Territoire d'entrepreneurs Lorraine n°3

#03

LORRAINE Deuxième semestre 2023

VENT EN POUPE Est Ouvrages, l’histoire d’un pari gagnant PAT, la « biotech » végétale au service des humains DOSSIER INNOVATION PASSAGE DE TÉMOIN Granimond, la force du lien familial

Sofiane DIRIGEANT DE BIM’STEEL BenMaamar

Je veux révolutionner le bâtiment

SECOND SEMESTRE 2023 - #03 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE Ce magazine vous est offert par le CRÉDIT AGRICOLE DE LORRAINE

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ENTREPRISES

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Offre soumise à conditions, sous réserve d’étude et d’acceptation du dossier. 07/2021 – 4024 – Offre proposée par Crédit Agricole, distribuée sous la marque Crédit Agricole Leasing et gérée par Lixxbail - Société agréé par l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution - Société Anonyme au capital de 69 277 663,23 € - Siège Social : 12, Place des États-Unis, 92 120 Montrouge - France - 682 039 078 RCS Nanterre - Siret 682 039 078 00832 - TVA intracommunautaire FR 22 682 039078. Crédit photo : Getty Images Éditée par Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel de Lorraine. Société coopérative à capital variable. Agréée en tant qu’établissement de crédit. Société de courtage d’assurances. 775 616 162 RCS METZ. Siège social : 56/58 avenue André Malraux 57000 METZ. Immatriculée au registre des Intermédiaires en Assurance sous le numéro 07022719. Adresse postale : CS 71700 54017 NANCY CEDEX. com3512 - Date(09/23) - N° CITEO : FR234323_03XVXZ

ÉDITO

« Soutenir les entreprises

pionnières, une de nos priorités »

© CA Lorraine

Nous avons souhaité dédier ce troisième numéro de Territoire d’entrepreneurs à l’innovation. Depuis toujours, le Crédit Agricole de Lorraine accompagne ses clients dans les transformations de la société. Notre ambition : être le partenaire bancaire de l’innovation. Pour cela, il est primordial pour nous d’accompagner nos clients dans leurs projets de développement, qui révolutionneront ou révo lutionnent déjà des secteurs variés (bâtiment, biologie, e-commerce, ressources humaines, etc.), mais aussi d’être performants grâce à notre pôle interne Inno vation, en créant et en proposant de nouvelles solutions pour une expérience client toujours plus fluide, rapide et personnalisée. Afin de renforcer notre soutien aux entreprises qui innovent, nous nous appuyons sur des outils existants tels que le Village by CA, notre accélérateur de start-up, qui favorise les relations entre entrepreneurs et organismes de l’écosystème de l’innovation en Lorraine. En outre, dans le cadre du projet socié tal du groupe Crédit Agricole, le Crédit Agricole de Lorraine s’est associé, en 2023, à Amundi et quatre autres Caisses régionales. Ensemble, nous avons créé CAREst TE (Crédit Agricole Région Est Transition énergétique), un fonds d’inves tissement dont la vocation est de financer des initiatives du territoire liées à la transition énergétique. Tous ces projets requièrent un engagement au quotidien au service de nos clients entrepreneurs qui inspirent le changement. Vous découvrirez ainsi dans ce nouveau numéro des témoignages riches d’enseignement, de la part de celles et ceux qui participent à l’attractivité de notre territoire et qui œuvrent chaque jour à faire de la Lorraine une terre d’innovation.

Jean-François Rinfray DIRECTEUR GÉNÉRALADJOINT DU CRÉDITAGRICOLE DE LORRAINE

SECOND SEMESTRE 2023 - #03 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE

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SOMMAIRE

p. 6

FIGURES DU TERRITOIRE Laglasse, LoisiBike, Opteamum, Emballages Diffusion… Quatre entreprises qui représentent le dynamisme du territoire

p. 8

PASSAGE DE TÉMOIN Granimond, la force du lien familial

PREMIERS PAS

En quittant ma première entreprise, il était clair que j’allais retourner dans l’entrepreneuriat FLORENTMORET DIRIGEANT DE VALORMECA

p. 10

p. 12

DOSSIER INNOVATION « Je veux révolutionner le bâtiment », Rencontre avec Sofiane Ben Maamar, dirigeant de Bim’Steel MENTION SPÉCIALE

p. 15

Fabrice Lévy PDG de Charcupac

Manon Schneider

Directrice des ressources humaines de La Fournée Dorée

TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE - #03 - SECOND SEMESTRE 2023

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Plant Advanced Technology, la « biotech » végétale au service des humains LA DYNAMIQUE EN CHIFFRES - Le soutien à l’innovation dans le Grand Est Henoo sort des sentiers battus touristiques La tribune du Crédit Agricole de Lorraine « Nous innovons pour aider les entreprises à innover » Rencontre avec Richard Rostoucher, directeur entreprises, collectivités et Banque Privée du Crédit Agricole de Lorraine ThePlaceToWish.com, une liste de cadeaux intelligente et multifonction

p. 17

p. 19

p. 21

p. 22

p. 23

VENT EN POUPE Est Ouvrages, l’histoire d’un pari gagnant Vert’Net connaît une croissance écoresponsable de père en fille et en fils

p. 25

p. 26

Nous nous sommes développés sur la base d’une acquisition et d’une création d’entreprise par an JEAN-PIERREETNATHALIETREIZE DIRIGEANTS DE SOFIT

p. 27

STRATÉGIE DIGITALE MyJobest, les réseaux sociaux en première ligne

p. 29

SECOND SEMESTRE 2023 - #03 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE

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FIGURES DU TERRITOIRE

GUILHEM BATTUT

Il a osé

Ni la crise sanitaire, ni un incendie n’ont pu éteindre la passion de Jérôme Laglasse pour l’entreprise, créée par son père en 1988, qu’il dirige aujourd’hui…

Jérôme Laglasse, directeur de l’entreprise éponyme spécialisée dans la trans formation de bois et la fabrication de merrains, présente sur les cinq conti nents et dont le savoir-faire est reconnu par tous les pro fessionnels du secteur, n’est pas homme à baisser les bras: le 21 avril 2020, en plein confinement, l’un des bâti ments de sa société, implan tée à Varize, a été détruit par un incendie. Résultat : plus d’un million d’euros de mar chandises partis en fumée. « Heureusement, il n’y a eu aucune perte humaine. Mais j’ai vraiment pensé que c’était fini… J’ai même pris des pho tos du bâtiment brûlé pour dire à mes commerciaux que notre aventure s’arrêtait là.

