Territoire d'entrepreneurs Lorraine n°2
Publication animée
#02
LORRAINE Premier semestre 2023
CRÉER DE L’ÉNERGIE Humens vise la fin du charbon à toute vapeur
DÉVELOPPER LES CIRCUITS COURTS Probiolor, à l’origine d’une filière malt locale
Sodipro a le sens des « à faire » PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT
François DIRIGEANT DE PRÊT À PARTIR Piot
La transition énergétique comme source de résultat
PREMIER SEMESTRE 2023 - #02 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE Ce magazine vous est offert par le CRÉDIT AGRICOLE DE LORRAINE
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ÉDITO
« La RSE, un sujet aussi stratégique qu’inspirant »
© CA Lorraine
J’ai le plaisir de vous présenter le deuxième numéro de Territoire d’entrepreneurs. Nous avons conçu cemagazine afin demettre en lumière les entreprises qui jouent un rôle clé dans la vitalité et le développement de notre région. Nous les connaissons bien, car beaucoup d’entre elles sont clientes de notre banque. Depuis toujours, notre ambi tion est d’être pour elles unpartenaire de confiance et de proximité, qui les aide à créer de la valeur au bénéfice de tous les acteurs locaux et à préparer l’avenir en s’adaptant aux transformations de la société. Or, nous sommes aujourd’hui face à des mutations majeures de notre environne ment et de notre société touchant à la fois l’énergie, l’agriculture, l’emploi, l’alimentation, l’environnement et la cohésion sociale. Les entreprises ont conscience des enjeux associés à ces changements et sont de plus enplus nombreuses à y répondre en exerçant leur responsabilité sociétale. Nous sommes une fois encore à leurs côtés, d’autant plus résolus à les soutenir que le groupe Crédit Agricole a défini fin 2021 un vaste plan-pro gramme dans lequel nous prenons dix engagements pour accompagner les transitions dans les territoires. C’est pourquoi nous avons choisi de consacrer ce deuxième numéro à la respon sabilité sociétale des entreprises (RSE). Nous voulons ainsi rendre hommage au volon tarisme des entreprises de Lorraine enmatière de RSE etmontrer la diversité et la force de leurs démarches dans ce domaine. En valorisant quelques-unes de leurs initiatives inspirantes, nous espérons aussi répandre les bonnes pratiques autour d’une croissance durable et promouvoir une idée de la performance qui dépasse le seul cadre économique. Bonne lecture!
Laurent Cazelles DIRECTEUR GÉNÉRAL DU CRÉDITAGRICOLE DE LORRAINE
PREMIER SEMESTRE 2023 - #02 - TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE
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SOMMAIRE
p. 5
VALORISER L’HUMAIN Piskorski, Briey Super U, Ferco…
Trois entreprises qui placent l’humain au cœur de leur stratégie RSE LA DYNAMIQUE EN CHIFFRES – Une montée en puissance de la RSE en 2021
p. 7
p. 8
PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT CORDM récompensée pour ses pratiques vertueuses, rencontre avec Patrick Gabriel, directeur général Rega électrise son projet d’entreprise FM Logistic bâtit et transporte durablement Pour la planète, Sodipro a le sens des « à faire »
p. 10
p. 11
p. 13
p. 14
CRÉER DE L’ÉNERGIE « La transition énergétique comme source de résultat », entretien avec François Piot, dirigeant de Prêt à Partir Acreos économise et produit de l’énergie Pleins gaz pour EMC2! STV développe son autonomie énergétique dès maintenant
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p. 21
Les camions rouges de Behm passent au vert Humens vise la fin du charbon à toute vapeur La tribune du Crédit Agricole de Lorraine «Les entreprises ont compris qu’elles avaient un rôle majeur à jouer dans la société» Entretien avec Jean-François Rinfray, directeur général adjoint de la Caisse régionale du Crédit Agricole de Lorraine
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p. 25
DÉVELOPPER LES CIRCUITS COURTS Probiolor, à l’origine d’une filière malt locale
TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE - #02 - PREMIER SEMESTRE 2023
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VALORISER L’HUMAIN
Travail du bois et emploi local : le pari de Piskorski Spécialisée dans l’exploitation forestière et le transport du bois, l’entreprise meusienne s’applique à maintenir l’emploi à proximité de ses sites.
Briey Super U : priorité au bien-être des salariés
« N ous sommes une des très rares grandes surfaces à ne pas ouvrir le di manche » , souligne Sté phane Piguet, le dirigeant du Super U Briey. Une position intangible à la quelle il tient depuis sa reprise de l’établissement en 2011 et qui, re connaît-il, lui fait probablement perdre un peu de chiffre d’affaires, mais qui lui permet de préserver la vie familiale de la centaine de colla borateurs de sonmagasin. Pour aller plus loin, il va engager une réflexion pour réussir, dans les prochains mois, à basculer leur planning sur cinq jours par semaine, au lieu de six pour la plupart actuellement (à heures équivalentes). Car la santé de ses salariés, leur bien-être au tra vail et leur épanouissement figurent tout en haut de sa liste de priorités. « Je ne crois pas avoir déjà dit non à un salarié me demandant un équi pement ou un outil permettant d’amé liorer son confort ou sa sécurité! » . Le résultat parle de lui-même : un turn-over particulièrement faible au regard des pratiques observées dans la grande distribution et unemarque employeur attractive. STÉPHANIE GALLO
© Fend Hatat
LE PERSONNEL DE L’ENTREPRISE HABITE MAJORITAIREMENT AUX ALENTOURS DU SIÈGE.
© Bertrand Jamot
À Brieulles-sur-Meuse, la qua trième génération qui s’ins talle progressivement aux commandes de la société familiale Piskorski a hérité des valeurs de ses devancières. À commencer par cette volonté affichée de développer l’emploi local. Une tâche facilitée par la nature même de son activité. « Nous avons des métiers de proximité. Tout d’abord parce que la forêt est autour de nous. Et ensuite parce que, pour des raisons économiques, il est nécessaire d’assurer la transformation du bois près des sites d’exploitation » , explique Maxence Piskorski. Qu’il s’agisse de l’activité historique de l’entreprise, l’exploitation forestière et le transport de bois, ou de celle, plus récente, tour née vers la fourniture de bois énergie, tout se déroule dans un rayon de 80 à 100 km autour des exploitations.
« Nous travaillons principalement dans la Meuse, la Haute-Marne, la Marne et les Ardennes » , précise-t-il.
