PEPS MARS
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honte, cela veut dire que l’on n’a pas vraiment apprivoisé les images de son fantasme.
J’imagine que monmari est en uniforme! » Pauline, 48 ans « Ah, l’uniforme ! Je sais que c’est banal à pleurer, mais pas pour moi ! Je fantasme sur toutes sortes d’uniformes. Les pompiers avec leurs lances, les militaires avec leurs fusils, les avocats avec leurs robes, les pilotes de ligne et leurs avions. Dès que j’imagine un homme avec les attributs vestimentaires de son métier, je décolle et je sens monter en moi une grande excitation. C’est un fantasme que je ne cherche pas à réaliser. Quand je suis avec mon mari, j’imagine qu’il en porte un. Alors que le plus souvent, quand on va faire l’amour, c’est en tenue d’Adam qu’il vient vers moi ! » Dr SylvainMimoun : il faut dire tout de suite “attends, c’est juste un rêve, je ne serai jamais capable de faire cela”. L’objectif n’est pas de réaliser ce que l’on imagine, mais de simplement créer de l’excitation. Chacun a son his- toire, ses inhibitions, son éducation, ses stimulations. Il faut pouvoir jouer avec cela. TÉMOIGNAGE des débuts, l’autre occupe tous nos fantasmes. Mais ensuite, le fantasme va chercher ailleurs. Il faut remettre le désir à l’intérieur du couple.
Il y a souvent une dimension
transgressive plus oumoins importante qui nous dérange et nous excite enmême temps.
Faut-il les taire ou les partager et chercher à les réaliser ?
Alain Héril : avant d’en parler à son partenaire, il faut être sûr de ne pas le blesser. Quant à réaliser son fan- tasme, ce n’est pas une preuve de libération sexuelle, pire, cela peut casser le couple, même si les deux étaient consentants. Quand on ima- gine l’échangisme par exemple, il y a du mystère, on dirige, on peut arrê- ter. Mais dans un club échangiste, on n’est plus le maître des actes et du ressenti, ce qui peut être plus dur qu’on le pensait. Dr Sylvain Mimoun : il ne faut pas chercher à les réaliser car le fantasme est imaginaire. Tout ce qui stimule dans l’imagination, peut être très bloquant dans la réalité. Beaucoup d’hommes imaginent convaincre leur femme de faire de l’échangisme, mais dans la réalité, ils ne supportent pas de voir un autre homme s’approcher d’elle ! De même, de plus en plus de femmes ont le fantasme du “gang bang”, c’est-à-dire d’être entourées d’hommes qui veulent tous profiter d’elle. Mais la plupart du temps, cette réalité leur ferait peur. Alain Héril : si on sait qu’ils vont cho- quer l’autre, il faut les garder pour soi. Si on a déjà raconté son fantasme, il faut essayer de dédramatiser en disant “ce n’est que de l’imagina- tion, pas la réalité !”, s’excuser de l’avoir choqué et le rassurer sur le fait qu’on ne souhaite pas passer à l’acte. Avouer un fantasme de relation à trois peut, par exemple, réveiller la jalousie d’un partenaire. Mais cela peut aussi permettre de révéler une probléma- tique de couple. Pendant la passion Que faire s’ils choquent son partenaire?
Dr Sylvain Mimoun : souvent, les fantasmes ne sont pas très éloignés de ce que l’on vit. Par exemple, si on fantasme de faire l’amour en avion, alors que l’on a une peur bleue de ce mode de transport, le fantasme ne prendra pas. On ne peut pas dic- ter des fantasmes à quelqu’un. Il faut que cela vienne de la personne. Classiquement, les fantasmes les plus fréquents utilisent le triolisme. L’homme va imaginer qu’il est avec deux femmes, ou avec sa femme et un autre homme ; la femme va s’ima- giner avec deux hommes, ou avec un homme et une femme. Mais si, dans la vraie vie, l’homme avait déjà des pro- blèmes pour satisfaire sa compagne, et était obligé de fantasmer pour y arriver, il risque d’avoir encore plus de problèmes avec deux ! Faut-il en avoir honte? Alain Héril : non. Le fantasme n’est pas là pour être réalisé, mais pour créer une excitation. On peut être traversé par des images qui nous sur- prennent ou nous révulsent, et ce n’est pas grave. En revanche, si on a des fantasmes récurrents avec une tendance pédophile ou zoophile, où l’on touche un interdit sociétal en lien avec le Code pénal, alors il faut pouvoir en parler avec un thérapeute, pour savoir ce que cela raconte de soi. Un fantasme n’est pathologique que s’il y a une forme de souffrance, qu’il devient obsessionnel et bloque la personne dans un scénario. Dr Sylvain Mimoun : non, il ne faut pas en avoir honte. Si on ressent de la
à lire
Je fantasme
donc je suis, Alain Héril, éd. Eyrolles, 14,90 €.
STEPHANIE RAUSSER / GETTY IMAGES - DR
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