L'indivision successorale en Outre-mer-2019
Publication animée
ÉDITION 2019
DÉMARCHES MES C o l l e c t i o n
Sortir de l’indivision successorale en Outre-mer
Sortir de l’indivision par un partage ou une vente «Nul ne peut être contraint à demeurer dans l'indivision…». Si cet adage est inscrit dans la loi (art. 815 du Code civil), il n’en demeure pas moins que, lorsqu’il y a pléthore d’indivisaires, il n’est pas facile à appliquer. Quelles successions sont concernées ? Le régime dérogatoire mis en place par la loi du 27 décembre 2018, est réservé aux successions ouvertes depuisplusde10ans,dans lesdépartementset régionsd’Outre-Mer (Drom);Guyane française,Guadeloupe, La Réunion,Martinique,Mayotte, ainsi que dans les collectivités d’Outre-mer (Com) de Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon. Il doit prendre fin le 31 décembre 2028. Les indivisaires de ces territoires disposent donc de 10 années pourmettre de l’ordre plus facilement dans leur situation. Quemodifie lanouvelle loi ? Toute vente ou partage des biens immobiliers indivis est désormais autorisé à la majorité des droits indivis. Auparavant, l’unanimité des droits indivis était requise (la règle qui s’applique encore aujourd’hui dans l’Hexagone). La vente ou le partage qui n’a pas réussi à se faire à l’amiable se réalise devant le notaire et non plus devant le juge. Par ailleurs, les actes de gestion courante (on parle aussi d’actes d’administration) des biens immobiliers indivis sont décidés à la simplemajorité et non plus à la majorité des deux tiers (la règle enmétropole). Quand des héritiers n’arrivent pas à semettre d’accord sur un partage de biens détenus en commun ou sur leur vente, la loi organise la sortie de l’indivision. Les règles sont devenues plus souples Outre-mer.
Trop d’indivisions dans les départements et régions d’Outre-mer
L'indivision est une situation juridique où plusieurs personnes exercent des droits de même nature sur unmême bien ou sur une même masse de biens. Si elle est unpassage obligé lors de toutes les successions réunissant plusieurs héritiers ayant lesmêmes droits, elle a par nature un caractère transitoire. En effet, elle n’a pas vocationàdurer sauf si les cohéritiers décident (par exemple, pour garder une maison de famille) qu’il n’y a pas urgence à procéder au partage permettant à chacun de devenir propriétaire d’un ou de plusieurs biens précis. La situation est particulière en Outre-Mer, où la gestion du foncier est difficile à cause d’une absence de titres de propriété, de données cadastrales insuffisantes, de constructions illégales, d’héritiers géographiquement éloignés…Résultat, dans ces départements et régions plus particulièrement, on constate unemultiplicationde situations d’indivisions qui s’éternisent.On estime ainsi que 40%des biens privés donnent lieu à une indivisionbloquée. Pour faciliter la vente de ces biensmais aussi leur gestion, une loi n° 2018-1244 du 27 décembre 2018 a instauré un régime dérogatoire. Ce régime qui facilite la sortie de l’indivision s’applique depuis le 29 décembre 2018 aux projets de vente ou de partage ainsi qu’à la conclusion des actes de gestion effectués avant le 31 décembre 2028.
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Tout indivisaire peut contester un partage ou une vente. Il faut cependant qu’il soit informé dans les règles, qu’il respecte des délais stricts pour agir et qu’il fasse des démarches précises. S’opposer au partage ou à la vente d’un bien indivis La nouvelle loi encadre l’information que le notaire doit organiser avant tout partage ou vente des biens indivis. Elle instaure aussi des délais pour laisser le temps à tous les indivisaires de réagir et liste les démarches que doivent entreprendre ceux qui s’opposent au partage ou à l’aliénation des biens et ceux qui désirent réaliser ces actes. Une obligation d’information des indivisaires et un affichage public Pour pouvoir s’opposer à une cession, il faut être au courant. Le notaire librement choisi par le ou les indivisaires afin d’établir l'acte de vente ou de partage, doit donc notifier le projet par acte extrajudiciaire à tous les indivisaires et procéder à sa publication dans un journal d'annonces légales au lieu de situation du bien, ainsi que par voie d'affichage et sur un site internet. Qu’indique la notification d’un projet de partage ou de vente ? La notification d’un projet de partage ou de vente fournit :
Quels droits ont le conjoint survivant, les mineurs et les majeurs protégés ?