LAMONTÉE EN COMPÉTENCES COMME FIL ROUGE
Pour ce faire, l’entreprise puise dans le vivier local. Chauffeurs routiers, ouvriers de production, agents de maintenance, agents de mécanique… la plupart des 75 salariés habitent à 20 à 30 km du siège de Brieulles-sur Meuse. Ils peuvent monter en compé tences, en suivant les formations dis pensées directement dans l’entreprise. « La promotion interne est une valeur fondamentale dans une PME familiale qui entend se développer durablement sur son territoire » , analyse Maxence Piskorski. JACQUES DONNAY
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VALORISER L’HUMAIN
DES COLLABORATEURS, ACTEURS DE LADÉMARCHE RSE
Ils sont environ 700 à œuvrer sur le site de l’entreprise Ferco pour fabriquer des ferrures et serrures de bâtiment. Ils sont aussi acteurs de la stratégie RSE de l’entreprise. Zoom.
© Thomas Lang
L a RSE est un véritable fil rouge dans la stra tégie de Ferco, et les salariés de l’entreprise y sont associés. « C’est grâce à eux que nous progressons. Il est donc essentiel qu’ils se sentent bien à leur poste et dans leur entreprise » , insiste Fabien Schmitz, le dirigeant de la filiale du groupe alle mand Gretsch-Unitas, spécia lisée dans la fabrication de ferrures pour le bâtiment. Les salariés participent donc ré gulièrement à des groupes de travail sur différents sujets comme l’amélioration de la qualité et des process dans les bureaux et dans les ate liers, la propreté, etc. Des indicateurs ont été mis en place pour mesurer la satis faction des collaborateurs. Tous les trois mois, à l’aide d’enquêtes anonymes, ils sont
L’ENTREPRISE TISSE DES LIENS AVEC SON TERRITOIRE MAIS AUSSI AVEC SES COLLABORATEURS.
invités à répondre à des ques tions sur l’ambiance, sur la prise en compte de leurs pro
collaborateurs. « Nous avons la volonté de créer et de pro duire en France de manière
positions, sur leurs rapports avec leur manage ment, sur l’impact du travail sur leur santé. Ils peuvent être aussi amenés à s’exprimer sur les économies d’énergie envisa geables, un sujet
durable. Comme nous maîtrisons une grande par tie de la concep tion de nos produits, nous réf léchissons ensemble sur la manière de les fabriquer le plus économique
« La plupart des fournisseurs sont installés dans un rayon de 400 km autour de l’entreprise. »
5 à 6 M€ Somme investie tous les ans dans l’automatisation et la réduction des émissions de gaz à effet de serre 80% Part des clients livrés en direct -2% Baisse de la consommation énergétique (électricité et gaz) de l'entreprise en 2022 par rapport à l’année de référence, ramenée à activité équivalente
plus stratégique et écologique que jamais à l’heure où les prix du gaz et de l’électricité s’envolent. TRAVAILLER LOCAL Par ailleurs, l’entreprise de Ré ding a placé la proximité et le circuit court au cœur de sa démarche. Ainsi, elle renforce le lien qu’elle a tissé avec son territoire, mais aussi avec ses
ment possible, en travaillant en local, afin de réduire notre impact environnemental, et en choisissant des matériaux recyclables. Pour chaque pro duit, nous avons d’ailleurs établi des fiches de déclara tion environnementale et sanitaire » , conclut Fabien Schmitz, à la tête de Ferco de puis dix-sept ans. JACQUES DONNAY
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La dynamique en chiffres
UNE MONTÉE EN PUISSANCE DE LA RSE EN 2021 Transition énergétique, protection de l’environnement, emploi et insertion professionnelle, égalité des chances… Face à l’urgence climatique et à l’ampleur des défis contemporains, les entreprises françaises sont de plus en plus nombreuses à s’engager pour des causes sociétales. Où en est-on aujourd’hui, notamment dans le Grand Est? Réponses sous forme de chiffres-clés.
Partout, en France, des entreprises s’investissent dans la RSE…
SUR LES 345 ENTREPRISES INTERROGÉES POUR RÉALISER LE BAROMÈTRE DE LARSE OPEN SOURCE 2021 :
GLOBALEMENT,
65 %
84 %
47 %
80%
64 %
ont un représentant de la RSE dans leurs instances de direction
ont déjà mis en place des actions pour favoriser l’égalité femmes-hommes dans leurs équipes
ont déjà mesuré leur empreinte carbone et
des grands groupes
des ETI
33 %
38 %
34 %
58 % ont déjà accueilli des collégiens en stage de 3 e
63 %
des PME
des TPE
ont prévu de le faire
qui ont répondu à l’enquête se disent « actifs », voire « très actifs », sur l’ensemble des sujets de RSE
ont déjà mis en place des actions de mécénat pour contribuer à l’intérêt général
,
... et qu’en est-il dans le Grand Est?
590
177
134
28 entreprises sont labellisées « engagées RSE » par l’Afnor
entreprises sont membres d’ Initiatives Durables, réseau de référence de l’économie responsable dans la région (2)
entreprises sont membres du Centre des jeunes dirigeants d’entreprise (CJD), mouvement d’entrepreneurs engagés et humanistes (1)
entreprises sont membres de la communauté du CoqVert, qui réunit les entreprises engagées dans la transition écologique et énergétique (3)
Cela met la région en 4 e position derrière l’Île-de-France (84), la Nouvelle-Aquitaine (60) et l’Occitanie (38) (4)
54 53
LE NOMBRE DE DOSSIERS DE CANDIDATURE AUX TROPHÉES RSE GRAND EST, ORGANISÉS PAR L’ASSOCIATION INITIATIVES DURABLES, APLUS QUE DOUBLÉ EN 5ANS (2)
34
23 27
2017 2018 2019 2020 2021
Sources : (1) CJD. (2) (3) Initiatives Durables. (4) BPI France. (4) Afnor.
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PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT
Fabricante d’engrenages à destination des secteurs ferroviaire et minier, la société coopérative de production industrielle (Scop) CORDM veut accélérer sa démarche RSE. Patrick Gabriel, son directeur général, explique ses ambitions en la matière. CORDMRÉCOMPENSÉE POUR SES PRATIQUESVERTUEUSES
CORDM FAIT DU BIEN-ÊTRE DE SES COLLABORATEURS UNE PRIORITÉ.
