SAM_517__BasseDef
2 Un suivi nutritionnel indispensable « La mise en place de nouvelles habitudes alimentaires durables est au cœur de la réussite de l’intervention », rappelle le Dr Buchholtz. Juste après, on reçoit un livret qui explique comment s’alimenter les premières semaines : des repas liquides ou mixés d’abord, puis fractionnés en 6 prises, les boissons à distance de la nourriture, etc. Le médecin nutritionniste prescrit aussi des vitamines, pour compenser une plus faible assimilation des nutriments. Les carences en vitamine D et en fer sont les plus fréquentes, même cinq ans après l’opération, observent les Dr Eric Blouin, expert toxicologue, et Robert Viala, endocrinologue 2 . On revoit son médecin nutri- tionniste trois ou quatre fois la première année, afin de vérifier que l’alimentation reste équilibrée, de réaliser une prise de sang et d’adapter la supplémentation. Le spécialiste surveille notamment le fer, la vitamine D et les vitamines B. Les conséquences d’une carence ne sont pas anodines, avec une fatigue intense, des risques d’ostéoporose ou encore de troubles neurologiques. L’apport en protéines doit aussi être optimisé pour empêcher une fonte musculaire. Par la suite, il est recommandé de maintenir des rendez-vous de surveillance une fois par an. Le médecin traitant peut prescrire la prise de sang et aider à gérer la supplémentation en vitamines, une diététicienne conseiller sur le plan alimentaire. 3 Du soutien psycho- logique pour avoir plus de chances de réussite Un suivi psychologique après l’opération n’est pas obligatoire, mais il est fortement recommandé par les spécialistes. « Les trois premières années sont les plus sensibles », précise
le psychiatre ou le psychologue s’adapte aux besoins : de quelques rendez-vous à une thérapie de plusieurs mois. Quand on se sent bien, on garde le contact pour trouver une aide en cas de coup dur, car les événements difficiles de la vie favorisent les rechutes. 4 L’encadrement d’un éducateur médico-sportif L’activité physique est essentielle pour conserver et améliorer son capital musculaire malgré l’amaigrissement, et pour acquérir l’hygiène de vie qui permettra la réussite du projet. Pas question de s’y mettre seul, car elle doit tenir compte de l’opération et être progressive. Idéalement, l’Activité physique adaptée (APA) est prescrite par le médecin traitant. L’ordon- nance précise les objectifs thérapeutiques, comme stabiliser sa perte de poids, et les contre- indications. Le médecin oriente alors vers des acteurs locaux formés : un éducateur sportif dans un club ou une association (Siel Bleu, par exemple), un kinésithérapeute, ou même un psychomotricien. L’activité débute dès la sortie de l’hôpital, avec une reprise très douce de la marche. Elle n’est pas prise en charge par l’Assurance-maladie, mais peut figurer dans certains contrats de mutuelle. 1. Centre médico-chirurgical de l’obésité de la clinique Paul-Picquet, Sens. 2. “La supplémentation en vitamines, minéraux et oligoéléments est indispensable à la réussite de la chirurgie bariatrique”, Dr Blouin, expert toxicologique Eurotox, Dr Viala, endocrinologue, clinique Saint- Augustin, Mérignac.
On ne reprend pas une activité physique seul, mais avec un éducateur sportif, un kiné ou un psychomotricien.
le Dr Buchholtz. La plupart du temps, la chirurgie améliore le moral et l’estime de soi. Mais on peut aussi éprouver des difficultés à apprivoiser ce nouveau corps, ou même à le faire accepter par son conjoint. « J’ai assisté plusieurs fois à des divorces parce que l’autre ne reconnaissait plus la personne
APRÈS L'OPÉRATION, LE SUIVI DOIT ÊTRE RÉGULIER ET COMPLET
avec qui il vivait, physiquement ou psychologiquement », témoigne le spécialiste. Une fois passée la phase d’euphorie des douze premiers mois, plusieurs études scientifiques ont souligné un risque d’alcoo- lisme, par transfert d’addiction de la nourriture vers l’alcool. Le nombre de consultations chez
L’équipe sur place comprend des médecins nutritionnistes, des psychiatres, un éducateur médico- sportif, etc. Le centre assure aussi la coordination avec les professionnels de santé
extérieurs, comme les chirurgiens. Il peut aussi orienter vers un programme d’activité physique adaptée de qualité, et à un prix correct. Liste sur : https://solidarites- sante.gouv.fr
OÙ S’ADRESSER ? Il existe en France 37 centres spécialisés dans la prise en charge de l’obésité (CSO) et labellisés par le ministère de la Santé. Le parcours de soins est complet et bien balisé.
63 SANTÉ MAGAZINE I janvier 2019
Made with FlippingBook - Online catalogs