à bousculer ses habitudes de travail quand l’actualité nationale ou régionale l’y incite. La manière dont il a préparé le passage à l’euro, le 1 er janvier 2002, le montre. Si les pouvoirs pu blics ont joué un rôle d’information et de formation Des équipes enmode projet

Pour accompagner leurs clients dans tous leurs projets, les équipes du Crédit Agricole dans l’Allier, le Cantal, la Corrèze, la Creuse et le Puy-de-Dôme développent également des synergies avec les filiales du Groupe. La commercialisation de l’offre Pacifica, dont le siège est à Nanterre en région parisienne, repose ainsi sur un tandem régional et national. Le millionième contrat décroché par la filiale est d’ailleurs auvergnat. Il est signé le 27 mai 1997, au siège du Crédit Agricole Centre France à Cler mont-Ferrand. Les souscripteurs sont des clients de l’agence de Pont-du-Château, dans le Puy-de Dôme, et se voient remettre un chèque loisirs de 10 000 francs pour célébrer l’événement. Le même jour, le souscripteur du tout premier contrat signé

Commune de Lurcy-Lévis, Allier

Affiche publicitaire de la Caisse Régionale de Crédit Agricole du Cantal, 2000

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primordial pour aider la population à s’habituer à sa nouvellemonnaie et à assimiler les règles de conver sion, les Français comptaient aussi sur leur banque pour accompagner et faciliter le remplacement des francs par des euros. Dès 1998, le Crédit Agricole Centre France « deuxième du nom » a donc anticipé, déployant notamment une forte politique d’anima tion parmarché. En 2001, il a intensifié ses initiatives en activant tous les leviers à sa disposition : commu nication, actions commerciales, services (avec, par exemple, la mise en place d’un chéquier mixte et de relevés de compte « double info »). Et encore ce n’est que la partie émergée de l’iceberg… Car la mise en place de la monnaie unique fut également un vaste chantier interne, insoupçonnable vu de l’extérieur, mais qui a mobilisé l’intégralité des équipes de la Caisse Régionale, de l’informatique aux agences, de la monétique aux moyens généraux.

Affiches publicitaires de la Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel du Cantal, 2000 à 2002

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Une banque toujours verte

Une banque intensément régionale

Tout en s’ouvrant et en se diversifiant, le Crédit Agricole, fidèle à ses origines, veille à conserver des liens privilégiés avec lemondepaysan. En 1990, quand les agriculteurs, touchés par une grave crise, mani festent dans la France entière, le Groupe leur prête immédiatement main-forte. Son aide prend la forme d’unplande solidarité élaboré enétroite concertation avec les organisations syndicales, qui comprend no tamment des prêts de consolidation à taux réduits. Le CréditAgricolenégocieaussi avec les pouvoirs publics les modalités d’un dispositif complémentaire de sou tien aux agriculteurs en difficulté et se voit chargé de créer un fonds d’allègement des charges financières. La Caisse Régionale du Puy-de-Dôme et de la Creuse se mobilise pour adapter et mettre enœuvre ces me sures sur son territoire. C’est la seconde fois en deux ans qu’elle intervient en faveur des agriculteurs lo caux, ayant auparavant accompagné ceuxvictimes de lasécheresse. Le soutien sans failleduCréditAgricole auxagriculteurs semanifeste également par lapalette de plus en plus large de produits et services proposés par la banque à cette clientèle historique. Quand en 1997, la commercialisation de produits d’assurance retraite aux agriculteurs est ouverte aux compagnies d’assurances de personnes, le Groupe intègre à la gamme de Predica l’offre Prediagri. L’objectif est de permettre aux agriculteurs de moins de 65 ans, ainsi qu’à leurs conjoints et aux aidants familiaux, de se constituer une retraite complémentaire par capita lisation. Avec 23 000 exploitants agricoles éligibles à la nouvelle offre, le Crédit Agricole Centre France « deuxième du nom » saisit cette occasion de fidéliser une clientèle essentielle, mobilisant l’ensemble des équipes de son réseau commercial pourmener àbien une vaste campagne d’équipement.

S’affirmer comme banque universelle n’a pas em pêché le Crédit Agricole Centre France de cultiver son identité de banque régionale de proximité. Une identité qui fait partie intégrante de son patrimoine génétique : grâce aux Caisses Locales et aux liens humains créés par le mutualisme, la banque est en racinée dans l’Allier, le Cantal, la Corrèze, la Creuse et le Puy-de-Dôme. Un ancrage précieux pour bien servir ses clients, qu’elle entretient en s’adaptant en permanence aux évolutions de son territoire. Et il y en a eu depuis 1988, année de la première fusion ! À commencer par une évolution de taille : avec le rapprochement de ses caisses « ancêtres », le territoire de la Caisse Régionale a pris de l’am pleur, jusqu’à réunir cinq départements. Il a aus si changé de visage. D’abord très rural, puis avec l’urbanisation croissante, il est apparu de plus en plus hétérogène enmatière de densité de population, d’activités économiques ainsi que de revenu moyen des ménages.

