Les cathédrales de notre histoire

portail ouest selon l’éclairage, l’heure du jour et sa fantaisie. Il lui faut commencer plusieurs toiles simultanément et changer de support en même temps que la lumière. Pour trouver le meilleur angle, Monet entre dans les boutiques qui bordent la place. Il s’installe dans lemagasin de lingerie de Fernand Lévy. La scène ne manque pas de sel. Il faut imaginer les clientes en train de choisir leurs jupons et leurs corsets à côté du peintre remuant sa palette près du beau linge blanc… Satisfait par sa stratégie, Monet bouge encore son che- valet et se déplace cette fois dans la boutique de « nouveautés » d’Édouard Mauquit. L’artiste peint frénétiquement au milieu des acheteurs et des boutiquiers fiers de glisser à l’oreille des clientes que le grand Jean Monet a choisi leur commerce pour immortaliser Notre-Dame. En avril 1893, Monet rentre à Giverny avec une trentaine de toiles inachevées. Il leur apporte la dernière touche dans le calme de son atelier aumilieu des nymphéas en fleurs. La cathédrale offre enfin aux regards d’infi- nies variations: temps gris, soleil, soleil couchant, symphonie gris et rose… Monet est convaincu de son succès. Il met en concurrence les galeristes et c’est Durand-Ruel qui l’emporte avec la pro- messe de lui reverser 12000 francs par toile ven- due contre l’exclusivité. Multipliés par 30… cela fait un joli magot. L’exposition intitulée Œuvres récentes a lieu du 10 au 31 mai 1895. Elle est couronnée de succès et saluée par la critique.

Détail du portail gothique flamboyant encadré de deux contreforts et surplombé de quatre flèches pyramidales.

Bertrand Rieger / Détours en France

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