PARENTS LCL

Le bébé est toujours porté sur le dos « Il est beau ce pagne brodé! Tu l’as reçu du Mali? », a demandé ma sœur. C’est Mah, la mamie de Nafissa qui l’a envoyé comme cadeau de naissance. Je me suis tournée pour qu’elle le voie mieux. Ma fille de 3 mois dormait tranquillement dans son nouveau porte-bébé traditionnel appelé “banbado”.

wax, un tissu très coloré) qu’on attache devant. Les enfants aiment être balancés, ça les endort très vite et ça calme les douleurs. En plus, ça permet à la maman d’avoir un contact permanent avec son bébé en continuant à travailler, faire la cuisine ou s’occuper des autres enfants. Je les ai tous portés dès 2 mois et pendant un an, mais certaines le font plus longtemps. C’est pratique, surtout à la maison, car je ne voulais pas les laisser dans le transat: les bébés ont besoin de câlins! Dehors, j’utilisais la poussette, sauf dans le métro. Un bébé sur le dos ne s’impatiente pas, ne dérange personne et on n’a pas à porter des kilos en plus, sans escalator ni ascenseur, comme souvent dans le métro!

Chez nous, le bébé est porté sur le dos essentiellement. C’est ma mère, comme toutes les mamans maliennes, qui me l’a appris. On se penche vers l’avant, on glisse le bébé sur notre dos, ses deux mains sous nos aisselles. Ensuite, on noue les extrémités du pagne au-dessus de notre poitrine et sous nos seins. Puis on remonte légèrement les jambes du bébé. On s’enveloppe d’un pagne (par exemple un

« Quand j’ai accouché de Salya, l’aide de ma mère était précieuse. Ee me préparait de bons bouions, des plats aux épinards et des soupes très gra‰es pour favoriser la montée de lait. »

Les fêtes traditionnelles en boubou sont très importantes Je suis née en France, mais je suis également malienne. J’apprends à mes enfants le respect des deux cultures, la française et la malienne. Il ne faut jamais oublier d’où l’on vient,

répétait sans cesse mon père, qui est arrivé en France en 1960. On continue à célébrer nos fêtes traditionnelles, toujours habillés en boubou, avec les foulards assortis et coiffés afro (c’est important de garder nos cheveux au naturel!), et on cuisine les plats de nos mamans. À lamaison, on parle le soninke, une des langues  officielles du Mali, et mes enfants sont bilingues. Ça leur permet de communiquer avec notre famille au Mali, où nous allons tous les deux ans.

On vit tous sous le même toit Au Mali, tout le monde vit ensemble, dans de grandes maisons: frères, sœurs, grands-pères et grands-mères. Toutes les générations sont sous le même toit! On n’est jamais seul, comme en France où chaque famille rêve de son “chez-soi”. Grâce à cette proximité, les enfants maliens sont autonomes plus vite. Ils ne dépendent pas que de leurs parents, parce que c’est le village entier qui les élève, les tatas, les tontons, les grands cousins et les voisins. Le système de garde comme en France n’existe pas, ce sont les plus anciens qui s’occupent des plus petits pour que les parents puissent travailler et nourrir tout le monde. Notre philosophie, c’est comment s’entraider pour que la vie soit plus facile pour tous. Les bébés se font masser Il n’y a pas un Malien qui n’ait pas été massé par sa grand-mère, sa mère, sa tante ou sa nourrice, avec du beurre de karité. Chez nous, tous les soirs, les bébés se font masser! Grâce à ça, mes enfants ont fait leurs nuits dès leurs 3 mois. Chez moi, chaque soir, c’est presque un rituel spa: je donne un long bain au bébé et après, je le masse pendant 15-20 minutes, de la tête aux pieds. Le massage les tonifie, les détend, les aide à s’endormir et à combattre les maladies (on dit que le massage dégage les bronches.)

Congé maternité : 14 semaines Taux d’enfants par femme : 6,2 Taux d’allaitement : 30% des femmes allaitent

exclusivement pendant 6 mois

ANNA PAMULA ET DOROTHÉE SAADA

PARENTS Avril 2020 27

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