Marcel Deneux - La Somme de ses vies

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Il était une fois à Beaucamps-le-Vieux…

Rentrés à Beaucamps, ils découvrent un village en partie bombardé. « Nous retrouvons la ferme avec tout ce que cela suppose après plus d’un mois d’absence : il plane encore une odeur de charnier, il y a des cadavres d’animaux, des tombes de soldats un peu partout dans les champs… » Puis la vie quotidienne se réorganise peu à peu pour ces agriculteurs qui ont fort à faire sur l’exploitation, mais doivent parfois se plier aux exigences des Allemands qui réquisitionnent de la main-d’œuvre pour terrasser le futur terrain d’aviation de Poix. Pour les garçons de la génération de Marcel Deneux, 12 ans c’est généralement, certificat d’études en poche ou pas, l’âge de l’entrée dans la vie active. Ses parents souhaitent néanmoins le voir poursuivre ses études. À 14 ans, il intègre un collège pensionnat en section agriculture. « J’y ai appris à tailler des arbres, à saigner des bœufs… Et j’ai reçu les premiers rudiments d’agronomie, des aspects dont mes parents n’avaient jamais entendu parler ! » Tout en aidant sonpère à la ferme, il suit ensuite, par correspondance, des cours de mécanique et des cours agricoles. Pour autant, il s’est en grande partie formé tout seul, « même si on ne se forge jamais vraiment tout seul mais grâce à la pression de l’environnement » , reconnaît-il. « J’ai aussi bénéficié d’un mode d’éducation populaire +

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