GUIDE VERT MICHELIN TOURAINE POITOU
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Chinon, refuge royal AUX MAINS DES ANGlAIS
Castrum gallo-romain, puis forteresse des comtes de Blois, Chinon passe au 11 e s. aux mains de leurs enne-
mis, les comtes d’Anjou. Henri II Plantagenêt construit l’essentiel du châ- teau actuel. En 1154, il accède au trône d’Angleterre et meurt à Chinon le 6 juillet 1189. Son fils cadet, Jean sans terre (car sans héritage), s’empare du royaume à la mort de son frère aîné, Richard Cœur de Lion. Un suzerain sans scrupules Jean sans Terre ordonne l’assassinat de son neveu Arthur de Bretagne et, dans la foulée, enlève la fiancée du comte de la Marche, Isabelle d’Angoulême, pour l’épouser à Chinon le 30 août 1200. Mécontents de l’attitude de leur suzerain, les barons du Poitou font appel contre lui auprès de la Cour royale de Paris. Mais Jean refuse de se rendre au procès : ses fiefs français sont confisqués… Il n’est plus que roi d’Angleterre, et Philippe Auguste reconquiert une à une ses places fortes en France. Chinon rechigne En 1205, après un an de siège, Chinon passe au domaine royal. Jean sans Terre cherche une revanche : en 1213, il participe à la coalition anglo-germanique contre PhilippeAuguste , défaite à la bataille de Bouvines. Il est définitivement vaincu l’année suivante par le futur Louis VIII à la bataille de La Roche-aux- Moines, près d’Angers. Le traité de Chinon du 18 septembre 1214 consacre sa défaite. Jean sans Terre meurt deux ans plus tard à Newark, de la dysenterie. AU CŒUR D’UN PEtIt ROyAUME Lorsque Charles VII , en 1427, installe sa cour à Chinon, la France est dans une situation critique. Henri VI, roi d’Angleterre, est aussi « roi de Paris » ; Charles VII n’est que le petit roi de Bourges . L’année suivante, il y réunit les états géné- raux des provinces du Centre et du Sud, encore soumises à son autorité. Les états votent alors 400000 livres pour organiser la défense d’Orléans. Jeanne et son gentil dauphin Escortée de six hommes d’armes, Jeanne d’Arc a entrepris le voyage de Lorraine à Chinon. La petite paysanne est introduite dans le palais. Dans la grande salle illuminée, 300 gentilshommes en riches costumes sont réunis, parmi lesquels se dissimule le roi. Mais Jeanne, sans l’avoir jamais vu, reconnaît Charles VII et lui embrasse les genoux : « Gentil dauphin, lui dit-elle, j’ai nom Jehanne la Pucelle. Le Roi des Cieux vous mande par moi que vous serez sacré et couronné en la ville de Reims et vous serez lieutenant du Roi des Cieux qui est roi de France. » Torturé de doutes sur sa naissance, il se sent bien près d’être convaincu lorsqu’elle lui déclare : « Je te dis, de la part de Messire le Christ, que tu es héritier de France et vrai fils de roi. » Les témoins attesteront qu’après un entretien secret avec Charles VII, celui-ci réapparaîtra radieux, convaincu par un « signe », que Jeanne refusera de révéler à son procès. Après une comparution à Poitiers devant docteurs et théologiens, demultiples interrogatoires et vérification de sa virginité, Jeanne est reconnue « envoyée de Dieu ». Revenue à Chinon, elle obtient un équipement et des hommes d’armes : le 20 avril 1429, elle part accomplir sonmiraculeux et tragique destin.
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