SANTE MAG LCL
C ’était le 4 décembre 2018. En ouvrant la porte du studio, mon thé s’est renversé sur un de mes seins. Quelques jours après, j’ai contrôlé ma blessure et palpé mon autre sein. En appuyant légèrement, j’ai commencé à sentir une petite boule… Ce fameux jour de décembre, on m’a diagnostiqué un cancer du sein. Après avoir appris la nouvelle, j’ai préféré rester seule. Je ne voulais inquiéter personne et je venais de me prendre un raz-de-marée dans la figure. J’étais perdue devant cette montagne d’informations à digérer. Finalement, le fait d’avoir été face à moi-même m’a permis de prendre le problème de manière plus calme, plus posée. De réaliser et d’accepter ce qui était en train de m’arriver. Et selon moi, l’acceptation est un premier pas vers la victoire. Je n’en avais pas honte. Je me suis simplement dit : « Je vais le régler. » Point. Je n’ai plus douté de moi À 32 ans, il n’y a pas d’explication. À la base, je suis quelqu’un d’extrêmement fragile et sensible. En réalité, après le diagnostic, je me suis mise en mode “guerrière” et je n’ai plus douté de moi. J’ai mis mon armure, je suis allée batailler et j’ai gagné. Cette confiance en moi, cette hargne d’y croire, m’assumer sans cheveux, me mettre complètement à nu, tout cela m’a permis de me révéler. Attention, ne vous méprenez pas ! Un cancer est difficile à vivre : vous avez la perte de féminité, la fatigue extrême et tous les effets secondaires liés aux traitements. Malgré ça, j’ai
toujours réussi à garder le sourire, à avoir de l’humour et à prendre de la distance. Par exemple, il y a cette vidéo “tuto maquillage”, où je me prends pour Gollum parce que je suis blanche comme un cachet d’aspirine… Je plaisantais tout le temps ! D’ailleurs, lorsque mon frère m’a rasé la tête, on a essayé toutes les coupes possibles. La musique m’a permis de m’échapper Dès que j’avais un peu d’énergie, je riais. Le moral est extrêmement important. Il faut savoir laisser passer l’orage et le lendemain, on se relève en disant : « Y’a pas moyen, je vais clairement gagner. » Et surtout, je n’avais pas peur. Une absence de peur que je raconte dans ma chanson Fearless . J’en ai même fait une force, qui m’a aidée à garder la vie. La musique a clairement été une thérapie. Elle m’a permis de m’échapper, de penser à autre chose, d’extérioriser les moments difficiles. Mettre mes émotions sur une partition m’a fait un bien énorme. Je dirais même que ça a été un moteur. Je me répétais sans cesse : « Voilà, tu as un album à faire, il n’y aucune raison que cet album ne voie pas le jour ! » Dès que j’avais un peu de répit et que les effets secondaires me laissaient tranquille, j’allais en studio et je chantais ! Les passions servent à ça, non ? Aujourd’hui, après avoir vaincu ce cancer, cela a encore plus de sens. On peut presque parler de renaissance. Ce n’est sans doute pas un hasard si mon nouvel album s’intitule The Awakening (l’éveil en anglais, N.D.L.R. ).
27 SANTÉ MAGAZINE I avril 2020
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