© Bertrand Jamot
En mars dernier, vous avez obtenu la médaille d’argent du label Écovadis, plateforme indépendante d’évaluation des performances RSE des entreprises. La notation que vous avez obtenue vous satisfait-elle? Patrick Gabriel : « Nous nous sommes lancés dans cette démarche à la demande de l’un de nos clients importants, qui souhaitait s’assurer que ses sous-traitants étaient bien impliqués dans une dynamique responsable. Cette certifi cation a nécessité un investissement en termes de temps et d’argent, c’est certain, mais nous sommes plutôt satisfaits! Elle nous a permis de prendre du recul sur nos points forts et nos points faibles. Je dois reconnaître que nous avions une petite crainte parce que nous sommes usineurs tout de même. Nous utilisons de l’huile
et des aciers, nous consommons du gaz et de l’électricité. Notre métier n’est pas forcément associé à l’image d’une industrie verte… » Et pourtant, le niveau argent est déjà significatif pour une PME industrielle de 78 salariés comme la vôtre, qui réalise un chiffre d’affaires de 14 M€. Cela signifie que vous aviez déjà un certain nombre de pratiques vertueuses en matière de RSE. Pouvez-vous nous en citer quelques-unes ? P.G. : « Nous avons par exemple remplacé une bonne partie des éclairages de nos ateliers par des ampoules LED, ce qui permet de réduire de manière très importante la consommation d’énergie liée à ce poste. Nous portons une grande attention au traitement de nos déchets.
2000 Remplacement de l’éclairage des ateliers par des LED 2022 Certification Écovadis niveau argent 2023 Investissement dans un nouveau bâtiment avec installation de panneaux solaires
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Dès que nous investissons, nous sommes attentifs au sujet environnemental PATRICKGABRIEL DIRECTEUR GÉNÉRAL DE CORDM
Par exemple, nous avons fait en sorte de repla cer à des postes plus adaptés des salariés qui se trouvaient désormais atteints d’un handicap. Nous n’avons aucun a priori à l’embauche de personnes ayant une reconnaissance de la qua lité de travailleur handicapé (RQTH), nous en avons déjà engagé. J’estime qu’il est important que les entreprises prennent leur part dans ces sujets lorsque c’est possible. Pour la santé des équipes, nous avons par ailleurs remplacé les huiles d’usinage que nous utilisions jusqu’ici par des huiles qui n’émettent pas de fumée. Dans un autre registre, nous avons mis en place diverses chartes éthiques. Par exemple, concernant les achats, nous veillons aux éventuelles velléités de corruption. » Comptez-vous poursuivre sur ce chemin d’une politique RSE toujours plus forte? P. G.: « Bien entendu! Nous envoyons désormais chaque mois nos relevés de consommation énergétique à Écovadis. D’ici quelques mois, nous pourrons probablement en tirer des ensei gnements précis. En attendant, nous savons que nous pouvons progresser, nous avons de quoi travailler. Nous avons d’ailleurs déjà iden tifié des axes d’amélioration. Par exemple, nous devons poursuivre le changement de nos éclai rages. Et puis, nous avons un sujet important à venir, celui d’un investissement dans un nou veau bâtiment, car nous sommes actuellement déjà un peu trop à l’étroit. Et comme nous sommes en phase de croissance, nous devons penser à pousser les murs. Ce bâtiment nous permettra de mieux organiser le tri de nos déchets. Nous envisageons par ailleurs de l’équi per de panneaux solaires. » STÉPHANIE GALLO
Nous avons également acheté récemment un compresseur plus performant et plus éco nome. En réalité, désormais, dès que nous investissons, nous sommes très attentifs au sujet environnemental. Autre exemple qui peut sembler anecdotique, mais qui démontre notre état d’esprit : nous utilisons des gobelets et des gourdes pour éviter les gobelets jetables, lesquels sont désormais proscrits. »
Et sur le volet humain?
P. G.: « CORDM est une SCOP, elle a été créée il y a 40 ans par des sala riés qui souhaitaient relancer
l’activité après la faillite de l’entreprise. Cet esprit est toujours là, même si le dernier des sociétaires de la première ligne est parti à la retraite il y a
quelques mois. Nous sommes soucieux du bien-être des collaborateurs et
nous nous pla çons dans une perspective de bienveillance.
DES AXES D’AMÉLIORATION AUSSI DANS LE PROCESS DE PRODUCTION Si les leviers de réductionde l’empreinte carbone sont plus coûteux et plus complexes àmettre enœuvre sur leprocess deproductionque sur des sujets comme l’éclairage ou le chauffage, CORDMcomptebien s’améliorer aussi sur ceplan. Exemple significatif de cetteperspective : la SCOPpense investir dans une essoreuse à copeaux. Celle-ci séparerademanière efficace l’huiledes copeaux générés par les opérations d’usinage. « Cela permettra de réutiliser cette huile, et donc non seulement d’en consommermoins, mais aussi demettre à la refonte des copeaux plus propres » , soulignePatrickGabriel.
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REGAÉLECTRISE SONPROJETD’ENTREPRISE
Installé depuis deux ans entre Metz et Nancy, dans un bâtiment écoconçu, le groupe spécialisé dans la distribution de boissons
veut relever le défi de la transition énergétique.
P résident et unique di rigeant du groupe Rega depuis cinq ans, Gilles Claudel sait per tinemment que le virage de la transition énergétique est plus lourd à assumer pour une PME que pour un grand groupe. Mais il entend démontrer que rien n’est impossible, lorsque la volonté est là. « C’est une question d’état d’esprit » , as sure-t-il. Il a donc engagé Rega
© Bertrand Jamot
LE NOUVEAU SITE DE 7 000 M 2 A ÉTÉ INAUGURÉ EN 2020.