Cependant, la nouvelle loi protège les droits du conjoint survivant qui occupe le local d'habitation, ceux des indivisaires mineurs ou majeurs protégés (sauf autorisation du juge des tutelles ou du conseil de famille), ou des indivisaires présumés absents (sauf autorisation du juge des tutelles dans les conditions prévues à l'article 116 du Code civil). Dans ces cas bien précis, la règle de l’unanimité perdure.
Quelle fiscalité en cas de partage ? Afin d'inciter les indivisaires à utiliser ces nouvelles dispositions, a également été instaurée une exonération de droit de partage (normalement de 2,50%de la valeur des immeubles). Cette disposition fiscale introduite par la loi de finances rectificative pour 2017 était à l’origine destinée uniquement àMayotte. Elle s’applique pour les immeubles situés dans les territoires concernés par le dispositif dérogatoire de sortie d'indivision, du 1 er janvier 2019 jusqu’au 31 décembre 2028.
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Gérer des biens en indivision
Dans quel délai peut-on s’opposer au partage ou à l’aliénation d’un bien indivis ? Un ou des indivisaires peuvent s’opposer à la vente ou au partage dans un délai bien précis. À défaut d'opposition, la vente ou le partage est opposable à tous les indivisaires, y compris à ceux qui ne sont pas à l'initiative du projet.
En attendant un partage ou une vente, afin que les biens immobiliers ne se détériorent pas, il s’agit de gérer aumieux les biens en indivision. Là encore, la nouvelle loi assouplit les règles.
Avant le partage ou la vente, il convient de procéder à des actes indispensables d’administration des biens immobiliers. Il se peut également qu’un indivisaire qui réside dans un bien immobilier en cause revendique un droit à y rester.
La règle de la majorité et non des deux tiers Dans la période d’indivision, il faut en effet gérer au quotidien les biens immobiliers, c’est-à-dire :
L’attribution préférentielle pour qui ? L'attribution préférentielle, c’est le droit pour une personne de se faire déclarer propriétaire exclusif d'un bien indivis. Pour y prétendre, cette personne doit démontrer qu'elle réside sur la propriété en cause de manière continue, paisible et publique depuis plus de 10 ans aumoment de l'introduction de la demande de partage en justice. À charge pour elle de dédommager les autres indivisaires qui avaient normalement vocation à participer au partage, en leur versant une soulte. Cette disposition est applicable depuis le 29 décembre 2018, sans limite dans le temps.
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Lexique
A Acte extrajudiciaire : acte d'un officier ministériel (notaire, huissier,...) qui n'est pas dressé dans le cadre d'une procédure judiciaire. Aliénation d’un bien : résultat d'une opération juridique (une vente, une cession, un legs ou une donation) qui a pour conséquence de faire sortir un bien du patri- moine de celui (ou de ceux) qui en est l'actuel propriétaire. I Indivisaire : personne qui possède un bien ou une masse de biens en indivision et qui exerce donc des droits de même nature que les autres indivisaires sur ces biens indivis. Indivision : situation dans laquelle se trouvent des biens sur lesquels s'exercent des droits de même nature appartenant à plusieurs personnes. Ainsi, dans l’usufruit, les droits des nus-propriétaires et ceux des usufruitiers n’étant pas de même nature, l'indivision ne s'applique pas à leurs rapports. P Partagedebiens : actiondemettrefinà l’indivisionpar voie amiable ou judiciaire. Tout héritier peut demander le partage. Certains héritiers peuvent demander à se faire attribuer en priorité certains biens du défunt. S Soulte : à l’occasion du partage d’une indivision, somme d’argent versée aux autres indivisaires par celui qui reçoit un lot d’une valeur plus importante que celle à laquelle ses droits lui permettent de prétendre.
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Directrice de la publication : Nicole Derrien Dépôt légal : mai 2019
Ce livret est édité par :
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