PEPS43

des fourmis 130 dans les jambes

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1_ . Auniveau de l’embouchure duRhône, la pause sur la plage est salvatrice et le paysage sublime. Tout d’un coup nous sommes plus au bord de lamer que du euve.

2_Rencontre inattendue avec des bunkers immergés, vestiges allemands de la Deuxième Guerremondiale, érigés le long de la berge droite du Rhône.

pontons et baraques de pêche, la nature reprend d’autant mieux ses droits qu’à tribord, les terres appartiennent entiè- rement auConservatoiredu littoral. Jem’enhardis. Sur les en- couragements d’Emmanuel, jeme fau le dans un entrelacs de roselières. Les hautes tiges vertesme caressent le visage, je pousse sur les racines avec ma pagaie, je me tapis dans le décor, je suis unmercenaire traquant un ennemi invisible. Tout cela fait bien rire lephotographe, qui guettema sortiedu marais comme si j’étais un rescapé de la jungle. Cela amuse aussi beaucoup lesmuges, appelésailleursmulets. Cespois- sons musclés font la sarabande, bondissant hors de l’eau comme lesdauphins auspectacle. Il yenades centaines. On comprendmieux laprésencedespontonsdepêche. Mainte- nant stabilisé sur mon esquif, tout comme Célia qui a pris de l’assurance, je mesure la force du euve. Le coup de pagaie est facile, le courant nous entraîne à vive allure. Comme s’il voulait nous propulser sur l’autre rivede laMéditerranée. Des aigrettes nous observent, immobiles et incrédules. Sable blanc et bois otté Une bonne heure s’est écoulée et alors que nous longeons des bunkers immergés (vestiges de la dernière guerre), nous entrevoyons l’embouchure. Elle “danse” au loin, plate et indécise, marquée par le liseré blanc du sable. Le euve

s’est encore élargi. Des vaguelettes formées à sa surface invitent à pousser le rythme. Encore quelques efforts et nous nous échouons sur une plage. Hormis les occupants d’un bateau de plaisance venus pique-niquer à terre, nous sommes seuls dans ce “bout du monde”. Bois otté sur la plage, blanc, sec, mille fois limé par les remous, puissants dans cette zone. Toutes les 6 heures, le courant s’inverse et quand il est “rentrant”, les poissons de mer (daurades, loups…) peuvent remonter le euve jusqu’à une distance de 40 km ! Plus l’étiage (le débit) du Rhône est bas, plus l’eau de mer pénètre profondément. La rencontre avec lamer Nous marchons sur le sable, grimpons une ou deux du- nettes pour prendre de la hauteur, poussons jusqu’à l’en- droit précis où le euve rencontre la mer. Pas de ligne de partage des eaux, elles semêlent et se confondent. Pas de stèle ni de monument, à croire que le Rhône se décharge

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