Hors-série : Les villages préférés des français 2021

UN ORGUE CAVAILLÉ-COLL DANS UNE ÉGLISE DE CAMPAGNE La silhouette de l’église Saint-Jean- Baptiste, de style néogothique, achevée en 1851, est tout aussi impressionnante. Seul son clocher de pierre, qui se pousse du col au-dessus des toits, date du xvi e siècle. Ses cha- piteaux ont été réalisés par les frères Duthoit, qui ont contribué à la restau- ration de la cathédrale d’Amiens. Fait remarquable pour une simple église de village, elle abrite ce qu’on fait de mieux en matière d’orgue, un instrument du facteur Cavaillé-Coll, qui a fourni toutes les grandes églises de Paris. L’instru- ment compte deux claviers, 20 jeux et 1142 tuyaux dont le plus grand mesure 5 mètres. Comment un village peut-il hériter d’un tel patrimoine? La réponse est dans la production de tourbe, pré- sente dans les marais de la Somme, qui a fait sa richesse dès le xviii e siècle. Extraite à l’aide de louchets, notamment celui créé par Éloi Morel, tourbier de la région, qui permettait de creuser 12 fois plus profond dans la vase, elle était alors séchée et vendue comme combus- tible. Avant le charbon, la tourbe était l’or brun, une véritable aubaine pour une région. Voilà pourquoi au xix e siècle, Long

L’itinéraire cyclable de la Véloroute permet de profiter du cadre naturel préservé de la Somme tout en découvrant le patrimoine exceptionnel de Long.

Stéphane Bouilland / hemis.fr

joli bâtiment en brique, imaginez une grande pièce peuplée d’appareils et de machines de l’époque, tout droit sortis d’un roman de Jules Verne... L’affaire était sérieuse: jusqu’en 1940, chaque foyer longinien – le village comptait alors 1200 habitants – disposait d’une ampoule unique en 110 volts. Le ratta- chement de la commune à EDF ne se fera qu’en 1968, et l’alimentation en eau jusqu’en 1974. Ces technologies valurent à Long le surnom de « ville lumière » et suscitèrent bien des jalousies dans la région. Endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de sa proximité avec un pont bombardé, la centrale se visite aujourd’hui avec l’of- fice de tourisme.

était un des villages les plus riches de France, et put se constituer un joli patri- moine: en plus d’une nouvelle église, deux écoles, une pour filles, l’autre pour garçons, un hôtel de ville très pimpant, une maison éclusière aux allures de maison de poupée, et aujourd’hui siège de l’office de tourisme. ET LONG DEVINT UNE « VILLE LUMIÈRE » En 1900, en quête demodernisme pour offrir le meilleur à ses habitants, elle fit construire une gare au hameau du Catelet, et, soyons fous, une cen- trale hydroélectrique. Quel progrès! La centrale allait fournir à tous les habitants l’eau et l’électricité. Dans un

L’hôtel de ville en brique et pierre, comme l’église Saint-Jean-Baptiste, deux bâtiments remarquables bâtis au xix e siècle, témoignent de la prospérité du village à cette époque.

Richard Soberka / hemis.fr

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