avoir à chauffer la plateforme de stockage en hiver. « Dans le même temps, nous avons adopté une nouvelle stratégie énergétique, poursuit le diri geant. Désormais, 100 % des équipements utilisés sur ce site sont alimentés par l’éner gie électrique : chariots éléva teurs, stockeurs-déstockeurs, transpalettes… » Cette démarche d’électrifica tion s’est également invitée dans la politique de renouvel lement de la flotte de Rega. Un premier camion porteur 100 % électrique a été mis en ser vice. Comme les deux petits véhicules hybrides, essence et GPL, achetés précédemment, il permettra au groupe d’assu rer ses livraisons en cœur de ville lorsque des zones à faibles émissions mobilité se ront mises en place. JACQUES DONNAY
Building, il traduit les ambi tions du groupe en matière de développement économique, bien entendu, mais aussi d’en gagement en faveur d’un ave nir plus durable. L’ÉNERGIE ÉLECTRIQUE AU CŒUR DE LA STRATÉGIE Offrant une capacité de stockage trois fois plus im portante que sur les deux entrepôts qu’il remplace, il
100 % Taux des emballages consignés et/ou recyclés 6 M€ Somme investie pour réaliser le nouveau site 1 chargée de projet recrutée pour développer
dans une dé marche RSE ambi tieuse, qui s’est n o t a m m e n t concrétisée par la construction d’un nouveau site à Lesménils. Inau guré à l’été 2020,
a été réalisé avec la mise en œuvre de matériaux biosourcés et re cyclables. « Ce qui a permis de réduire son im pact carbone » , se réjouit Gilles
« 100 % des équipements utilisés sont alimentés par l’énergie électrique »
ce vaisseau de 7000 m 2 abrite le siège du groupe, ainsi que sa principale plateforme lo gistique. Réalisé par GA Smart
Claudel. Par ailleurs, certifié HQE, le bâtiment bénéficie d’un niveau d’isolation suffi samment élevé pour ne pas
la politique RSE et assurer le suivi des actions
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PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT
FMLOGISTIC BÂTITET TRANSPORTE DURABLEMENT Véritable institution de l’économie mosellane,
cette entreprise, créée il y a 55 ans, conjugue ses ambitions de croissance avec le respect de son environnement. N é à Phalsbourg de l’union des familles Faure et Machet, toutes deux spécia lisées dans le transport, avant d’élar gir leur champ d’intervention à l’en treposage puis au conditionnement à façon, le groupe FM Logistic s’est depuis bien long temps affranchi des frontières. Mais en restant fidèle à ses origines mosellanes. « Le siège est toujours installé à Phalsbourg, où 300 collabo rateurs continuent d’écrire l’histoire de l’entre prise » , rappelle Jean-Michel Dray, directeur financier de FM Holding. Conscient de l’impact de ses activités sur l’en vironnement en général, notamment dans les territoires qui accueillent ses entrepôts, et plus encore sur le quotidien de son voisinage direct, FM Logistic s’applique très tôt à réduire les nuisances générées. « Les familles diri geantes ont orienté notre démarche RSE dans RELEVER LE DÉFI DES NUISANCES LIÉES AU TRANSPORT
© Thomas Lang
JEAN-MICHEL DRAY, DIRECTEUR FINANCIER DE FM HOLDING.
en matière de transport à horizon 2030. Pour y parvenir, il a notamment optimisé ses plate formes. Ainsi, en réunissant sur un même site
ce sens » , confirme-t-il. Sou cieuses de construire un groupe pérenne et durable, elles se penchent donc sur les questions du bruit et de la pol lution de leurs sites. Bien que la mise en œuvre du transport ait été entièrement externali sée depuis de nombreuses an nées, FM Logistic reste seul
des clients qui ont les mêmes schémas de distribution et qui doivent livrer les mêmes ma gasins aux mêmes temporali tés, FM Logistic réduit ses flux. « Nous faisons circuler moins de camions et ils ne roulent pas à vide ou à seulement 30 % de remplissage » , détaille M. Dray.
2009 Décision de construire des bâtiments labellisés HQE 2018 Intégration officielle de la RSE dans la stratégie du groupe 2022 Création du département Bien-être, Santé et Sécurité au travail
« Intégrer l’impact environnemental dans la construction
de nos entrepôts était essentiel »
DES ENTREPÔTS CONSTRUITS POUR DURER
décisionnaire pour organiser celui-ci. « Nous ne sommes pas propriétaires des tracteurs mais des remorques » , explique Jean-Michel Dray. À ce titre, le groupe s’est fixé un objectif am bitieux : réduire de 30 % son empreinte carbone
Aujourd’hui, avant tout acteur de l’entreposage, le groupe s’est aussi penché sur l’impact en vironnemental de son immobilier. Dès 2009,
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90 % des collaborateurs recommandent leur entreprise 100 % de l’éclairage est assuré par des ampoules LED
35 % de réduction des émissions
de carbone liées au transport en dix ans
© FM Logistic
il décide de construire des bâtiments labellisés HQE. Un choix qui implique une hausse des coûts de construction, mais totalement assu mé par les dirigeants. « Comme nous sommes propriétaires de 40 % de nos entrepôts et qu’ils
habillés de skydomes aux plafonds, pour faire entrer la lumière naturelle. « Nous avons aussi des baies vitrées, ce qui est rare dans l’entrepo sage, afin de donner plus de luminosité aux personnes qui travaillent au co-packing » , ajoute
Jean-Michel Dray. Enfin, pour ac compagner ses actions de réduc tion de la consommation énergé tique, FM Logistic travaille désormais à la production d’éner gie verte. Des panneaux photovol taïques ont été installés, aussi bien sur les toits qu’au sol. « Ils sont exclusivement destinés à la
sont notre outil de travail, nous voulons que ces bâtiments durent dans le temps. Et pour cela, nous avons considéré qu’intégrer leur impact environnemental était essentiel » , explique Jean-Michel Dray. Créée en 1982, la filiale dédiée à la construction de ces entrepôts doit relever ce défi.
« Réduire de 30 % notre empreinte carbone en matière de transport à horizon 2030 »
Baptisée NG Concept, elle vise la neutralité carbone sur les bâtiments d’ici 2030. Pour y parvenir, elle a conçu un design spécifique lié à l’activité du groupe, en surinvestissant no tamment dans l’isolation, afin de réduire les variations de température dans les entrepôts. Ainsi, en hiver, FM Logistic n’a pas besoin de chauffer certains bâtiments, où sont stockés des produits qui doivent être conservés en température dirigée, entre 18 et 20 degrés. « Le chauffage représente 30 % de la consom mation énergétique de nos bâtiments et une variation de la température de 1 degré génère 7 % d’émissions de CO 2 en plus à l’année » , in dique le directeur financier. BASCULER VERS LES ÉNERGIES VERTES Autre poste important, puisqu’il représente 20 % de la consommation énergétique des bâtiments, l’éclairage a également été optimisé. Des cap teurs de présence et des ampoules LED ont été installés dans les entrepôts, qui sont désormais
consommation des sites français, italiens et es pagnols sur lesquels ils sont logés » , précise-t-il. Avant d’ajouter : «Notre objectif est de dévelop per ce modèle partout dans le monde. » JACQUES DONNAY
« Nous partageons les mêmes valeurs de confiance. Nous accompagnons depuis de longues années ce groupe qui est resté ancré sur le territoire lorrain, tout en se développant à l’international. Nous partageons les mêmes valeurs de confiance, de performance et d’ouverture. Nous avons ainsi accompagné FMLogistic avec des prêts à impact, liés à ses performances environnementales et sociales. Le groupe a toujours cherché à développer des solutions évolutives, réactives et durables, qui sont respectueuses de l’environnement, comme le co-packing ou encore le développement d’une logistique urbaine responsable. »
© CA Lorraine
CorinneWeber, DIRECTRICE AGENCE ENTREPRISES AU CRÉDIT AGRICOLE DE LORRAINE
TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE - #02 - PREMIER SEMESTRE 2023
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PROTÉGER L’ENVIRONNEMENT
POUR LAPLANÈTE, SODIPRO ALE SENS DES “ÀFAIRE” L’entreprise de détergents et de
produits d’hygiène corporelle d’Allain (54) mise sur ses bonnes actions pour la planète. Des « à faire » inspirants et qualitatifs qui lui permettent aussi de faire la différence. Explications. Q uoi de commun entre une pierre d’argile, de l’huile de coco, un noyau de mirabelle, un panneau so
SODIPRO A REMPLACÉ L’HUILE DE PALME PAR L’HUILE DE COCO DEPUIS DE NOMBREUSES ANNÉES.