Station thermale d’Évaux-les-Bains, Creuse

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Musée des Musiques populaires (MuPop) à Montluçon, Allier

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D’hier à aujourd’hui, UN TERRITOIRE ENMUTATION

Pour conforter son ancrage local, le Crédit Agricole Centre France a toujours veillé à s’adapter aux évolutions d’un territoire qui s’est transformé au fil du temps . Une transformation est amorcée à l’époque de la fusion entre la Caisse Régionale du Puy-de-Dôme et de la Creuse, et de la Caisse Régionale Bourbonnaise, qui donnera naissance au Crédit Agricole Centre France « premier du nom ». Les dynamiques démographiques alors à l’œuvre dans les trois départements concernés – sujet qui intéresse tout particulièrement l’activité bancaire – ne sont pas les mêmes. LE TERRITOIRE HIER Aumoment de la fusion entre la Caisse Régionale du Puy-de-Dôme et de la Creuse, et de la Caisse Régionale Bourbonnaise, fusion qui donnera naissance au Crédit Agricole Centre France « premier du nom », les dynamiques démographiques à l’œuvre dans les trois départements concernés sont différentes. La Creuse et l’Allier voient leur population diminuer, principalement en raison de l’exode rural. Lors du recensement de 1990, ils comptent respectivement 131 000 et 757 000 habitants. Cela correspond à une baisse de - 6,2%pour laCreuse et - 3,2%pour l’Allier par rapport à 1982, date du précédent recensement. À l’époque, au contraire, la population du Puy-de-Dôme augmente : en 1990, on y dénombre 3 900 habitants de plus que huit ans plus tôt. Lamoyenne d’âge (37,3 ans) y est égalementmoins élevée que dans laCreuse et l’Allier. Malgré ces différences dans ces trois départements qui furent autrefois à vocationagricole et industrielle, on observe lesmêmes deux grandes tendances sur le plan économique : unemontée en puissance des servicesmarchands et une concentration de l’activité dans certains secteurs géographiques.

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LE TERRITOIRE AUJOURD'HUI Ces tendances préfigurent ce qu’est devenu le territoire du Crédit Agricole Centre France. La Caisse Régionale opère depuis 2003 dans cinq départements. Selon l’Insee * , la population totale y atteint aujourd’hui 1 499 687 habitants. Une grande part (44,78 %) est installée dans le Puy-de-Dôme. La Creuse et le Cantal apparaissent comme les moins peuplés avec respectivement 113 711 et 143 280 habitants. La Corrèze en totalise 238 445 et l’Allier, 331 757. Avec 46,2 habitants au km 2** , la densité de la population sur l’ensemble du territoire est bienmoindre que celle de la France entière (105,5 habitants au km 2 ). Le tissu entrepreneurial est marqué par lemaintien d’une activité agricole et agroalimentaire dans le Cantal, la Creuse et l’Allier. Le Puy-de-Dôme est, quant à lui, maillé par des entreprises industrielles évoluant notamment dans les secteurs des pneumatiques (Michelin), du plastique, de lamétallurgie, de la pharmacie et de la biochimie. Sont également présentes des entreprises du bâtiment et des travaux publics, du tourisme et du thermalisme, des coopératives agricoles (Limagrain), ainsi que des acteurs des services et de la recherche. Enfin, on trouve des coopératives fruitières, des transporteurs et des entreprises des secteurs de l’aéronautique, de lamécanique, de lamaroquinerie, du bois et de la santé, concentrés sur la basse Corrèze.

Michelin

Limagrain

* Chiffres 2022. ** Chiffres 2018.

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Un patrimoine mis en valeur

Un soutien aux événements territoriaux

Malgré cesmutations, une caractéristiquemajeuredu territoire duCréditAgricoleCentre France ne change pas : son richepatrimoinenaturel et culturel. Il compte notamment plusieurs parcs naturels (ceuxdesvolcans d’Auvergne, du Livradois-Forez, de Millevaches), des domaines skiables (autour des stations du Lioran, de Super-Besse, duMont-Dore…), des sources thermales, des musées comme celui des Musiques populaires (MuPop), des festivals tels ceux du court-métrage ou du théâtre de rue… Dans le sillage de ses caisses « ancêtres », la banque va s’attacher à promouvoir ce patrimoine. Et pas seulement parce qu’en attirant les touristes, il contribue à l’attractivité et au développe ment du territoire,mais aussi car il s’agit pour laCaisse Régionale de conforter son ancrage local.

Cettemême logique pousse le CréditAgricole Centre France, dès le début de son histoire et comme l’avaient fait ses caisses « ancêtres », à soutenir un autre pan du patrimoine territorial : les divers événements qui rythment la vie de la population, en ville comme dans les zones rurales. Il participe et/ou apporte une aide financière à quantité de foires et expositions, de salons, de rencontres thé matiques, demanifestations sportives, de concours… Quand se crée la Caisse Régionale du Puy-de-Dôme et de la Creuse, une cellule spécifiquement char gée d’organiser sa participation aux foires et sa lons est d’ailleurs mise en place, cellule que le Crédit Agricole Centre France « premier du nom » va conserver. Avec ses deux stands et ses trois véhicules spécialement équipés, elle est très active ! Durant la seule année 1992, elle permet à la banque d’être présente lors de 24 manifestations, allant du salon des antiquaires d’Issoire, dans le Puy-de-Dôme, au concours agricole de Boussac, dans la Creuse, en passant par le forum Cap Avenir de Montluçon, dans l’Allier.

Station de ski Le Lioran, au cœur des monts du Cantal

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