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114 AILLEURS

JANVIER FÉVRIER 2019 RÉGAL N° 87 www.regal.fr

Des parapluies transparents à 5 euros à chaque coin de rue, un modèle qui aurait été inventé pour l’empereur, soucieux d'être vu en toute occasion.

AUSSI PRÉCIEUXQU'UN FOULARDHERMÈS Sur les marchés, ou dans les magasins alimentaires, les fruits sont souvent vendus à l’unité. On le comprend quand on découvre les prix! 2 à 3 euros pour une pomme, 13 euros pour 1 kilo d’oranges et parfois plus de 100 euros pour un melon, emballé, il est vrai, comme un foulard de chez Hermès! Le fruit n’est pas quotidien dans le régime alimentaire des Japonais. Il est courant de l’offrir comme un cadeau. Dans l’assiette, il est apprêté comme un dessert sophistiqué, découpé avec soin avec, comme toujours au Japon, l’obligation de séduire au premier regard avant de faire plaisir.

pour être méditée », écrivait Junichirô Tanizaki en 1933, dans son Éloge de l’ombre. Il n’y a qu’à scruter le soin maniaque déployé par la marchande de mochi , dans sa baraque en bois, pour servir une brochette de boulettes de riz gluant à un enfant de passage. Kinder Surprise ne peut pas rivaliser ! Ce n’est pas le diable qui se niche dans les détails, ici, c’est la manière de vivre. Dans le ryokan qui nous accueille pour la nuit, l’hôtesse n’a plus d’âge, raidie dans son kimono traditionnel. Pourtant, elle se plie en quatre dans tous les sens pour rendre agréable notre séjour. On l’imagine répéter ces gestes jusqu’à son dernier souffle. L’autre passe toujours avant soi au Japon, quoi qu’il arrive. TOUT L'ART DU DASHI Dans leur petite école de cuisine, Saneae et Midori nous expliquent la géographie du Japon avec les couleurs du miso, blanc à Osaka, plus foncé à Nagoya (plus il est rouge, plus il est riche en soja). Celui de Takayama contient des graines de sésame. Les deux jeunes femmes nous apprennent à cuire le riz (et surtout à ne pas en perdre un grain), à préparer le dashi , le bouillon socle de la cuisine japonaise. Ce jour-là, il sert de base à un plat local à base de boulettes de viande de porc, de champignons, de jeunes poireaux de saison, achetés sur le marché. «J’imagine que vous ne savez pas pourquoi on appelle celui-ci le maitake ?», sourient-elles, en nous présentant un champignon à lamelles. «On le ramasse dans les montagnes, et il a tellement de goût qu’autrefois les Japonais se mettaient à danser quand enfin ils le trouvaient. Danser se dit "mai " dans notre langue et "take " signifie champignon.» Dans la casserole, les feuilles de kombu frémissent avec le katsuobushi (bonite fermentée, fumée et séchée). Elles ont fait aussi un long voyage. L’algue t

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