© Bertrand Jamot
est raisonnée – a un impact moindre sur les écosystèmes. Sodipro se fournit pour cela à Sao Tomé-et-Principe, état in sulaire africain proche de
Mathiot, directeur général. Nous avons récemment investi dans une unité de retraitement qui nous permettra de réutiliser l’eau en interne et de diviser par dix nos rejets d’eaux de la vage. » Par ailleurs, Sodipro propose un de ses produits phares, la pierre d’argile, dans un nouveau conditionnement réutilisable, pour lequel l’en treprise a remporté un appel à projets de l’Agence de la tran sition écologique, en 2021. BIENTÔT DES PANNEAUX PHOTOVOLTAÏQUES L’engagement de Sodipro ne s’arrête pas à la sortie d’usine et s’inscrit également dans une vision engagée du développe ment de son territoire. Car, pour Julien Mathiot « dans une période économique difficile, on tient le coup en se différen ciant par la durabilité, la qua lité et le sens qu’on donne à son activité ». Ainsi, l’entreprise, en lien avec des partenaires et
des associations locales, déve loppe un projet d’installation photovoltaïque sur ses toits, qui permettra d’alimenter ses voisins industriels et particu liers en électricité… aussi propre que ses savons! PIERRE DE BEAUVILLÉ 3 M Nombre d’unités produites par Sodipro en 2021 (savons, détergents et pastilles) 10 Division par dix de la quantité d’eaux de lavage rejetées grâce à une unité de retraitement 2500 m² Surface de panneaux
l’Équateur, chez un producteur certifié commerce équitable. Pour ses autres ma tières premières, l’entreprise privi légie les circuits courts et l’appro
laire? La ré ponse: Sodipro! Chacun de ces éléments reflète en effet l’exigence permanente de ce spécialiste des détergents et pro duits d’hygiène
« Se différencier par la qualité, la durabilité et la quête de sens »
visionnement le plus local possible, en France et en Eu rope. C’est notamment le cas avec la poudre de noyaux de nos célèbres mirabelles de Lor raine, utilisée pour la confec tion des savons abrasifs.
corporelle, certifiés Écocert, pour préserver l’environne ment à chaque étape de son activité. COMMERCE ÉQUITABLE ET CIRCUITS COURTS Pour fabriquer ses produits, Sodipro a banni l’huile de palme et utilise de l’huile de coco depuis de nombreuses années. Cet ingrédient incon tournable, compte tenu de ses propriétés physico-chimiques, et son exploitation – quand elle
RÉDUIRE LES DÉCHETS
Pour maîtriser l’impact en sor tie de ses activités, Sodipro veille à limiter drastiquement ses rejets. « Tous nos effluents sont retraités, explique Julien
solaires prévue à l’horizon 2023
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1450 SALARIÉS 29 M€ MONTANT INVESTI ENDIXANS DANS LES ENR 50 % ÉMISSIONSANNUELLES DE CO 2 COMPENSÉES PAR LE GROUPE 850 NOMBRE DEMESSAGES ENVOYÉS PAR LE DIRIGEANT AUX SALARIÉS DEPUIS LE 17MARS 2020. L’ÉQUIVALENT DE 12 ROMANS…
© Bertrand Jamot
TERRITOIRE D’ENTREPRENEURS LORRAINE - #02 - PREMIER SEMESTRE 2023 REPRENEURS LOR AINE - #02 - DEUXIÈME 2
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CRÉER DE L’ÉNERGIE
François Piot
La transition énergétique comme source de résultat
Dirigeant du groupe familial Prêt à Partir, spécialiste du voyage et du transport, François Piot a intégré au cœur de l’entreprise un nouveau secteur d’activité pour compenser les émissions de CO 2 . Désormais, Prêt à Partir produit aussi des énergies vertes.