Et puis, après quelques nuits blanches, j’en ai décidé autre ment. » En quatre jours, il a donc trouvé un nouveau site – « un bâtiment dont la vente était bloquée à cause du confi nement. J’ai mis un chèque sur la table, je suis reparti avec les clés ! » –, mais il a également racheté l’intégra lité des équipements néces saires à son activité. Aujourd’hui, 80 % de sa pro duction est exportée dans le monde et son carnet de com mandes ne désemplit pas. En parallèle, fin 2021, il décide de se diversifier en démarrant la production de mobiliers urbains sous la marque Etioak. « En plein Covid, je n’avais pas la moindre visibi lité sur l’avenir. Il s’annonce désormais radieux… » .

JÉRÔME LAGLASSE, DIRECTEUR DE LAGLASSE FRANCE

© Laglasse

VIRAGE

Du foot aux vélos électriques, le grand écart de Julien

Julien Gavillon a deux passions, le foot et le vélo : «J’ai travaillé dans le monde du ballon rond avant d’être à la tête du plus grand magasin de vélo électrique de France. » Petit retour en arrière : bac STT commerce en poche, Jérôme entame un BTS en alternance avec un poste de vendeur dans la boutique du Football Club de Metz. « Vente d’articles, billetterie, animation du site Internet… Je m’occupais un peu de tout. » En 2006, il change de voie et rejoint son frère chez Vélo Land, à Augny, où il se voit confier le rayon électrique. Convaincu de l’avenir radieux de cette nouvelle pratique, il se démène pour la développer avant de créer en 2013 son propre magasin, LoisiBike, toujours à Augny. « De 300 m 2 , nous sommes passés à 1300 m 2 . En parallèle, j’ai ouvert quatre nouveaux magasins. Si cette aventure n’est pas de tout repos, je me bats pour que les choses roulent… »

JULIEN GAVILLON, FONDATEUR DE LOISIBIKE

© Loisibike

TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE - #03 - SECOND SEMESTRE 2023

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« Nous avons industrialisé notre atelier » Entretien avec Frédéric Bezy, directeur général et Jean-Stéphane Veltin, directeur commercial d'Emballages Diffusion. C’EST-À-DIRE

Opteamumdessine le futur de la robotique L’entreprise, implantée à Sarreguemines, est à la pointe des nouvelles technologies dans la conception, la fabrication et la maintenance de systèmes automatisés et robotisés. F abricant de coffres-forts de puis cent cin quante ans, la « Concevoir dès à présent

trielle, commence par ouvrir un bureau d’études en 2011, puis s’attaque à la concep tion, la réalisation et la maintenance de lignes robotisées. L’entreprise compte parmi ses clients ArcelorMittal, Thyssenrupp ou encore

les outils du futur, ça me passionne »

société Haffner a été liquidée en 2006 suite à plusieurs tentatives de reprise. Inconcevable pour Éric Hartnagel, l’un de ses salariés, qui

© Emballages Diffusion

Quelle est l’activité de l’entreprise Emballages Diffusion? « Implantée depuis plus de quarante ans à Mont-sur-Meurthe, notre société est spécialisée dans la conception d’embal lages et de suremballages destinés aux marchés de l’industrie automobile, du meuble, du luxe et de l’industrie lourde. Notre domaine d’activité est extrêmement large du fait de notre savoir-faire dans la transformation multimatériau : carton, film bulle, polystyrène expansé et mousse. » Vous avez récemment beaucoup investi… « Début 2022, nous avons industrialisé notre atelier carton avec l’acquisition d’une nouvelle ligne de production qui nous permet de produire des embal lages de grandes dimensions avec jonc tion collée et/ou agrafée, équipée d’un découpeur rotatif avec la possibilité d’imprimer jusqu’à deux couleurs. » Un investissement payant? « Désormais, nous pouvons concevoir des emballages de grande taille sur des petites, moyennes et grandes quantités. Cela représente un virage stratégique pour notre société qui nous permet d’accéder à de nouveaux marchés, nos ventes ayant déjà progressé de plus de 40 % dès la première année. »

après s’être essayé au consulting, décide de reprendre l’activité « chambre forte robotisée » du cé lèbre coffretier. « Au début, nous as surions le service après-vente des quelques agences bancaires qui s’étaient équipées de chambres fortes robotisées Haffner et ne trouvaient plus de prestataire pour en assurer la main tenance, explique Éric Hartnagel. Puis, très vite, nous nous sommes adaptés aux demandes du marché. » À savoir la sécurité digitale des banques et la robotisation de l’industrie.

les Cuisines Schmidt. « Aujourd’hui, cela représente 75 % de notre chiffre d’affaires, dévoile Éric Hartnagel. Le reste provient de notre activité sûre té (contrôle d’accès, vidéosurveil lance, sécurisation physique) et de notre solution digitale développée depuis 2016, DigiSphère. Il s’agit d’une plate-forme Web sécurisée d’analyse des risques et de manage ment des sites sensibles. » Une inno vation qui, très vite, convainc le groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d’Épargne). « Ils utilisent au jourd’hui notre solution pour gérer la sécurisation de 7000 de leurs agences », révèle Éric Hartnagel, une pointe de fierté dans la voix. OPTEAMUMRÉCOMPENSÉE POUR SA STRATÉGIE GLOBALE D’INNOVATION L’entreprise, qui emploie désormais une cinquantaine de personnes et qui a été récompensée en 2018 par le prix « Arts et métiers Grand Est » au titre de sa « stratégie globale d’in novation », aspire à se développer plus encore. « Notamment dans la cobotique, à savoir l’interaction entre l’humain et les systèmes robotiques », dévoile Éric Hartnagel. Et de conclure : «Concevoir les outils du futur, ça me passionne. »

UNE SOLUTIONDIGITALE TRÈS PRISÉE

La société, dotée de compétences en mécanique, robotique, électricité, automatisme et informatique indus

© Opteamum

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PASSAGE DE TÉMOIN

En 2022, Audrey Zouari a repris les rênes de l’entreprise Granimond au terme d’un apprentissage marqué par un sens aigu des responsabilités. Rien ne la prédisposait pourtant à succéder à son père, Marc Zouari, à la tête du spécialiste de l’aménagement des espaces cinéraires. Entretien croisé. GRANIMOND, LAFORCE DU LIEN FAMILIAL

