PARENTS LCL 01
Après la naissance, on reste un an à la maison A la naissance de Noé, j’ai eu le sentiment de justifier mes choix un an à la maison pour élever son petit. Elle met sa carrière entre parenthèses et reprend à temps partiel car les crèches sont rares et l’école maternelle n’accueille les enfants que le matin. Laisser son bébé
des deux côtés : «Waouh, t’as pris huit mois de congé parental. Quelle chance de rester si longtemps avec son bébé! », « Tu reprends le travail, alors que ton fils n’a que 8 mois? »… Les Français me voyaient comme une mère poule, alors que les Hongrois trouvaient que j’abandonnais le nid bien trop tôt. Dans mon pays, la mère reste au moins
n’est pas bien vu par la société, tout comme ne pas allaiter. « Pourquoi tu ne veux pas nourrir ton enfant? », c’est la question qu’entend une maman qui donne le biberon. Elle se justifiera tout de suite de peur d’être mal jugée.
Chez nous, le mouche-bébé se branche sur l’aspirateur C ’est l’entourage qui s’adapte à lui et non le contraire. Pas question de rythme imposé à l’image des sacro-saints quatre repas français. S’il a faim, il faut qu’il mange, et tout de suite. On porte la même attention accrue au nourrisson qui ne sortira pas de la maison le premier mois. Hormis les grands-parents et les oncles et tantes, personne ne rend visite à la maternité et si quelqu’un a même un petit rhume, hors de question de venir. On est d’ailleurs un peu obsédé par le mouchage de nez du bébé. Chaque famille hongroise possède son Orrszívó-porszívó, un mouche- bébé qui se branche sur l’aspirateur. Mes copines françaises ont crié à la
Les petits Hongrois boivent tisanes et infusions dès leur plus jeune âge. C’est la boisson du petit-déjeuner à partir de 2-3 ans. S’ils ont mal à la gorge, on y ajoute une cuillère de miel.
barbarie en voyant ça, alors qu’en fait, c’est exactement le même principe que le mouche-bébé électrique! Ma mère a vécu 5 jours avec nous, alors que la tradition veut que les mamies gèrent toute la logistique à la naissance, mais à Budapest, c’est plus simple, nos appartements sont plus spacieux ou alors on vit tous dans le même quartier.
On pèse bébé plusieurs fois par jour C omment ça se fait que tu ne saches pas combien il pèse? » Mes copines hongroises suivent le poids de leur bébé tous les jours (voire plusieurs fois par jour). Tout comme on a peur de la fragilité du nouveau-né face aux microbes, on pense que s’il grossit bien, il n’en sera que plus fortifié. La soupe reste le repas traditionnel et on le propose dès que bébé commence la diversification, à 6 mois. Noé raffole de ma soupe oignon, carottes, champignons et persil frais. Chaque repas commence par ce plat qui est notre entrée. Même à mon mariage, on a débuté par une soupe! Dès 1 an, on rajoute notre épice nationale : le paprika. D’abord le plus doux, plus tard le piquant. Le soir, c’est-à-dire à 18h30, une fois la soupe avalée, on fait dodo. Le soleil se couche plus tôt chez nous, alors la vie est calée sur des horaires différents. On se lève à 6 heures, voire à 5, donc on ne souffre pas d’un petit qui ne fait pas la grasse mat. L’image de la bonne mère qui gère tout passe par un accouchement naturel L a césarienne n’était pas ce que j’aurais voulu, mais Noé, avec ses 4,800 kg, n’arrivait pas à descendre! En Hongrie, l’image de cette bonne maman qui gère tout passe aussi par un accouchement sans péridurale et par voie basse. On est suivie toute sa grossesse par une seule personne, son gynécologue, qui nous accouche. Même si on a une échographie chaque mois, le suivi est moins alarmiste qu’en France. Si on est positif à la toxoplasmose, on est vigilant, mais sans plus. On ne nous dit pas non plus de faire particulièrement attention aux aliments dangereux pour le fœtus. Il faut dire qu’en Hongrie, nous n’avons pas la culture du “cru”. Tout est archicuit. Et c’est impossible d’interdire la charcuterie. On en mange même au petit-déjeuner dès le plus jeune âge.
TAUXALLAITEMENT: 95 % à la naissance 43,9 % des femmes allaitent un an après. TAUX ENFANT PAR FEMME : 1,45 CONGÉMATERNITÉ: 6 mois payés intégralement, les 12 suivants à 80 %, après c’est dégressif, mais payés jusqu’aux 3 ans de l’enfant.
ANNA PAMULA ET DOROTHÉE SAADA
PARENTS Janvier/Février 2020 29
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