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se faire plaisir

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Quand on ne veut plus surconsommer lamodemais plutôt créer des vêtements uniques, dénicher de beaux tissus àmagni er ou o rir des cadeaux faitsmain, la couture devient très vite une option à explorer… Par AliceKerguelen Le jour où… jemesuismiseàcoudre

L es couleurs bigarrées duwax africain, les jolies fleurs d’un tissu Liberty et la légèreté de la double gaze ani- ment le quotidien des adeptes du fait main ! Si par- ler chiffons n’est pas nouveau, prendre les ciseaux et les aiguilles est devenu follement tendance. Tout lemonde peut s’y mettre, quel que soit son âge. D’ailleurs, les ateliers de couture qui ouvrent dans toute la France comptent – sur- prise ! – une assistancemêlée, beaucoup de trentenaires et quelques garçons. À la clientèle traditionnelle des futures mères et grands-mères, motivées par l’arrivée d’un bébé, s’ajoutent aussi des femmes actives. Comme Murielle, 48 ans, qui y trouve un bon défouloir après une journée de travail. On peut ainsi, dit-elle, se focaliser sur autre chose que le boulot : « Les nombreux compliments à la vue du premier vêtement qu’on a réalisé soi-même sont très motivants ! Et quand je repars avec une sacoche ou un petit truc, même si j’ai eu une sale journée, j’ai fait quelque chose de mes mains et j’en suis fière. » Les nouvelles apprenties couturières veulent souvent reprendre le contrôle de leur garde-robe. Elles veulent choisir leur tissu, s’assurer qu’il a été produit équitablement ou transformer leurs vieux vêtements pour limiter la surconsommation. Marre de la “fast-fashion” ! Il s’agit de s’affranchir desmarques et d’allier l’utile à la fierté du faitmain. «Mamère ne cousait pas, car ce n’était pas fémi-

niste. Mais jeme souvenais du plaisir qu’y trouvait ma grand- mère » , témoigneDanièle. Elle a fait ses comptes : à l’époque de la robe à 10 euros et du tee-shirt à 2 euros, coudre n’est pas forcément rentable. Mais, argumente-t-elle, il ne faut pas seulement raisonner en temps passé et en économies, mais aux plaisirs que l’activité apporte. D’abord, on débusque la matière première, le coupon haute-couture à petit prix, la soie sauvage rapportée d’un voyage… Puis on crée des pièces uniques pour soi et son entourage. Surtout, semettre à la couture permet de découvrir une communauté. Internet déborde de tutos et les livres de couture abondent, mais suivre les cours d’une professeure expérimentée aide à res- ter dans le “droit fil”. Surtout, les détails comptent : la façon de tenir les ciseaux pour couper le tissu ou de coudre au-des- sus des épingles du bâti, par exemple. On apprend à prendre les mesures, à lire et à comprendre un patron, à placer cor- rectement les pièces du futur vêtement. Si le découpage du tissu peut être long, la couture en elle-même va vite… à condi- tion de savoir utiliser la machine, enfiler un fil ou coudre en ligne droite ! En groupe, tous ces apprentissages donnent matière au dialogue se réjouit Danièle : « C’est une activité où il faut être concentré, mais où on peut quandmême commu- niquer. Et c’est un des rares loisirs qui mêlent les générations, les personnalités, et même les sexes. »

VESNAANDJIC / GETTYIMAGES - DR (3)

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