La reprise par votre fille de la société que vous avez créée était-elle une évidence pour vous? Marc Zouari : « Mon intention initiale était de céder Granimond à un repreneur, aucun de mes trois enfants n’ayant manifesté le souhait de s’investir dans ce domaine. En l’occurrence, ma fille occupait des fonctions commerciales dans une filiale de L’Oréal. Elle m’a rejoint en 2014 après le décès de mon épouse qui gérait l’infor matique, la communication et les équipes com merciales. Je lui sais gré de m’avoir accompagné dans ces moments difficiles et de s’être adaptée à un métier qui n’était pas le sien. Avec bonheur, j’ai vu ma fille prendre son envol. Aujourd’hui, je suis le premier ravi que Granimond reste une entreprise familiale. » Et pour vous, Audrey? Audrey Zouari : « Dès mon entrée dans l’en treprise, le projet de reprise était sous-entendu. Mon père parlait de retraite en restant très impliqué. De mon côté, je me sentais la respon sabilité de pérenniser l’entreprise. Les choses se sont faites progressivement. Je me suis d’abord occupée de la gestion du réseau com mercial, puis mon père m’a épaulée sur d’autres aspects de la gestion d’entreprise, en particulier les aspects comptables et financiers. » Vous avez intégré Granimond en 2014, et son rachat a été validé le 16mai 2022. Comment avez-vous conquis votre légitimité de dirigeante? A. Z. : « Par le dialogue, l’écoute et une grande patience. Les premières années n’ont pas tou jours été simples. La discussion a parfois été houleuse entre nous. Mais je crois beaucoup à la communication. Lorsque nous avions un différend, j’expliquais aux collaborateurs nos

deux positions. J’ai toujours essayé de composer, consciente qu’il n’était pas évident pour mon père de laisser l’entreprise qu’il dirigeait depuis quarante ans. Je voulais lui prouver que j’étais en mesure de répondre à ses attentes… Quant aux salariés, ils ont pris l’habitude de travailler avec moi. Désormais, ils me suivent et, selon moi, me font confiance. » M. Z. : « Je reconnais avoir toujours eu du mal à déléguer. Ma fille m’a obligé à me discipliner. Très vite, je l’ai vue à l’œuvre. Elle a doté l’en treprise d’un réseau commercial percutant et a fait des paris qui se sont révélés gagnants. Dès lors qu’elle était responsable d’un domaine, je n’intervenais plus. Aujourd’hui, ma fille est sans équivoque la dirigeante. » Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour l’entrepreneur que vous êtes?

1981 Marc Zouari crée Granimond, à Saint Avold, spécialisée dans le négoce et la transformation de granit. 1989 Virage. L’entreprise se concentre sur le marché de la crémation. 2014 Audrey, sa fille, intègre l’entreprise à la suite du décès de sa belle-mère, épouse de Marc Zouari. 2022 Rachat de Granimond par Audrey Zouari. 2023 Sous la direction d’Audrey Zouari, le million d’euros de facturation en un mois est franchi.

Ya-t-il eu un déclencheur pour engager la procédure de transmission?

M. Z. : « Pas vraiment, nous en discutions régu lièrement. J’étais soucieux de la qualité des fondamentaux de l’entreprise. Quand j’ai vu Audrey s’impliquer davantage et venir vers moi avec l’envie de reprendre le flambeau, nous avons lancé le montage juridique et le chiffrage.

Avec bonheur, j’ai vu ma fille prendre son envol

MARCZOUARI DIRECTEUR FONDATEUR DE GRANIMOND

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En 2021, nous étions sur le point de valider la cession quand ma fille a été victime d’un grave accident. Elle aurait pu abandonner, mais elle a voulu rebondir et aller au bout du projet. » A. Z. : « Notre règle commune a été de privilégier nos bonnes relations familiales, quoi qu’il arrive. Nous nous sommes toujours dit les choses avec bienveillance. L’équilibre des positions a été trou vé avec l’appui de conseils extérieurs, notamment le Crédit Agricole, qui a été mon choix alors qu’historiquement mon père travaillait peu avec cette banque. J’ai créé ma holding, Topaz, qui a racheté Granimond à la holding de mon père. » A. Z. : « Continuer à la développer même si, depuis deux ans, rien n’est simple. À court terme, nous travaillons sur le développement d’outils de communication et de marketing pour mieux cibler les communes avec lesquelles nous pour rions travailler. En 1989, le marché de la créma tion représentait 2 %. Aujourd’hui, il pèse entre 40 et 50 %. C’est un marché en croissance dans lequel l’ambition est de rester incontournable. Nous avons augmenté nos capacités de fabrica tion et fait appel à la sous-traitance pour la pose de nos columbariums, nos jardins du souvenir et nos monuments commémoratifs. Notre point fort, c’est notre bureau d’études intégré qui développe des produits uniques et nous permet de renouveler nos gammes. À moyen et long terme, le développement dans d’autres pays pourrait être envisagé, mais il y a encore beau coup de chemin à parcourir en France ainsi que dans les Drom-Com, avec les regroupements de communes, entre autres changements organi sationnels. » STÉPHANIE GALLO Plus d’un an s’est écoulé depuis la cession, qu’entendez-vous faire de l’entreprise familiale?

Mon père parlait de retraite en restant très impliqué, je me sentais la responsabilité de pérenniser l’entreprise

© Bertrand Rieger

AUDREYZOUARI DIRECTRICE GÉNÉRALE DE GRANIMOND

UNE CESSION ACCOMPAGNÉE DANS LES RÈGLES La cession deGranimond entre le père et la fille a étéminutieusement préparée, chacun ayant choisi de se faire épauler par ses propres conseillers. Au terme de l’accord, la holding Topaz, créée par Audrey Zouari, a acquis 100%des parts deGranimond, filiale de la holding 2A2M, détenue parMarc Zouari. Afin de faciliter la transition, ce dernier reste lié à l’entreprise jusqu’à la fin 2024 par unemission contractuelle d’accompagnement, unemanière de continuer à transmettre son savoir et son expérience. « J’ai bien vécu cette année postcessionmalgré de nouvelles difficultés. Mon père est toujours à côté demoi » , sourit Audrey Zouari.

© Bertrand Rieger

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PREMIERS PAS

UNEVALEUR SÛRE POUR LA MAINTENANCE INDUSTRIELLE La PME de Laneuveville-devant-Nancy, spécialisée dans la mécanique de précision appliquée à la maintenance, a été reprise l’année dernière par Florent Moret. Depuis, Valormeca connaît une croissance intéressante portée par de nouvelles compétences et de nouvelles perspectives.

