PARENTS LCL

BILLET D’HUMEUR

Parentalité

lternativ

Katrin Acou-Bouaziz Maman de trois enfants (11 ans, 6 ans et 1 an), notre journaliste partage son quotidien haut en couleur.

Le matin, je suis une véritable “Françoise Dolto”, souriante, calme, câline, qui propose du quatre- quartsmaison au petit-déj’ enmodeMontessori (chacun découpe seul sa part avec un couteau, quitte à défoncer la table en bois), qui s’accroupit sur le parvis de l’école pour rappeler « qu’on ne tape personne dans la cour ». Bref, chaque jour, jem’arme de bonté, de joie, de patience pour faire face, sans hurler ni casser un objet, aux pires bêtises, fussent- elles aussi répétitives que le retour des poux dans unematernelle. Je suis lamaman qui sourit sur le shampoing pour bébé, celle qui agace tout lemonde avec sa gueule demère parfaite. Celle qui positive, répète, affiche des règles de vie sur la porte de la cave, donne des responsabilités à chacun, laisse de la liberté et respecte les tempéraments, les goûts et les besoins de tous, écoute les émotions des enfants avant de les punir, qui ne les punit jamais d’ailleurs sauf quand elle craque…J’y reviendrai plus tard. Puis, la journée se déroule et avec elle, son lot de mauvaises surprises. Ladernière vomit surmon nouveaupull envisant dans ledécolleté enV.Mon employeurme commandeunarticle enurgencepour demain (sur labienveillance, le croirez-vousˆ? !). Mabalancemedit que j’ai grossi alors que je refais du jogging. Bref, je galèrependant 8heures entre les machines de linge, l’ordi qui plante et lapetitequi pleure, tout ça, lemoral enberne et le salonenpagaille. Il est 16h35 quand j’arrive devant la grille de l’école. Mon sourirede cematinne tient plus qued’uncôté (ducoup, j’ai l’air unpeuméchant).Mapatience a fonducommeneige au soleil à500md’altitude. Autant direqu’il ne resteplus rien. Et que j’ai Comme tout le monde, j’essaye d’être en mode positif, bienveillant, sans cri, ni violence avec les enfants. Et comme tout le monde, j’échoue, quotidiennement. Démonstration.

pas du tout enviede sortir les canons àneige. C’est làqu’une avalanchedemauvaises ondes s’abat surmaparentalitépositive. Unmot dans le cahier pour bavardage. Une crisepour unpainau chocolat. Lemanuel oubliépour réviser ladictée dedemain. La colèremontedoucement sur le cheminde l’écolepour devenir carrément explosiveune fois rentrés à lamaison. Personne ne se lave lesmains.Malgré le tonenjoué que jeprends pour répéter la consigne. Personne ne range soncartable.Ni nemet ses chaussons pour gravir l’escalier glissant commemonhumeur vers le royaumedumal. esquivant. Jepassedonc auxpeluches qui traînent là envociférant que « si, à trois, ils n’ont pas lavé leursmains, rangé leur chambre, fait leurs devoirs, je les fousdehorsdans le jardinpour leurapprendre la vraie vie ». J’ajoutequ’ils sont si insupportables que jene vais plusm’occuper d’eux. Jamais. Il est 17ˆhˆ30et FrançoiseDolto se retournedans sa tombe. Les voisins passent une têtepour meproposer de l’aide. «J’ai justeune variationde l’humeur parentale », je leur explique avant dem’isoler dansmonbureaupour finir cebillet. Pendant ce temps-là, je laisse les trois regarder la télé enmangeant des chips pleines de sel. Fin de l’histoire. Leur père tout gonflédebienveillance va rentrer dans uneheure et reprendra tout à zéro le temps que je retrouvemoncalme. Etmon souriredemère complètement cyclothymique. l Je lance une pantoufle dans la direction des enfants pour voir leur réaction. Aucune.Mais le gestemedéfoule alors je continue encriant «bandede feignassesˆ! ». Ils semarrent en

On l’écoute... même si on n’a pas les mains libres ! «GALÈRE SAMÈRE» LEPODCASTDE Nouvea

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PARENTS Avril 2020 9