Comment présenteriez-vous Prêt à Partir? François Piot : «Prêt à Partir est un fonds d’in vestissement métiers. Historiquement, le groupe familial s’est développé sur les activités de voyagiste et de transport de personnes. Aujourd’hui, nous sommes plus largement tour nés vers les métiers de services à la mobilité et au voyage, mais pas seulement. En pratique, nous exerçons quatre métiers : le transport, les loisirs, la production d’énergies renouvelables et l’inno vation, via l’accueil dans nos murs de start-up dans lesquelles nous investissons sur nos fonds propres. Chaque métier est organisé en holding avec ses filiales. Nous avons enregistré un chiffre d’affaires de 67,73 M€ en 2021 avec 1450 salariés, sans compter les effectifs des start-up! » Avec quelles convictions avez-vous réussi la transformation de votre groupe? F. P. : «Il y a vingt ans, l’entreprise s’est trouvée en grande difficulté. Nous avons surmonté cette crise en cédant les deux tiers de notre activité transport – notre activité historique – à Transdev. Le jeune chef d’entreprise que j’étais a compris qu’il n’y avait pas de développement possible pour une entreprise sans rentabilité ni gestion rigoureuse de la trésorerie. Patron chrétien et humaniste, je pratique un management bien veillant dans lequel la curiosité, le droit à l’erreur, le respect mutuel, la sincérité et la transparence sont des valeurs fondatrices. Pendant le Covid, nous avons compensé les 14 % des salaires non pris en charge par le chômage partiel, convain cus qu’une entreprise responsable doit protéger ses salariés. J’ai pris également l’habitude d’en
voyer unmessage quotidien àmes collaborateurs pour leur parler de l’entreprise, garder le lien et préparer l’avenir. L’ambiance a évolué. Je m’ins pire beaucoup de l’industriel Jean-François Zobrist et de ses principes : « Bonne foi, bon sens, bonne volonté, bonne humeur ». Je ne suis pas un « bisounours » pour autant. Le groupe gagne de l’argent et réinvestit 95 % de ses résul tats… » Justement, Prêt à Partir s’est engagée en 2015 à compenser 100 %de ses émissions de CO 2 d’ici à 2025. Pourquoi un tel engagement? F. P. : «Je dirige mon groupe à l’intuition et en fonction des opportunités. En 2002, j’ai rencon tré le président de l’association Niger Ma Zaada par l’intermédiaire de l’une de nos agences. Cette association agit au Niger dans la réserve natu relle des girafes de Kouré et Dantchandou en faveur du développement d’une zone désertique. La première année, nous avons fait un don de 3000 €. Puis, l’histoire s’est enrichie avec notre participation à une campagne de reforestation et de reconstruction d’une brousse accueillante pour la population et les girafes. Non seulement les 60000 arbres plantés retiennent l’humidi té, mais ils stockent aussi 100 à 200 tonnes de carbone… Prêt à partir émet chaque année 20000 tonnes de CO 2 . On pollue, mais on a une conscience écologique. Plutôt que de subir la transition énergétique, je préfère en faire une source de résultats. À la faveur d’une autre rencontre, j’ai investi en 2007 dans une start-up qui montait des fermes solaires. L’idée était d’en
1998 Entrée dans
l’entreprise au moment où son père se prépare à la vendre. Centralien, François se voyait chercheur en biologie moléculaire. 2003 Seul à la tête du groupe, il imprime sa marque en s’inspirant de préceptes humanistes.
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2009 Début de
installer sur nos dépôts d’autocars. J’ai mal heureusement eu affaire à un escroc et j’ai tout perdu. Mais, en persévérant, j’ai créé un métier à part entière en investissant dans les énergies renouvelables avec l’appui du Crédit Agricole. Grâce à 30000 m 2 de panneaux photovoltaïques installés, deux centrales hydroélectriques et une unité de méthanisation, nous produisons au total 9800 MWh, pour un chiffre d’affaires de 2,90 M€. Surtout, nous apprenons. Par exemple, pour préparer la mobilité de demain, qu’elle soit électrique ou à hydrogène, il faut savoir parler d’énergie. Ces installations, couplées à nos donations à l’association Niger Ma Zaada, nous permettent de compenser 50 % de nos émissions de CO 2 sans que cela nous coûte. » Comment cette démarche de compensation s’articule-t-elle avec les autres métiers du groupe? F. P. : «Le soutien que nous apportons à Niger Ma Zaada fait partie de l’histoire que nous racontons à nos clients qui viennent acheter un voyage. Nous reversons chaque année environ 150000 € à l’association. Chaque devis intègre une estimation de l’impact CO 2 du voyage. À ceux qui souhaitent compenser leurs émissions, nous proposons de verser 100 € par tonne de CO 2 émis. C’est une somme significative qui aide à comprendre que toute compensation a un coût. Nous-mêmes avons investi 50 % de nos résultats dans les énergies renouvelables (ENR). Je n’ai pas pour autant de plan stratégique, je suis en permanence ouvert aux opportunités qui se présentent. Il y a trois ans, nous avons racheté Lambert Locations, une société de loca
tion longue durée de bus et autocars, qui nous permet d’expérimenter de nouveaux véhicules électriques, hybrides, à hydrogène. Cette filiale est un outil flexible pour accompagner la tran sition énergétique de nos clients avec des solu tions clé en mains. En tant que transporteur, nous devons prendre de l’avance. Si l’électrique et l’hydrogène représentent l’avenir, il est impor tant de ne pas négliger pour autant les solutions de transition comme le biodiesel (HVO) fabriqué à partir d’huiles alimentaires recyclées. Il permet de réduire de 83 % les émissions de CO 2 . » Vers quoi souhaitez-vous voir évoluer votre groupe? F. P.: « Je voudrais transformer Prêt à Partir en accompagnateur de porteurs de projets d’en treprise. Nous sommes déjà un fonds d’inves tissement de long terme via nos participations. Mon ambition est de continuer à enrichir nos métiers là où nous sommes légitimes, même si les synergies entre métiers ne sont pas toujours visibles, ni comprises. J’ai réalisé de nombreuses acquisitions et prises de participation avec plus ou moins de succès. L’important, comme disait Rockefeller, est d’avoir plus de succès que d’échecs. Prêt à Partir continue à se développer ! Le vrai sujet pour moi, alors que le quotidien est pour tout le monde difficile, est de donner envie à mes équipes de s’investir. Avec le Covid, un tiers des équipes a été renouvelé dans nos agences de voyages. L’enjeu est de les fidéliser et de les former en termes de compétences et de valeurs. Pour le reste, ma priorité est de trouver la personne qui me succédera dans le respect des valeurs que j’ai insufflées. » GÉRALDINE PASCAUD-RASSE
la diversification des métiers. Dans les ENR (2009) d’abord, puis dans l’innovation (2012). 2019 Rachat de Lambert Locations. La filiale devient un laboratoire grandeur nature des mobilités du futur. 2020 Lors du premier confinement, l’entreprise décide de compenser intégralement les salaires.
2022 Poursuite
de l’enrichissement des métiers via des prises de participation créatrices de valeur.
ANTICIPER LES MOBILITÉS DU FUTUR
Locationest un laboratoiredesmobilités.Nous offrons lapossibilitéàdes groupes, desPMEet des collectivités localesde tester des véhicules innovantsde typeélectriques, àhydrogène ou fonctionnant aubioGNV(biogaz issude laméthanisationdedéchets organiques), sans avoir àporter le risquefinancier » , explique FrançoisPiot. Prêt àPartir fait lechoix de l’innovation. Legroupeexpérimente desvoituresélectriquesàToul et à Strasbourgoù lamiseenplaced’unezone
Fin2019, FrançoisPiot rachèteà labarre dutribunal deStrasbourg lasociété Lambert Locations, qui exploiteuneflotte de260autocarset autobusde toutes marques,majoritairement à lanorme EuroVI, laplusavancéeenmatièrede réductiondesémissions.Grâceàcette acquisition, Prêt àPartirdevientun acteur importantdans la location longue duréeavecunportefeuillede300clients. Sonambitionvabienau-delà. «Lambert
à faiblesémissions (ZFE) seraeffectiveen 2025avec l’interdictiondecirculeravec unvéhicule thermique. Il testeégalement àNeufchâteauunbusélectriqueetun carqui fait lepleindebiogazà la ferme chezunagriculteurqui possèdeune unitédeméthanisation.Une façondese rendre incontournabledans leGrandEst et enBourgogneFranche-Comtéetde constituerunealternativepertinenteaux multinationalesde transport.