C e ne sont pas ses premiers pas d’en trepreneur à proprement parler puisque Florent Moret s’était déjà associé, en 2015, avec trois parte naires au sein d’une petite entreprise de chaudronnerie, alors qu’il n’avait encore que

© Vincent Zobler

Y ALLER… AU CULOT « Lorsque j’ai décidé de me retirer de ma pre mière entreprise, il était clair pour moi que j’allais retourner dans l’entrepreneuriat, pas dans le salariat. J’ai fait fonctionner mon réseau, j’ai visité plusieurs structures qui ne m’ont pas

LES COMPÉTENCES, L’ORGANISATION, LA CULTURE DE LA RÉACTIVITÉ ET UN STOCK CONSÉQUENT DE MATIÈRES PREMIÈRES TOUJOURS À DISPOSITION SONT LES POINTS FORTS DE L’ENTREPRISE.

31 ans. Expérience à laquelle il a choisi de mettre un terme en 2020. En revanche, ce sont bien ses premiers pas en tant qu’entrepreneur solo qu’il dé roule depuis quelques mois avec brio à la tête de l’entre prise Valormeca, petite struc ture de mécanique de préci sion (usinage, fraisage, etc),

vraiment inspiré. Et puis, un jour, un de mes contacts m’a signalé que le dirigeant de Va lormeca, Olivier Vallverdu, ré fléchissait à céder éventuelle ment son affaire, mais sans l’avoir encore mise sur le mar ché » , raconte Florent Moret, avant de relater dans un sou rire la première rencontre :

« Nous devons être extrêmement réactifs pour répondre aux urgences »

13 Salariés 2,55 M€ Chiffre d’affaires 2022/2023 20 % Plus-value moyenne des salaires de l’équipe Valormeca/concurrence

spécialisée dans la maintenance industrielle. Une PME qu’il avait repérée depuis plusieurs années déjà puisqu’il en avait été client, en début de carrière professionnelle, pour le compte d’un de ses employeurs.

«J’avais gardé le souvenir d’une entreprise réactive et sympathique. Je suis allé frapper à sa porte, au culot. On ne peut pas dire que le premier contact ait été très positif… Il m’a fallu plusieurs mois pour le convaincre de mon envie

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veau dirigeant de Valormeca. Grâce à sa formation (DUT génie mécanique, licence de gestion de projet en concep tion mécanique et master en management et innovation industrielle) et à son par cours, Florent Moret a, par exemple, pu apporter une offre de dessin, nouvelle corde à l’arc déjà bien fourni de la PME. Et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, même s’il sait que des problé matiques de recrutement risquent de se présenter pro chainement. Il a une idée en tête depuis le début, et il es père bien qu’elle se concréti sera d’ici la fin de l’année : développer, en parallèle de la

de développer ce qu’il avait construit depuis la création en 1997, de travailler avec ses équipes. » Florent Moret obtient finalement un feu vert juste avant Noël 2020. Puis tout s’enchaîne, avec un accord de financement rapide délivré par le Crédit Agricole de Lorraine, les accom pagnements financiers et humains de plusieurs réseaux (Réseau Entreprendre, BPI). La reprise effective se conclut finalement en no vembre 2021. S’ensuit alors une transmission de plusieurs mois entre l’ancien et le nouveau dirigeant de Valormeca, jusqu’à ce que celui-ci vole définitivement de ses propres ailes au printemps 2022. RÉACTIVITÉ ET EXPERTISE Valormeca répond aux demandes d’entre prises industrielles, situées pour la plupart dans un rayon d’une centaine de kilomètres. Parmi elles, de grands noms comme Solvay, les Salins du Midi ou encore Mersen. « Nous

mécanique de précision, une activité complé mentaire (qu’il est trop tôt pour

fabriquons pour eux des pièces cassées ou usées qu’ils doivent remplacer, mais également des pièces au plan (unitaires ou petites séries). Nous nous devons donc d’être extrêmement réactifs car nos clients ne peuvent pas se per mettre d’attendre des semaines pour remettre en service une ligne de production ou un engin » , pointe Florent Moret, saluant l’ex

« Seul notre savoir-faire nous permet de répondre

© Vincent Zobler

révéler). « Aujourd’hui, nous sous-traitons certaines presta tions, mais la logistique associée est trop lourde à mon sens. Je sou haite les internaliser. Ces presta tions seront également proposées

FLORENT MORET, DIRIGEANT DE VALORMECA DEPUIS 2021.

favorablement et rapidement »

pertise de son équipe, capable de reproduire une pièce avec comme indication unique, bien souvent, l’exemplaire à remplacer en guise de modèle. « Régulièrement, les clients arrivent avec une pièce dont on ne connaît ni les ca ractéristiques, ni la composition… Seuls notre savoir-faire et notre expérience nous per mettent de répondre favorablement et rapide ment. » Des compétences donc, mais aussi une organisation spécifique avec une culture de la réactivité et un stock conséquent de matières premières à disposition à n’importe quel moment. CROISSANCE ET DIVERSIFICATION L’année de la reprise, Valormeca réalisait un chiffre d’affaires annuel d’1,90 M€. Sur le der nier exercice, la PME est montée d’un cran avec un CA de 2,55 M€. Une progression qui s’explique certes en partie, par la hausse des matières premières qui, mécaniquement, a fait augmenter le tarif des pièces, mais aussi par le souffle de fraîcheur insufflé par le nou

à d’autres clients » , confie le dirigeant. Qui sait qu’il doit malgré tout, en parallèle, avancer sur un autre sujet, important pour la péren nité du projet global : réussir à mieux struc turer l’entreprise et ses propres journées pour prendre un peu de congés… Vital pour tenir le rythme sur la durée. STÉPHANIE GALLO

« Dès le départ, Florent Moret m’a paru très professionnel, très calé dans son expertise. C’était important car il s’agit de métiers nécessitant des compétences poussées. De plus, il avait déjà dirigé une entreprise et il avait le soutien de l’ancien dirigeant. Depuis la reprise, l’entreprise fonctionne très bien : son chiffre d’affaires se développe et sa notoriété aussi. Il a insufflé un dynamisme certain, a rajeuni les processus, etc. »

© CA Lorraine

Paul Merger, CHARGÉ D'AFFAIRES ENTREPRISES AU CRÉDIT AGRICOLE DE LORRAINE SUD

SECOND SEMESTRE 2023 - #03 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE

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50 % DE RÉDUCTION DE LADURÉE D’UNCHANTIER 0 DÉCHETSUR CHANTIER 100 % DEMATÉRIAUX RECYCLABLES 8 M€ DE CAPRÉVISIONNEL EN2023 15 M€ DE CAPRÉVISIONNEL EN2024

Sofiane Ben Maamar, dirigeant de Bim’Steel.

