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DOSSIER 0-6 ANS

faculté d’adaptation. Cette définition décrit la souplesse, la mobilité du cerveau qui, loin de se forger des certitudes immuables, est en constante évolution.Or, quimieuxquenosbébés renouvelle enpermanence sa base de données et les compor- tements qui en découlent? Nos tout-petits ap- prennent en interagissant avec leur environne- ment, ils sont enpermanenceentraindes’adapter à cequ’ils observent, à toutes lesnouveautés qu’ils découvrent en permanence. Une fabuleuse machine en mouvement Le cerveau d’un bébé est une formidablemachine qui traite chaque expérience vécue en créant de nouvelles connexions cérébrales.Non seulement, il se développe à toute allure, avec deux millions deconnexionsnouvellesparminute,mais ensuite il est capable, au gré de nouvelles expériences, de renforcer certaines connexions et d’en éliminer d’autres, devenues non pertinentes. C’est un cer- veauqui semodifieenpermanencepour s’adapter à ce que l’enfant découvre, enregistre, apprend. C’est ce que les scientifiques nomment “la plasti- cité cérébrale”. Tous nos enfants en font preuve, car c’est grâceàcetteplasticitéque lecerveaupeut se développer de façon efficace. Charles, 2 ans, classe les choses en catégories. Pour lui, le mot “chien” désigne un animal à quatre pattes avec des poils… blancs. Car Charles, petit citadin, n’a jusque-là croisé que des chiens blancs. Le jour où il voit sa mère appeler “chien” un animal noir, Charles utilise sa faculté de dé- duction pour conclure que les chiens ne sont pas tousblancs!Dans soncerveau, laconnexionentre le mot “chien” et la couleur blanche va donc être La plasticité cérébrale: un correcteur permanent

coupée et s’effacer, pour laisser place à de nou- velles connexions qui viendront progressivement enrichir sa connaissance des différentes caracté- ristiques d’un chien, et de ce qui le distingue d’un autre mammifère. C’est un exemple tout simple des opérations de déconstruction – reconstruc- tion qui s’appliquent en permanence dans un tout jeune cerveau. Des atouts qui ne demandent qu’ à se développer Ainsi, tous nos enfants sont doués d’une intelli- gence qui ne demande qu’à se déployer. Que notre bébé ait un don pour la musique, la pein- ture ou les sports de balle, c’est là un mystère de l’ADN. Ce qui est sûr c’est que, dans un environ- nement “facilitant”, c’est-à-dire un environne- ment où il peut vivre des expériences riches et variées, et en toute sécurité, ses talents ne de- mandent qu’à s’exprimer. Jusqu’à 18mois, l’enfant déchiffre lemonde à tra- vers ses perceptions sensorielles et y répond par son corps en mouvement: c’est la période de l’in- telligence “sensori-motrice”, où bébé adapte son comportement à son environnement. Ensuite, avec l’accès au langage et à la pensée symbolique – la capacité de se représenter le monde en pensée –, il commence à classer, caté- goriser et déduire: il utilise l’intelligence “repré- sentative” pour apprendre. Il devient savant. À partir de là, le jeune chercheur se questionne et nous questionne sans relâche pour mettre à jour sa base de données, par un renouvellement perpétuel des circuits de son cerveau. Il suffit de l’accompagner, en lui offrant toutes les occasions de développer ses compétences personnelles pour construire lesmultiples facettesde sapropre intelligence, qui ne ressemble à aucune autre. l

DANS LE CERVEAU DE MON ENFANT Dr Michèle Mazeau et Dr Alain Pouhet ÉditeurHoray

ANNE VANWAEREBEKE

Des expériences dignes d’un grand chercheur! On sait désormais qu’à quelques semaines seulement, le bébé se fait déjà une représentation rouler la balle en la poussant d’une main, il prend conscience du pouvoir de son action. S’il la jette du haut de sa chaise haute, il expérimente les lois de la

occasion riche d’expériences scientifiques: la transparence de la matière, la texture de l’eau… A 2 ans, lorsqu’il transvase l’eau d’un récipient à un autre, il s’initie à la notion de contenant et contenu, à la permanence de l’objet malgré son déplacement. Et le miracle est que chaque apprentissage en entraîne un autre, puis un autre… Avec joie et curiosité! l S.D.

abstraite des nombres, qu’il a la notion du temps et de l’espace. Il a même intuitivement le sens des maths, et dès 18 mois, il semble reconnaître la syntaxe de sa langue maternelle. Et au quotidien, il entraîne toutes ces capacités… mine de rien. Ainsi, lorsqu’il fait

pesanteur. Lorsqu’il empile les anneaux de sa pyramide, il les classe du plus grand au plus petit, tandis que sa boîte à formes vient aiguiser son goût pour la géométrie. L’heure du bain est une

PARENTS Juin 2019 69

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