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CRÉERDE L’ÉNERGIE
Acreos économise et produit de l’énergie Spécialisée dans les
simulateurs de conduite d’engins professionnels, l’entreprise est engagée dans une politique volontariste de lutte contre le réchauffement climatique. Elle compense 75 % de sa consommation d’énergie avec une installation de 650 m² de panneaux photovoltaïques.
ACREOS A PRODUIT 74 000 KWH EN 2021.
© Thomas Lang
E n 2021, les 650 m² de panneaux photovol taïques installés depuis dix ans sur le toit de l’usine de l’entreprise Acreos, à Morhange, ont permis de produire 74000 kWh d’électri cité verte. La PME, spécialisée
PRODUIRE ET ÉCONOMISER, MOTS D’ORDRE DE DEMAIN
etc. Depuis le mois de juin dernier, son deuxième site, dédié aux bureaux et à la R&D, a par ailleurs déménagé à Metz dans un bâtiment très performant en matière de consommation énergétique. « Le Crédit Agricole nous ac compagne historiquement dans tous nos projets de déve loppement et d’amélioration de performance énergétique. » ÉTENDRE LA DÉMARCHE À L’ENSEMBLE DE SES PARTENAIRES Dans un second temps, Acreos ambitionne d’étendre cette politique de compensation à ses sous-traitants. Cette ini tiative s’intègre à une poli tique RSE globale, englobant préservation de l’environne ment, bien-être des salariés et production made in France avec la grande majorité de ses sous-traitants dans un rayon
de moins de 100 kilomètres. Éric Pierson rappelle par ail leurs que l’activité même de l’entreprise, qui permet l’ap prentissage de la conduite sur simulateurs (et non sur engins plus ou moins polluants) a contribué en 2021 à l’économie d’émission de quelque 75000 t de CO 2 . STÉPHANIE GALLO
Cette priorité, la PME de 65 sa lariés, créée en 2007 (8,50 M€ de chiffres d’affaires), en a d’ailleurs fait l’un de ses fils rouges, une valeur intrin
sèque fédérant l’ensemble de ses collaborateurs. Ainsi, l’année der nière, sa produc tion d’électricité équivalait à envi ron 75 % de sa consommation électrique totale. Cette année 2022,
dans la concep tion et la fabrica tion de simula teurs de conduite d’engins, réinjecte cette production d’énergie dans le réseau EDF. « Nos panneaux ont été installés très tôt, nous étions alors
« Nous espérons compenser
100 % de notre consommation d’électricité en 2023 »
75 % Part d’électricité consommée et compensée par Acreos 650 m 2 Surface de panneaux solaires installée sur les toits du site de Morhange
ce sera 82 % et l’année pro chaine, Éric Pierson espère atteindre les 100 %. Com ment? En travaillant sur la consommation d’énergie et non plus seulement sur sa production : chauffage, éclai rage, process de production
parmi les premiers à nous lan cer dans une initiative de cette ampleur. Pour nous, il était essentiel de prendre notre part dans la lutte contre le réchauf fement climatique » , se sou vient son président Éric Pierson (en photo ci-dessus).
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À GAUCHE, ARNAUD DE MARET, DIRECTEUR GÉNÉRAL ET, À DROITE, GRÉGORY BACZYNSKI, DIRECTEUR DES OPÉRATIONS.
© Bertrand Jamot
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CRÉERDE L’ÉNERGIE
Pleins gaz pour EMC2!
La première coopérative agricole de
Lorraine produit de l’énergie verte depuis 2021 grâce à deux unités de méthanisation à Landres et Villers-la-Montagne en Meurthe-et Moselle.
LE PROJET D’INVESTIR DANS DES UNITÉS DE MÉTHANISATION REMONTE À QUELQUES ANNÉES.
© EMC2
E MC2 est née en 1988 de la fusion des coopératives de la Meuse et du Nord de la Lorraine. De fusions en rachats, elle n’a cessé de se développer pour devenir la principale coopérative agricole du Grand Est, active sur 15 départements. 780 collabo rateurs sont au service de plus de 3000 agri culteurs adhérents. Leur mission? Les accom pagner au quotidien dans la valorisation de leurs productions végétales ou animales en apportant des solutions enmatière de collecte,
directeur général du groupe coopératif. Cet engagement en faveur d’un développement qui assure des débouchés locaux aux agricul teurs au bénéfice des consommateurs est un axe majeur de la politique RSE mise en place en 2021. LARSE, UN ENJEUCOLLECTIF La coopérative est confrontée à de multiples enjeux, à l’image d’une agriculture appelée à produire différemment. Ce « différemment »
2020 Formalisation de la politique RSE 2021 Publication de la déclaration de performance extra financière 2022 Recrutement d’une chargée de mission transition énergétique
d’approvisionnement ou de conseil. L’activité céréalière est le cœur de métier d’EMC2 que complètent les activités élevage, approvisionne ment, agronomie, machinisme, semences, et plus récemment mé thanisation. La diversification est assurée par cinq filiales. Le rachat, en 2021, de l’artisan boucher Le
pour EMC2 implique de limiter l’impact de ses activités sur ses parties prenantes. Si « la RSE est dans l’ADN de la coopérative » , ob serve Arnaud de Maret, l’obligation de publier un rapport de perfor mance extra-financière a été le déclencheur d’une réflexion plus poussée. « L’analyse de nos risques
« Nous souhaitions
démocratiser la méthanisation auprès de nos adhérents »
Marvillois illustre la volonté « de créer de la valeur sur le territoire en soutenant une consom mation locale » , souligne Arnaud de Maret,
sociaux, environnementaux et sociétaux a per mis de formaliser notre politique et de struc turer un plan d’action qui s’inscrit dans notre
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115,7 tonnes de CO 2
économisées sur la période 2021-2022 2 Nombre d’unités de méthanisation en service 2 camions fonctionnant au B100, un carburant 100 % végétal issu de la culture du colza. Bénéfice : - 66 % d’émissions de CO 2
Au total, 1235246 Nm 3 de gaz ont été injectés sur la période 2021-2022. D’autres unités sont en projet, mais la flambée du prix de l’électri cité et des coûts de construction bouscule le
projet d’entreprise. Les collaborateurs ont été sollicités. Leur envie de contribuer à notre transition a créé une vraie dynamique interne » , abonde Grégory Baczynski, directeur des opé