© Vincent Zobler

TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE - #03 - SECOND SEMESTRE 2023 TER ITOIRE D’ENREPRENEURS LORRAINE - #02 - DEUXIÈME 2 TREPRENEURS LO AINE - #02 - PREMIER

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DOSSIER INNOVATION

Je veux révolutionner le bâtiment Maamar Ben Sofiane

Avec la création de Bim’Steel en 2020, le jeune entrepreneur originaire d’Œting entend tout simplement révolutionner le marché de la rénovation des bâtiments. Avec quels leviers?

Quel parcours vous a conduit à vouloir relever un tel défi?

Sur quelle idée avez-vous créé Bim’Steel ? S. B. M. : «En 2019, avec d’anciens collabora teurs ingénieurs structure, thermicien, archi tecte, nous sommes partis d’une feuille blanche avec la volonté de dynamiser un secteur du BTP qui innove peu. Notre idée était de fabriquer en usine, donc hors site, des éléments préfa briqués qu’il n’y aurait plus qu’à assembler. En pratique, Bim’Steel intègre de nouvelles technologies et solutions logicielles afin de concevoir, fabriquer et assembler en usine tout type de projets de construction et rénovation. Nos solutions sont composées d’une ossature en acier léger bas carbone, garnie ensuite avec des isolants à base de matériaux recyclables et biosourcés : fibre de bois, chanvre, lin ou coton, pour ensuite recevoir une finition de bardage métallique, bois, briquette, etc. À par tir d’un scan 3D d’un bâtiment, nous pouvons réaliser au millimètre près les modules de façade et de toiture. Sur chantier, une équipe de cinq personnes, équipée d’une simple nacelle et d’un engin de levage, suffit pour les monter. » En quoi innovez-vous? S. B. M. : «L’innovation concerne à la fois notre produit, qui peut être adapté à n’importe quel type de bâtiment, résidentiel, industriel ou ter tiaire, et notre futur outil industriel. Nous avons développé notre projet au sein de l’Eurodev Center de Forbach où nous disposons d’un atelier de 1000 m 2 équipé de machines à commande numérique. Dernièrement, nous avons acheté à Boulay-Moselle un site industriel de 4 hectares, dont 20000 m 2 d’atelier destinés à accueillir la

Sofiane Ben Maamar : «J’ai toujours dirigé les sociétés dans lesquelles je travaillais. Il y a quelques années, jeme suis tourné vers la promotion immo bilière. C’est dans cette activité que j’ai été confron té aux difficultés du secteur du BTP, en particulier le manque de main-d’œuvre qualifiée, le respect des délais et des critères environnementaux. Vou loir continuer à "couler du béton sur les chantiers" m’est apparu de plus en plus compliqué dans une logique de réduction de l’empreinte carbone. Le marché de la rénovation est gigantesque sans disposer à l’heure actuelle des capacités d’y répondre. J’ai toujours été curieux et ouvert. Aux États-Unis et enAngleterre, j’ai observé que certains acteurs n’hésitaient pas à appliquer à la construc tion les codes des industries automobile et aéro nautique. Industrialiser ce secteur devient une nécessité si la France veut atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés en matière de réduction de ses consommations d’énergie. » Quels sont ces objectifs? S. B. M. : «En 2022, la France s’est fixé dans sa feuille de route un objectif de réduction de 40 % de sa consommation énergétique pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. Les maîtres d’ouvrage sont donc enclins à rénover leur bâti. On sait que le parc immobilier français en 2050 existe déjà à 80 %. Si on veut être au rendez-vous, il faut le rénover massivement. Le besoin de rénovation énergétique est évalué à 700000 logements par an, or on en rénove actuellement 70000… »

2015 Sofiane Ben Maamar obtient un master (M1) en droit des affaires à l’université de Lorraine. Il commence aussitôt sa carrière comme gérant de l’hôtel Alerion à Metz qu’il fait classer 3-étoiles. 2019 Changement de cap avec la création de BS Invest, une société de promotion immobilière et de vente de biens.

SECOND SEMESTRE 2023 - #03 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE DEUXIÈME SEMESTRE 022 - #02 - TE RITOIRE D’ENTREPRENEURS LO RAINE PREMIER SEMESTRE 2023 - #02 - TE ITOIRE D’ENTREPRENEURS LO AINE S

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DOSSIER INNOVATION

2020 Création de Bim'Steel, société industrielle agissant dans la transition énergétique du bâtiment. 2021 L’entreprise remporte le concours européen EnergieSprong en développant une solution complète de rénovation énergétique. 2022 Sofiane développe une solution globale de rénovation énergétique destinée aux écoles. Premier chantier au lycée Robert-Schuman, à Metz. 2024 Il crée la première usine

seurs. Si la réduction des consommations d’éner gie des bâtiments est une priorité, le confort d’été est tout aussi important. Nos matériaux biosourcés ont dans ce domaine des perfor mances bien supérieures aux solutions tradi tionnelles. En termes de coût, nous prévoyons d’ici deux ans une réduction de près de 20 % par rapport aux solutions traditionnelles grâce à l’intégration de la robotique et d’une part importante d’intelligence artificielle dans nos chaînes de production. » Comment voyez-vous l’avenir? S. B. M. : «Nous voulons apporter des solutions qui facilitent des rénovations et des construc tions bas carbone de bâtiments scolaires, ter tiaires et de logements de façon massive et rapide. Avec notre nouvel outil de production robotique, nous pourrons proposer nos solu tions sur notre grande région, et au-delà, en Allemagne, au Luxembourg, en Belgique. Notre objectif est d’industrialiser nos solutions avec un cahier des charges strict sur lequel le secteur puisse s’appuyer pour gagner en compétitivité, alors que sa main-d’œuvre est vieillissante. Une des conditions de la réussite est d’avoir des poseurs qualifiés. C’est pourquoi nous travail lons avec la Région à créer un pôle de formation dédié au BTP hors site et préfabriqué. En 2024, nous visons 15 M€ de chiffre d’affaires et le recrutement d’une quarantaine de personnes. » PROPOS RECUEILLIS PAR GÉRALDINE PASCAUD-RASSE

