Hors-série : Les villages préférés des français 2021

BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ

CHÂTEAUNEUF

hâteauneufn’estpasqu’un château, mais il lui doit beaucoup, à commencer par sa renaissance, dans les années 1970. Depuis l’autoroute du Soleil, les candidats aux vacances dans le Sud découvrent la haute silhouette fortifiée qui les toise depuis sa col- line; idem pour les adeptes de la naviga- tion fluviale qui musardent sur le canal de Bourgogne et s’en émerveillent. C Les jolies rues pavées du village comptent de remarquables maisons de marchands aux façades décorées, construites pour la plupart à la fin du Moyen Âge avec la pierre traditionnelle de la région.

Denis Caviglia / hemis.fr x 2

UN DÉCOR DE CINÉMA Peu à peu, le village, durement frappé par l’exode rural depuis le début du siècle, se réveille de sa léthargie, les maisons rouvrent leurs volets, donnent un coup de jeune à leur façade, une association des Amis de Châteauneuf voit le jour et crée des événements. La vie revient, la population retrouve une certaine fierté à habiter le village d’Henri Vincenot (1912-1985) et s’étonne à peine de voir débarquer le monde du cinéma, notamment les caméras de

Jean-Paul Rappeneau pour Les Mariés de l’An II (1971) celles de Claude Lelouch pour Partir, revenir (1985) ou de Jacques Rivette pour Jeanne la Pucelle (1994). Cette célébrité naissante ne monte à la tête de personne! Ici on sait rester entre soi : 90 habitants, contre 500 dans les années 1820, juste avant le creuse- ment du canal de Bourgogne, qui mar- qua le début du déclin du village. Puisque le bourg lui doit sa renais- sance, commençons donc par le châ- teau. Il ne fut classé qu’en 1894 au titre des monuments historiques. L’engoue- ment pour les forteresses à la Viol- let-le-Duc commençant à passer de mode, il fut seulement consolidé. Et pourtant, quelle histoire ! Simple don- jon au xii e siècle, il s’arme à partir du xiv e siècle d’une enceinte et de tours, de courtines couronnées de galeries en bois, d’un fossé et d’un pont-levis. Les Écorcheurs, ces bandes de mer- cenaires désœuvrés, font alors rage dans la région. Un siècle plus tard, un drame frappe les lieux. La châtelaine

LE CHANTRE DE LA BOURGOGNE Né à Dijon, Henri Vincenot est presque un enfant du pays. Il venait en effet passer ses vacances chez son grand-père paternel, forgeron à Châteauneuf, quand il ne fréquentait pas la branche maternelle de Commarin, dont le grand-père était bourrelier. Une enfance heureuse dont il a fait le récit dans son roman La Billebaude. En 1976, dans son émission Apostrophes, Bernard Pivot fait découvrir à la France un romancier en veste de velours, tout en moustache et accent rocailleux, venu parler de son paradis, la Bourgogne des forêts et des rivières, des paysans et des artisans, de ces gens de peu qui habitent les petits villages de l’Auxois et sa nature généreuse.

Ulf Andersen / Aurimages

Hors-série / Détours en France / www.detoursenfrance.fr

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