Marcel Deneux - La Somme de ses vies
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Quarante ans de combats syndicaux et politiques
Pour eux, il était plus pertinent d’intégrer les organisations agricoles à tous les niveaux que de les contester de l'extérieur. Ce clivage, entre le CNJA et la FNSEA (1) , perdure encore aujourd'hui. Marcel Deneux n'a pas encore 35 ans au moment du vote de ces lois fondatrices. La première de 1960 fixe le rétablissement du marché par les prix, mais ne prévoit rien quant à l’inégalité entre production animale et végétale, ni sur le volet social qui gagnerait à être modernisé, de la formation des jeunes au départ en retraite. À l’époque, les jeunes manifestent haut et fort pour défendre ces revendications. « Le Général de Gaulle a pris davantage les affaires en main pour la seconde loi d'orientation. Non seulement il nous avait compris mais surtout cela s’est traduit en actions. » Il faut se rappeler ce qu’était l’économie agricole à ce moment-là : une économie sans liberté, où tout était fixé par l’État. Par exemple, le prix du lait vendu aux consommateurs, sujet cher au cœur de Marcel Deneux, était décidé par les préfets, département par département. Les crédits aussi étaient encadrés et on ne pouvait pas sortir de France avec plus de mille francs. « C’étaient des politiques de droite avec intervention lourde de l’État. Plus que les gouvernements socialistes n’ont jamais osé faire, c’était incroyable ! Tout cela a duré jusqu'en 1984, jusqu’au virage pris par Delors et Mitterrand. Le paradoxe, difficile à comprendre parfois en politique économique, c’est que ce sont les socialistes qui ont libéré tout cela. »
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