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se faire plaisir 14
Le jour où… j’ai lancéunepétition
Il n’a jamais été aussi simple de faire entendre son indignation! Mais faire progresser sa cause au point d’atteindre une victoire demande aussi l’aide des autres. Par AliceKerguelen L orsque Lupi, sa chienne de 10 ans, est abattue par un chasseur près du village d’Arvieux, dans lesHautes-Alpes, Caroline se révolte. Rien à faire,
lité, et présentés comme une action “en dernier ressort”. Alors, comment se faire entendre dans un concert de causes toutes défendables? Les grandes plates-formes spécialisées ont une réponse. Elles assistent le lanceur d’alerte, lui apprennent à faire rimer pétition et émotion, à se mettre en scène pour créer de l’empathie, à dessi- ner une stratégie, mettre en place des étapes, contacter les médias. Elles ciblent entreprises ou personnalités politiques, fournissent des fichiers d’adresses mail et relayent sur des groupes Facebook, au risque d’asphyxier les bonnes volontés conviées à s’exprimer sur tout et n’importe quoi. Les plates-formes plus locales ont moins d’ambition. Quoi qu’il choisisse, le lanceur d’alerte doit apprendre à associer d’autres personnes à son projet. Les sympathisants doivent dépasser le simple clic, degré zéro de l’engagement. « Se lancer dans unemobilisation permet de reprendre le pouvoir sur soi-même et redonne un sens aux épreuves de notre vie » , explique Sarah Durieux, qui dirige la branche française de change.org. Certes. Mais c’est aussi savoir agréger une communauté, partager un dossier bien ficelé, ériger un combat personnel au rang de cause d’intérêt général. La pétition n’est jamais que le début du combat…
les fusils sont une tradition dans le Queyras, prétend la vox populi . Vraiment ? Caroline réclame, sur une plate- forme de pétitions, que le coupable soit privé de permis. Relayée par l’ASPAS, la SPA et d’autres associations de protection animale, “Justice pour Lupi” recueille 70 000 signatures. Non, tous les montagnards n’apprécient pas la chasse ! Le quotidien local relate l’affaire, une avo- cate spécialisée, Maître Terrin, s’en saisit : « Les Français s’expriment en pétitionnant. Quand la presse ou les relais sociaux s’en mêlent, cela réveille la justice. » Tant mieux ! Mais la démocratie par les signatures interroge sur nos priorités. Le cas malheureux de Lupi semble mobiliser autant que la reconnaissance du TDAH, un trouble du développement qui touche un enfant sur vingt. Après la Covid, avant la précarité économique, la maltraitance animale a recueilli 12% des signatures reçues l’an der- nier par change.org en France. Soit 33millions ! Comme elle, l’autre grande plate-forme demobilisation française mesopinions.org reçoit chaque mois entre 1300 et 1600 nouveaux combats. Ils sont souvent liés à l’actua-
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