Les cathédrales de notre histoire

Luc Olivier / Détours en France

ses manteaux triangulaires. L’afflux de pèlerins aura des conséquences directes sur l’architec- ture de la cathédrale : il faudra voir toujours plus grand, déborder du rocher sur lequel repose le chœur, remblayer la pente pour ajouter deux travées de nef, puis bâtir hardiment les quatre suivantes au-dessus du vide, sur d’énormes pilastres. Entrer par le nombril, ressortir par les oreilles Une telle disposition ne facilite pas l’accès, mais la solution adoptée a lemérite d’offrir une interprétation spirituelle surmesure. Le grand degré de quelque 134 marches – 17 mètres de dénivelé ! – dont la dernière partie s’engouffre sous la nef pour déboucher en son centre, est présenté dans les sermons médiévaux comme le moyen de « rentrer dans le sein de sa mère (Marie) et renaître », pour paraphraser saint Jean. D’où la plaisanterie : « On entre dans la cathédrale par le nombril, on en ressort par les oreilles ! » Quant à l’esthétique peu banale de la cathédrale, cou- poles à la byzantine, façade et cloître mosaïqués de lave noire et de pierre blanche selon la mode mozarabe, elle est due en partie aux croisades – Adhémar de Monteil, évêque du Puy, ayant eu l’honneur, en 1095, de participer comme légat du pape à la première d’entre elles – et en partie à « l’effet Compostelle ».

Sylvain Sonnet / hemis.fr

La Vierge noire assise sur un trône, l’Enfant Jésus sur les genoux ( xvii e siècle) sur le maître- autel de la cathédrale du Puy-en-Velay, étape classée au patrimoine mondial de l’Unesco dans le cadre des chemins de Compostelle.

l’on situe déjà le tombeau de saint Jacques. Il en revient avec un précieux opuscule qu’il a com- mandé en chemin : la copie d’un traité rédigé au vii e siècle par Ildephonse de Tolède sur la virginité de Marie. Tous les éléments du formidable déve- loppement du Puy, au xii e siècle surtout, sont en place. Notre-Dame sera la tête de pont officielle des chemins de Saint-Jacques-de- Compostelle, et le pèlerinage marial attirera au fil des siècles des millions de fidèles. Dont bon nombre de rois et de papes. Saint Louis y vient en 1254 et offre au sanctuaire sa célèbre Vierge noire, dont les ori- gines restent un mystère. Ce qui est certain, c’est que cette statuette de 72 centimètres de haut est brûlée en juin 1794 par les révolutionnaires adorateurs de l’Être suprême. Depuis, c’est une copie qui mène la procession du 15 août et trône en majesté sur le maître-autel, enveloppée de

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