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Instant miraculeux d’une vision fugace saisie par l’image, lorsque le soleil, perçant à travers un voile nuageux, projette soudain un rai d’émeraude qui va zébrer la baie du Mont-Saint-Michel durant quelques secondes, avant de s’éteindre et de se rallumer plus loin.
trouva l’inspiration pour sa symphonie La Mer. On se souvient également d’un jeune Anglais, toujours entre deux randonnées à bicyclette, en quête des plus beaux monuments bretons : un certain Thomas Edward Lawrence... futur Lawrence d’Arabie. De nos jours, seule l’architecture ostentatoire des immenses villas édifées sur les pointes de la Malouine et du Mouli- net laisse imaginer ce que fut cette grande époque. Depuis la seconde guerre mondiale, le côté mondain de Dinard a cédé la place à un esprit de station bal- néaire — tout ensemble familiale et bon chic, bon genre. De son côté, Saint-Briac est devenu la villégia- ture de quelques personnages très people sans aucun doute, mais aussi fort discrets ; l’anti-Saint-Tropez, en quelque sorte. La seule façon de découvrir Saint-Malo sous sa person- nalité authentique consiste à y arriver en bateau, et rien n’est plus facile : il suft d’emprunter la vedette qui accoste l’embarcadère situé sur la promenade
du Clair-de-Lune et vous dépose au pied des remparts. La traversée ne dure qu’une dizaine de minutes mais le souvenir qu’elle vous laisse est impérissable. Passé la Rance, le bateau longe les pentes escarpées de la cité d’Aleth où s’accrochent de grands pins. Au vi e siècle, elle abritait un port de commerce fréquenté et était même devenue un évêché de l’Armorique christianisée par des moines venus d’outre-Manche. Mais à partir du vii e siècle, les attaques des Vikings montrèrent qu’Aleth était difcile à défendre, tandis qu’un immense rocher nu, non loin, permettait de se retrancher d’autant plus facilement qu’à marée haute, les lieux étaient cernés par la mer. Ainsi naquit Saint-Malo-en-l’Isle, du nom de l’ancien évêque d’Aleth: Maclow. Depuis la vedette de Dinard, Saint-Malo en impose, avec sa couronne de remparts que dominent les immenses hôtels particuliers des anciens armateurs, façades grises aux imposantes fenêtres, sous de hautes toi- tures dorées par le lichen. La tradition veut que la
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