Livre Cognac Terre de passions

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Paul Beau Cognac

Colette Laurichesse, une matheuse dans les vignes

garçons d’un couple qu’ils emploient. L’un des deux, Jean Petit, le père de Colette, devient viticulteur. Au fl des années, des liens si forts unissent les Beau à Jean Petit et sa femme Simone que Denise Beau, devenue veuve, décide d’adopter légalement les flles des époux Petit. HUMILITÉ FACE AU TEMPS Denise Beau, puis Simone Petit, et désormais Colette : depuis trois générations maintenant, ce sont des femmes qui supervisent les assemblages des cognacs Paul Beau, réputés pour leurs très vieilles eaux-de-vie. Colette, devenue une Laurichesse après son mariage avec Michel, a pour particularité de ne pas boire d’alcool. Mais grâce à une excellente mémoire, elle sait précisément dans quels chais de vieillissement trouver les eaux-de-vie pour les meilleurs assemblages. «Mon savoir, je le tiens de ma mère, Simone Petit. Je présume, et les hommes confrment ou infrment à la dégustation, mais ce second cas arrive fnalement peu souvent » , souligne dans un sourire celle qui n’aime rien tant que l’atmosphère des chais. «Notre métier commence vraiment à la distillation, estime-t-elle. Pour moi le cognac, c’est une responsa- bilité. Nous proftons du savoir-faire et du bon travail des gens qui étaient avant nous, et nous sommes res- ponsables de ce que nous allons laisser. Nous devons constamment projeter notre réfexion. Cela donne une grande humilité face au temps. Et des nerfs d’acier ! »

Depuis trois générations, ce sont des femmes qui supervisent les assemblages des cognacs Paul Beau. Colette Laurichesse fonctionne à la mémoire, et à l’instinct. S i elle n’avait pas produit du cognac, elle aurait fait des mathématiques fondamentales. Colette Lauri- chesse est la présidente-directrice générale de la société anonyme du Vieux Colombier, qui exploite 129 hectares de vigne en Grande Champagne et produit les cognacs Paul Beau. Elle se présente comme

Mon savoir, je le tiens de ma mère. » «

le « gratte-papier » de la famille, et n’y voit aucune connotation négative, simplement le refet de son goût, depuis toujours, pour les chifres. La saga Paul Beau commence avec un « visionnaire », Samuel Beau, épicier-quincailler à Segonzac à la fn du xix e siècle. À la suite de la crise du phylloxéra, il décide de reconstituer un vignoble. Il a perdu un fls, il veut la meilleure éducation pour celui qui lui suc- cédera, Paul. Il l’envoie donc en Angleterre, d’où Paul reviendra parfaitement bilingue. Mais avec sa femme Denise, Paul Beau ne sera pas épargné par la vie. Ils perdront, à plusieurs années d’intervalle, leurs deux flles. Les circonstances les amèneront à prendre en charge l’éducation des deux

Colette Laurichesse, viticultrice à Segonzac.

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