première usine robotique d’Europe capable d’in dustrialiser des solutions de construction et de rénovation sur mesure. Cette usine pourra tra vailler sur des projets de construction et de réno vation à partir d’éléments fabriqués en usine à 90 %, y compris la fabrication demenuiseries PVC et aluminium ainsi que de panneaux solaires. Bim’Steel sera ainsi en mesure de proposer un package global de construction et rénovation intégrant différents matériaux, en particulier l’acier et le bois. Ce sera la seule en Europe capable "d’industrialiser le sur-mesure" en utilisant des matériaux biosourcés et une technologie robo tique. Nous avons déposé un premier brevet sur notre solution de façade bas carbone, un second le sera en 2024 sur la rénovation énergétique. » Quels sont les gains attendus? S. B. M. : «Les délais de chantier sont réduits de moitié par rapport au mode traditionnel de construction. En France, le rythme moyen de production est de 150 m 2 /jour. Avec notre outil industriel, nous serons à 1000 m 2 /jour. Nos solutions, par leur légèreté, permettent de réa liser des parois de façades de très grande por tée et d’intervenir en site occupé avec des nui sances réduites pour les usagers. Tous les matériaux sont 100 % recyclables et réutilisables dans le respect de la norme RE 2020. Autre avantage, il y a zéro déchet sur le chantier. Ceux produits lors de la fabrication sont triés et recy clés en usine avec nos partenaires et fournis

robotique d’Europe hors site destinée

à la préfabrication et à la rénovation énergétique à Boulay-Moselle.

AVEC BIM’STEEL, LE LYCÉE ROBERT-SCHUMAN DE METZ FAIT PEAU NEUVE

La Région Grand Est mobilise 450 M€ sur quatre ans (2022-2026) en faveur de la transition écologique des lycées, dont 250millions pour étendre le périmètre de son plan « Lycées verts » voté en 2021. C’est dans ce cadre que Bim’Steel a été retenu pour réhabiliter les façades et remplacer les menuiseries extérieures du lycée Robert-Schuman et de l’internat sur

une surface de 7297m 2 . Solution : isoler les façades par l’extérieur avec des panneaux préfabriqués complets, composés d’une isolation thermique biosourcée sur ossature métallique, d’un bardage métallique et de châssis aluminium à rupteur de pont thermique équipé de brise-soleil. Le chantier s’est déroulé alors que le bâtiment était occupé. Le plus ?

Des nuisances sonores réduites, en raison du plus faible nombre de points d’attache nécessaires en façade. Et une mise enœuvre rapide au rythme de 1500m 2 de façade et 300m 2 de menuiserie en quatre semaines. Le chantier s’est achevé en juillet 2023, le temps pour les occupants de sentir aux premières chaleurs de l’été les bénéfices immédiats de la rénovation…

TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE - #03 - SECOND SEMESTRE 2023

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MENTION SPÉCIALE PROPOS RECUEILLIS PAR GUILHEM BATTUT

INNOVATION

INDUSTRIE

Notre force, des produits locaux et une production végane

Fabrice

Lévy

© Vincent Zobler

Fabrice Lévy est le PDG de l’entreprise Charcupac, spécialisée dans le tranchage et le conditionnement de viande et de charcuterie. Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots l’activité de votre entreprise? « Charcupac est une société familiale de fabrication de charcuterie créée par mon grand-père au milieu des années 1950, à Ars-sur-Moselle. Lorsqu’il l’a reprise, mon père l’a transformée en une industrie de tranchage et de conditionnement. Depuis que je la dirige, nous sommes également devenus spécialistes de l’importation et de la distribution de produits de charcuterie, issus de France, d’Espagne, d’Italie et d’Allemagne pour les marchés français, belge, hollandais et polonais. Nous employons 150 salariés et une trentaine d’intérimaires. » En 2018, vous avez fait l’acquisition d’une huitième ligne de tranchage et de conditionnement. Avez-vous l’intention de continuer à vous développer? « Nous avons lancé un gros plan d’investissement pour continuer à augmenter notre capacité de production, une nécessité pour pouvoir rester compétitif sur un marché de plus en plus dominé par les coopératives et les grands groupes. Cela va nous permettre de robotiser et mécaniser au maximum les tâches, et donc de limiter les risques de troubles musculosquelettiques (TMS) chez nos employés. Pour nous, leur bien-être est une priorité. » Vous misez également sur des nouveautés… « Là où la course au gigantisme des centrales d’achats favorise la standardisation, les gros volumes et les petits prix, nous proposons une offre différenciante fondée sur des produits locaux. Nous venons aussi de démarrer la production de produits végans. Un marché qui n’est pas antinomique avec les produits carnés. Et puis, innover, c’est notre credo! »

En 2013, Charcupac est devenue une filiale du groupe Les Provinces d’Europe (LPDE). Spécialiste du tranchage et du conditionnement de viande et de charcuterie, la société a réalisé 93 M€ de chiffre d’affaires en 2022. Elle produit chaque année près de 40millions de barquettes. Elle possède une filiale, Fine Lame, dirigée par Pascal Lévy. CHARCUPAC Ars-sur-Moselle (Moselle)

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SECOND SEMESTRE 2023 - #03 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE PREMIER SE ESTRE 2023 - #11 - TE RITOIRE D’ENTREPRENEURS LOI E HAUTE-LOIRE E-HA - IRE S

MENTION SPÉCIALE PROPOS RECUEILLIS PAR GUILHEM BATTUT

INDUSTRIE

Nous soignons l’expérience collaborateur

Manon Schneider

© Megan Lesoeur Vidy

Pour s’adapter à l’évolution du monde du travail, La Fournée Dorée a investi dans de nouvelles actions RH. Rencontre avec Manon Schneider, directrice des Ressources humaines C’est quoi l’innovation Ressources humaines? « Aujourd’hui, les besoins de nos collaborateurs ont évolué. Plus qu’une source de revenus, ils envisagent désormais leur travail comme un vecteur d’épanouissement personnel et d’équilibre de vie. L’innovation RH se base donc sur de nouvelles pra tiques et de nouveaux outils ayant tous deux pour objectif de redéfinir un modèle économique plus soucieux de l’humain, mais aussi de l’environnement et de l’équité sociale. Le tout en continuant à engager et fidéliser les talents. Finalement, l’innova tion RH, c’est soigner l’expérience collaborateur. » Quelles sont ces nouvelles pratiques que vous avez mises en place? « Nous utilisons un système d’information des ressources humaines (SIRH), qui intègre plusieurs logiciels permettant de gérer et/ou d’automatiser un certain nombre de fonctions des RH, comme la gestion de la paie, de l’évolution des carrières ou encore la formation et le recrutement. En parallèle, nous avons lancé en 2018 l’École LFD qui forme chaque année 600 salariés, tout comme nous organisons régulière ment des événements fédérateurs à destination de nos collaborateurs. »