modèle économique initial. « Nous avons équipé nos unités de métha nisation de panneaux photovol taïques pour couvrir 25 % des besoins en électricité. On envisagemême de prélever du gaz pour faire fonction ner le méthaniseur » , ajoute Grégo ry Baczynski. À l’écoute, la coopé rative n’hésite pas à renoncer à un
rations. La guerre en Ukraine, les crises énergétique et climatique jouent comme des accélérateurs. Sur le volet environnemental, le cap est clair : limiter l’utilisation des ressources en eau, électricité, gaz et carburant et réduire les dé chets. En mai dernier, une chargée de mission a été recrutée pour
« L’énergie verte est directement injectée dans le réseau GRDF »
projet si l’adhésion de la population n’est pas au rendez-vous. Dans le même temps, elle est sollicitée par des collectivités locales pour trai ter leurs déchets issus des cantines scolaires. Une nouvelle page s’ouvre… GÉRALDINE PASCAUD-RASSE
animer la démarche de transition énergétique. Cette décision marque l’importance accordée à la thématique alors que les consommations ont augmenté sur la période 2021-2022. Le projet d’investir dans des unités de méthani sation remonte cependant plus loin dans le temps. « La production de méthane existe de puis longtemps. Nous souhaitions la démocra tiser auprès de nos adhérents en fixant un cadre » , précise Arnaud de Maret. « Nous n’avons pas voulu opposer le monde des céréaliers et celui des éleveurs. L’unité demétha nisation de Landres fonctionne avec 50 % de produits végétaux et 50 % d’effluents d’élevage », explique le directeur général. Avec une règle : pas plus de 30 % de surfaces dédiées à la mé thanisation. L’énergie verte produite à partir de matières premières locales est directement injectée dans le réseau GRDF. Depuis oc tobre 2021, 1400 foyers voisins de Landres sont alimentés en gaz. Les agriculteurs « appor teurs », situés dans un rayon inférieur à 15 km, s’engagent contractuellement auprès d’EMC2 sur les quantités à livrer avec, à la clé, une source de revenu complémentaire. Et tout en valorisant leurs déchets. Une seconde unité est entrée en service en juillet dernier à Villers-la-Montagne. UNMODÈLE POUR CÉRÉALIERS ET ÉLEVEURS
« Un partenariat historique avec le Crédit Agricole de Lorraine. Le Crédit Agricole appartient au premier cercle des banques qui accompagnent la coopérative depuis sa création. Nous partageons les mêmes valeurs coopératives, lemême ancrage dans un territoire rural, ainsi qu’une volonté commune de soutenir l’agriculture. Une collaboration étroite s’est établie avec cet acteur économique incontournable sur le Grand Est, dont le siège est basé à Bras-sur-Meuse. Nous accompagnons son développement sur les problématiques d’investissement, de trésorerie, d’épargne, d’ingénierie sociale, mais également sur le volet RSE avec l’arrivée, en octobre dernier, de notre conseillère en transition énergétique. La relation est quotidienne compte tenu de la forte hausse dumarché des matières premières. »
François-Xavier Lecomte, CHARGÉ D’AFFAIRES ENTREPRISES CRÉDIT AGRICOLE LORRAINE NORD ENTREPRISES
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CRÉERDE L’ÉNERGIE
Développer l’autonomie énergétique dèsmaintenant STV multiplie les projets énergétiques innovants pour réduire ses impacts et valoriser son territoire.
Q uand on est une entre prise de travaux pu blics qui utilise près d’une cinquantaine de camions et d’engins de chantier, consommant 400000 litres de carburants par an, la question de l’empreinte énergétique et de l’impact environnemental se pose nécessairement. VERS L’HYDROGÈNE? Cela fait longtemps que STV, la PME que dirige Pierre-Olivier Nitting, à Blamont, réfléchit à ces sujets. « L’idée de départ était de réduire l’impact C0 ² de nos véhicules » , explique le gé rant. En 2019, est créée une cellule d’étude composée de deux personnes, puis de trois: « Nos réflexions nous ont menés vers l’hydrogène, avec la volon té de produire nous-même ce carburant plus propre. » STV étudie alors les différentes so lutions de production d’hydro gène: soit par électrolyse de l’eau, soit par pyrogazéification de biomasse forestière (sous la forme de plaquettes fores tières). « L’électrolyse est envi sageable en installant des pan neaux solaires sur une de nos carrières , souligne Pierre-Oli vier Nitting. Et pour la pyroga zéification, elle a du sens au regard des liens que nous en tretenons déjà avec la filière bois du massif vosgien. » L’en treprise fait donc appel à l’Agence de la transition écolo gique et la région Grand Est pour cofinancer une étude de faisabilité, qui met à jour des
LE PROJET DE PYROGAZÉIFICATION À PARTIR DE BIOMASSE EST TOUJOURS D’ACTUALITÉ CHEZ STV.
© Bertrand Jamot
5 MWc Production électrique attendue du projet photovoltaïque en 2025. Production de 5500 MWh/an, soit la consommation de 2500 foyers 4 M€ Coût estimé du projet photovoltaïque en 2025 25 M€ Coût estimé du projet de pyrogazéification
en maintenant la prospective de développement. Ainsi, le projet de panneaux solaires est maintenu et codéveloppé. Ce sera un parc au sol de 5 MWc de 10500 panneaux sur l’une de ses carrières, la sur face de reboisement initiale ment sera compensée sur des sites du territoire. L’énergie produite sera injectée dans le réseau Enedis pour être ven due. « Ce projet est pensé en mode participatif, en lien avec Énergie partagée, la commu nauté de communes de Vezouze en Piémont, Energic et Les Cen trales villageoises de Vezouze
difficultés majeures de mise en œuvre.
ENAVANCESURSONTEMPS « C’est un projet avec des contraintes industrielles fortes, des coûts prohibitifs de chan gement de la flotte de véhicules, des réglementations encore en gestation… , analyse Pierre-Oli vier Nitting. C’est toute une nouvelle filière locale à struc turer. » L’étude montre en fait que le projet hydrogène de STV est trop en avance sur son temps! Néanmoins, loin d’abandonner la partie, STV réoriente ses ambitions tout
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