SANTE MAG LCL
L’ART-THÉRAPIE une tendance forte Cette discipline se diffuse avec force dans le milieu de la santé. Lumière sur une pratique qui a le vent en poupe !
Nos experts
Laurence Bosi art-thérapeute
ANA BOYRIE
Retrouver de l’énergie et du sens « De plus en plus de gens s’intéressent à l’art-thérapie », constate Laurence Bosi, art- thérapeute et fondatrice de l’asso- ciation Médecins de l’imaginaire. Si Céline Turc attribue le succès de cette thérapie au bouche-à-oreille, Laurence Bosi aurait tendance à pointer du doigt la simple augmentation de la population. Sans oublier l’annuaire des art- thérapeutes qui, chaque année, s’étoffe un peu plus : en 2016, l’école d’art-thérapie de Tours (Afratapem) estimait entre 4 000 et 5 000 le nombre d’art-thérapeutes en France, toutes écoles confondues. Aujourd’hui, l’art-thérapie est bel et bien reconnue mais pas seulement pour soigner une anxiété ou un traumatisme. L’art-thérapie aide également les personnes atteintes d’un cancer. « Être seul face à une maladie grave, c’est difficile, explique Laurence Bosi. Cela nous amène au sujet de la mort et donc à des questions d’existence : comment j’en suis arrivé là ? Quelle est ma faute ? Dans ces cas-là, l’art-thérapie va être bénéfique afin que le patient puisse retrouver de l’énergie mais,
elle s’était formée à l’art-thérapie pendant cinq ans. Cette rencontre a changé ma vie. » Plusieurs médiations artistiques sont utilisées : la peinture, la musique, le modelage, le coloriage, le dessin, l’assemblage ou encore le collage. Mêlant temps de parole et pratique, l’art-thérapeute invite le patient à représenter son mal-être. Après avoir pris connaissance de son œuvre, il exprime alors ce qu’il se passe en lui et ce qu’il voit sur son croquis, par exemple. Le pouvoir de l’art-thérapie réside dans le fait qu’il s’agit d’un moyen d’expression différent permettant aux patients de se livrer autrement que par les mots. Un aspect très important selon elle, car il arrive que certaines personnes aient du mal à parler, à trouver les mots ou à entrer en relation avec les autres. C’est le cas de Nina* qui sur un forum partage sa détresse : « En tête à tête avec ma psy, je déborde, je coule, mais rien ne sort. C’est très frustrant ! », écrit-elle. Jusqu’à sa découverte de l’art-thérapie, qu’elle décide de pratiquer plusieurs fois par semaine. Le verdict est sans appel : « Une vraie libération. Je me raconte en sons, en images, en terre… Que c’est bon de pouvoir libérer toute cette “boue intérieure”. »
Céline Turc art-thérapeute
E t si dessiner, chanter, sculpter ou danser était la nouvelle façon de se soigner ? C’est ce que revendique l’art-thérapie, une forme de soin qui s’appuie sur la pratique d’activités artistiques. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui l’adoptent, constatant que pour être bien dans son corps ou dans sa tête – que l’on soit hospitalisé ou fragilisé –, la prise en charge médicale parfois ne suffit plus. Et de nombreuses publications médicales confirment la tendance. L’art-thérapie permet de réduire le taux de cortisol, l’hormone sécrétée suite au stress. En plus de son aspect relaxant, cette thérapie permet la découverte d’autres facettes de soi. Un moyen d’expression différent Cela fait treize ans que Céline Turc exerce le métier d’art-thérapeute. « À l’origine, j’étais ingénieure horticole, raconte-t-elle. Jusqu’à ce que je fasse la rencontre d’une femme qui revenait du Canada où
surtout, du sens. » * Le prénom a été modifié.
18 SANTÉ MAGAZINE I avril 2020
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