LAFOURNÉE DORÉE Les Achards (Vendée)

Entreprise familiale vendéenne fondée en 1997, La Fournée Dorée est la troisième marque nationale sur le marché des viennoiseries et des pains préemballés. Elle possède sept sites de production : en Vendée, en Moselle, dans l’Yonne et dans la Drôme, et deux au Canada. L’entreprise a enregistré un chiffre d’affaires de 335 M€ en 2021, dont les deux tiers à l’export.

Vos collaborateurs sont également devenus les porte-parole de votre dispositif de communication…

« En 2022, nous avons en effet décidé de construire notre discours de marque employeur à partir des remontées faites lors d’entretiens individuels et autres ateliers participatifs avec nos collaborateurs. En présentant leurs différents ressentis – au travers de vidéos YouTube par exemple –, mais aussi leurs portraits sur nos différents supports, notre communication est d’autant plus authentique qu’elle met en avant leur quotidien, leur savoir-faire, leur engagement et leurs défis. »

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DOSSIER INNOVATION

La « biotech »végétale au service des humains Plant Advanced Technologies récolte, via les racines, des molécules naturelles produites par les plantes. Cosmétologie, compléments alimentaires, pharmacie, agrochimie, ces applications sont nombreuses.

L a description de “plantes à traire®” utili sée par Plant Advanced Technologies (PAT) in terpelle, mais elle illustre parfaitement son concept ! La

besoin. Pour “la traite”, trois à six fois par an, nous faisons tremper les racines dans un bain pour extraire les molé cules des racines, après un process spécifique permet

© PATSA

stress physiques (UV…), etc. Certaines de ces molécules sont intéressantes pour des applications destinées à l’être humain. Ce n’est pas nouveau, les humains se soignent avec les plantes depuis la nuit des temps, cela ne fait que cent ans que nous faisons autre ment… » , sourit le dirigeant, expliquant au passage que les experts estiment que seule la moitié des végétaux existant sur la planète est connue. « Une bonne partie de la phytochimie de ces espèces à découvrir est donc encore in connue, le potentiel est gigan tesque. » Depuis sa création, plus de 2000 espèces sont déjà passées par les mains de la société de « biotech » végé tale. En moyenne, seules une à deux espèces par an sont finalement retenues pour l’in térêt des molécules qu’elles

PHOTO DE GROUPE DES EFFECTIFS DE PAT AU PRINTEMPS 2023.

société de bio technologie vé gétale, créée en 2005 par Jean Paul Fèvre avec deux associés chercheurs dont Frédéric Bourgaud (vice-président

tant de multiplier la production de ces molécules et donc d’optimiser notre modèle , explique le pré sident de PAT, Jean-Paul Fèvre. Notre technologie

« Nous cultivons des végétaux grâce à un système aéroponique »

recherche de PAT), exploite une technologie révolu tionnaire (et brevetée) per mettant de collecter, dans leurs racines, des molécules produites par les végétaux. « Nous cultivons des végétaux, hors sol, dans nos serres près de Nancy et sur l’île de La Ré union. Ils sont suspendus à un mètre du sol, et leurs racines pendent dans le vide. Ils sont nourris grâce à un système aéroponique leur diffusant un brouillard nutritif et leur apportant tout ce dont ils ont

permet de collecter bien plus facilement ces molécules que si elles étaient cultivées en plein champ. » DESMOLÉCULES PRODUITES AUNATUREL Mais de quelles molécules parle-t-on? « Les végétaux ont développé depuis des mil lions d’années des stratégies chimiques pour se protéger contre les agresseurs : les parasites comme les cham pignons, les insectes, les mi cro-organismes du sol, le

42/60 Nombre de chercheurs parmi l’équipe totale dont 25 PhD

2,30 M€ Chiffre d’affaires réalisé sur le dernier exercice 2000 Nombre de végétaux sur lesquels des recherches ont été menées par PAT

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DOSSIER INNOVATION

produisent naturellement. PAT les destine à ses quatre marchés : la cosmétologie, la pharmacie, les compléments alimentaires et l’agrochimie. Pour chacun de ces marchés,

est accompagnée depuis de nombreuses années par le Crédit Agricole de Lorraine. Elle a développé plusieurs ap plications avec une quinzaine

pieds de patate douce, qui revêt un intérêt spécifique pour des crèmes anti-âge. Un développement important est attendu également du côté des nutraceutiques, via un parte nariat avec Fytexia. Côté phar macie, PAT a identifié un actif très intéressant pour le trai tement des inflammations chroniques. « Nous avons déjà investi près de 9 M€ sur ce su jet depuis 2015 et nous espé rons nous rapprocher d’un groupe pharmaceutique. Le potentiel est très important, nous avons créé une filiale spé cifique pour porter ce projet » , signale Jean-Paul Fèvre, an nonçant qu’après dix-huit ans de R&D, PAT est sur le point de connaître une accélération puissante. STÉPHANIE GALLO

de végétaux rete nus au cours de ces deux décen nies de recherche intensive. Par exemple, à partir de molécules pro duites par les mû riers blancs, elle travaille avec le

« La technologie de PAT permet de “traire” les racines des plantes »

Plant Advanced Technologies tra vaille à s’associer avec un parte naire industriel. QUINZE VÉGÉ TAUX RETENUS

La « vieille » start-up, – comme la surnomme son dirigeant en raison de ses 18 ans d’âge et de son mode de financement, pour l’instant appuyé sur des levées de fonds (15 M€ levés sur le marché boursier) ainsi que sur les programmes col laboratifs et les aides d’État –,

groupe Clariant sur des pro duits cosmétiques. Autre mo lécule : celle extraite des ra cines de la grande pimprenelle et qui a un effet de boost proche de celui de la lumino thérapie (humeur, bien-être, etc.). Ou encore cette molé cule, extraite des racines de

© PATSA

« Cette entreprise est passionnante, je suis impressionné par la technologie qu’ils ont développée. Ils sont positionnés sur unmarché porteur, bien dans les tendances actuelles : moins de chimie, plus de naturalité. Même si PAT n’a pas encore trouvé la rentabilité et qu’elle est toujours dans un positionnement de start-up, son potentiel est gigantesque. C’est pour toutes ces raisons que le Crédit Agricole de Lorraine s’implique à ses côtés ».

