PEPS MARS

des fourmis 134 dans les jambes

1

Hyères, un rêve au présent

Malgré ses 300 jours de soleil par an, Hyères reste dans l’ombre de ses îles, Porquerolles et Port-Cros. La ville aux 7000 palmiers ne manque pourtant pas de charme : des villas orientalistes ou d’avant-garde, une presqu’île sauvage, un centre-ville baigné de lumière. A u début des années 1920, Charles et Marie-Laure de Noailles, un couple fortuné, décident de s’o rir « une petite maison à habiter » dans les hauteurs d’Hyères. Ils font appel àunarchitectepresque inconnumais prometteur : Robert Mallet-Stevens. Combinaison des styles Art déco, Bauhaus et cubiste, la villa Noailles sera bien plus qu’unemaison de villégiature : un bâtiment d’avant-garde et lecentred’unevieculturellebouillonnante. LecoupleNoailles invite Salvador Dalí, Man Ray, André Breton, Jean Cocteau (le pygmalion de Marie-Laure), achète du Mondrian avant tout lemonde, découvre Alberto Giacometti. En pleine vogue de l’hygiénisme (les frèresDurvilledéveloppent lenaturisme sur l’île du Levant à la même époque) et de la gymnastique, les Noailles font construireunesalledesquash, ungymnaseet la plus grande piscine intérieure d’Europe. Luis Buñuel, Francis Poulenc et André Gide font de la roue allemande ou du tra- pèze au-dessus de la piscine. Le soir, ondonnedes bals cos- tumés et des fêtes délirantes. Au l des ans, la villa s’agrandit

2

blocpar bloc, tel un jeudeLego. La “petitemaison” fait bientôt 1800mètres carrés, auquel il faut ajouter le parc Saint-Ber- nard, qui s’étage en terrasses en contrebas de lamaison. La villaest aujourd’hui uncentreculturel trèsactif, quimultiplie les expositions de photographie, demode et de design. Une ore luxuriante À l’instar des Noailles, il faut souvent grimper au-dessus d’Hyères pour jouir de la beauté du site. Sur la colline du Castéou, les jardins suspendus du castel Sainte-Claire se déploient autour d’une folie néoromantique du XIX e siècle oùvécut l’écrivaineaméricaineEdithWharton. Gommier bleu, araucaria de Norfolk, rose de Chine, datura et arbre corail… Aumilieu de cette ore luxuriante, une tombe : celle du colo - nel Voutier (1796-1877), l’homme qui découvrit la Vénus de Milo ! La vue sur Hyères, sa rade et ses îles y est splendide. Plus haut sur la colline, les ruinesmédiévales du châteaudes seigneurs de Fos contemplent les anciens salins qui rent la fortune de la ville.

BERTRAND RIEGER / DÉTOURS EN FRANCE (4)