Lorraine réinventée

Jean-Louis Hurlin, Le Ban-Saint-Martin MILLEFEUILLE D’ART L’Acier Damas est une technique aux centaines de couches de deux aciers mélangés, soudés, étirés, repliés. Avant d’être étirés et repliés encore et encore jusqu’à former une masse habitée. Jean- Louis Hurlin a découvert ce procédé il y a une tren- taine d’années. Il a décidé d’en investir chacune des couches. Dans son œuvre il y a un peu de Lanza del Vasto, d’André Gide, d’Arthur Rimbaud, des pans entiers de l’histoire de l’art et des métaphores de forgerons et d’épées magiques qui bercent l’hu- manité depuis que le feu dompte le métal. C’est en 1990 qu’il fit la connaissance de cette éton- nante matière. Il revenait en Lorraine après une décennie passée dans le Lot ; après son retour à la terre, en périphérie des communautés qui ambitionnaient de faire naître un nouveau monde. Là-bas, un ferronnier d’art avait ravivé la flamme de la forge, un foyer né quelques années plus tôt

lors d’un CAP technique, sans vraiment s’embra- ser. Alors, quand un ami professeur aux Beaux- arts de Strasbourg évoque cet ancestral Damas, venu d’Inde et du Japon, Jean-Louis Hurlin a un déclic. Il décide de s’approprier ce millefeuille et de lui donner une nouvelle finalité. Originellement, cette osmose d’acier dur et doux était destinée à forger des lames qui ne se plient ni ne se brisent. L’artiste a souhaité quant à lui sortir de l’utile, de la coutellerie maniérée qui naît souvent de cette technique. Lui, l’utilise pour écrire des histoires. Du foyer à charbon à l’enclume, il fait fondre l’in- sipide et le martèle pour y insuffler du sens. Il manie également le feu pour s’approprier d’autres techniques de ferronnier plus conventionnelles et s’associe depuis peu à un architecte d’intérieur, Bernard Meignan, pour concevoir des pièces en résonance avec des lieux. ///

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