© CA Lorraine

Nicolas Krzakala, CHARGÉ D’AFFAIRES ENTREPRISES AU CRÉDIT AGRICOLE DE LORRAINE

© PATSA

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La dynamique en chiffres

L’INNOVATION, CLÉ D’ENTRÉE VERS L’INDUSTRIE DU FUTUR Adossée à un schéma régional de développement économique qui accorde une large place à l’innovation, la Région Grand Est entend doper la compétitivité économique et l’emploi sur ses territoires. Des aides ciblées sont dédiées à toutes les entreprises. Présentation en chiffres.

L’innovation dans le Grand Est (1)

DES START-UPACCOMPAGNÉES ET SOUTENUES

50 structures d’innovation et de transfert de technologie

région française en matière de dépôts de brevets européens 4 e

5 incubateurs d’excellence dédiés aux start-up innovantes

1 accélérateur de start-up innovantes : Scal’E-Nov (2)

93 start-up soutenues par Scal’E-Nov depuis 2019

40 M€ de levées de fonds depuis 2019 qui a assuré

6 pôles de compétitivité

11 839 chercheurs

,

Quatre aides à l’innovation…

... et des subventions portées par la Région Grand Est

Projets d’innovation en Région Grand Est (3)

Projets de filières en Région Grand Est (4) (5)

Grand Est start-up (8)

75000 € et 500000 € Aide financière comprise entre par projet Appel à projets ouvert à l’attention des PME et des ETI du 20 juin 2022 au 31 décembre 2025 Aide financière comprise entre Projets collaboratifs (I-Démo régionalisé) en Région Grand Est (6)

200000 € et 5 M€ Aide financière comprise entre par projet Appel à projets ouvert à l’attention des PME, des ETI et des grandes entreprises du 20 juin 2022 au 31 décembre 2023 Appel à projet ouvert aux entreprises pour la création d’offres de formation innovantes en partenariat avec des acteurs de la formation Aide financière comprise entre 200000 € et 2 M€ par projet. Projets formations innovantes en Région Grand Est (7)

30000 €

à la création d’entreprise à caractère innovant

100000 €

pour soutenir les premiers développements de la R&D

Aide aux projets de R&D et d’innovation des grandes entreprises (9)

500000 € et 2 M€ par projet

50000 € à 250000 €

Appel à projets ouvert à l’attention de consortium d’entreprises du territoire régional (dont au moins une PME ou une ETI, et un partenaire de recherche) du 26 octobre 2022 au 28 octobre 2025

Aide accordée aux entreprises implantées en Région Grand Est ou susceptibles de s’y implanter

(1) Cci.fr/ressources/informations-economiques/presentation-economique-des-regions/grand-est (2) Scalenov.fr (3) Innovationavenir.grandest.fr (4) et (5) Source 1 : Innovationavenir.grandest.fr – Source 2 : Fonds-publics.fr (6) Innovationavenir.grandest.fr (7) Presse.bpifrance.fr (8) Grandest.fr (9) Grandest.fr

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Lorcos, l’ADNde l’innovation Spécialisée dans la fabrication de savons depuis 1976, l’entreprise installée à Lunéville conçoit des contenants tout aussi innovants que leur contenu.

LORCOS RÉALISE AUJOURD'HUI 12 M€ DE CHIFFRE D'AFFAIRES.

© Gettyimages - Sissoupitch

P assée des produits d’entretien ménager et d’essuyage à l’hy giène et la cosmé tique, Lorcos a réussi en

10 Salariés composent le département innovation, dont 5 à temps plein 10 % Budget de l’entreprise sont consacrés à l’innovation 10 Innovations produits par an en moyenne tique s’engagent elles-mêmes dans des programmes ambi tieux et communiquent sur ce sujet. « Elles nous demandent donc de leur proposer des pro duits innovants, différenciants. Des produits performants, de qualité et durables » , conclut Philippe Thuvien. JACQUES DONNAY

Lorcos » , confirme Philippe Thuvien, directeur général. Intégrée au groupe Bernard Cosmetics depuis 1997, l’en treprise concentre au

contre le gaspillage et pour la promotion d’une économie circulaire, les innovations doivent en effet être plus res pectueuses des grands enjeux qui agitent la planète. Le mes sage a été parfaitement en tendu chez Lorcos. « Dans l’esprit du décret 3R, qui im pose de réduire, réemployer et recycler le plastique, nous réfléchissons vraiment à dimi nuer son usage, voire à nous en affranchir totalement. Au niveau du packaging, nous sommes également en train de remplacer la cellophane en PET par du papier » , indique le directeur général de Lorcos. De même, pour ses formula tions, l’entreprise essaie de remplacer les matières pre mières à fort impact environ nemental par des matières beaucoup plus vertueuses. Cette démarche durable est bien évidemment encouragée par les clients de Lorcos. Ces grandes marques de cosmé-

quelques années le tour de force de se réinventer et de s’installer en acteur de réfé rence sur son nouveau marché. Pour relever ce challenge, l’entre prise, qui réalise

jourd’hui toutes ses activités de recherche et dé veloppement , d’innovation et de fabrication sur son site de Lunéville. Struc turé au fil du temps, le dépar

« Nous réfléchissons à réduire l’usage du plastique, voire à nous en affranchir »

aujourd’hui 12 M€ de chiffre d’affaires, a très rapidement pris le virage de l’innovation. Spécialisée dans la fabrica tion de savons, elle lance dès 1980 ses premiers gels douche. Puis s’applique en suite à défricher de nouvelles voies. Elle développe ainsi successivement des sham poings solides, en 2010, et des shampoings poudre quatre ans plus tard. « L’in novation est dans l’ADN de

tement innovation réunit désormais dix des 80 colla borateurs de l’entreprise. INNOVER TOUT EN PROTÉGEANT LA PLANÈTE Cette équipe, qui travaille bien entendu sur le produit en lui-même, mais aussi sur le contenant, intègre invaria blement une dimension envi ronnementale dans ses dé marches. Avec le vote de la loi Agec en 2020, sur la lutte

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