GUIDE VERT MICHELIN TOURAINE POITOU
DÉCOUVRIR LA RÉGION 30
aa L’escalier d’honneur – Il s’agit de la partie la plus remarquable du logis. Alors que Blois est encore doté d’un escalier à vis et en saillie sur la façade, celui d’Azay est droit et dit « rampe sur rampe ». C’est en fait l’un des premiers escaliers droits à l’italienne construit dans le royaume de France, ouvert côté cour par trois étages de baies jumelées formant loggias et couronné d’un fronton richement ouvragé. Une main courante sculptée dans l’épaisseur de la pierre le souligne, lui donnant un effet de perspective et une fonction d’apparat. Derrière sa façade achevée en 1521 (restaurée en 2003) courent, de paliers en paliers, de magnifiques voûtes plates à caissons sculptées de médaillons (ils figurent les rois et reines de France, de Louis XI à Henri IV), ponctuées de clés pendantes non moins ouvragées. Les lettres F et C rap- pellent que le château est placé sous le parrainage de François I er et de Claude de France, fille de Louis XII et d’Anne de Bretagne, qui ont pour emblèmes respectifs, la salamandre et l’hermine. L’escalier dessert salles d’apparat et appartements privés. aa Combles – Au 2 e étage. Restaurés en 2011, ils présentent une exception- nelle et imposante charpente (1522) en chêne provenant de la forêt royale de Chinon. Caractéristique de la Renaissance par ses chevrons portant ferme ; ce qui signifie que les chevrons – qui font généralement le lien entre la structure de la charpente et la couverture – supportent ici directement la toiture et ne sont stabilisés que par les poutres horizontales et les entraits. Au-dessus du faîte un plancher a été posé pour abriter la colonie de grands murins, une espèce protégée de chauve-souris. Les plus observateurs noteront le lavabo en fonte émaillé du 19 e s. encastré dans le mur près de la sortie, relique d’un temps où les combles avaient été aménagés pour les domestiques. aa Chambre Renaissance – Au 1 er étage. Initiative unique en France, le Centre des Monuments nationaux, grâce à l’étude de documents anciens, a restitué aux murs de la chambre de Philippa Lesbahy ( T encadré ci-dessus) , les nattes de jonc qui tapissaient les murs au 16 e s. et isolaient la pièce des variations thermiques. Le lit à quenouille et sa garniture textile ont également fait l’objet d’un important chantier : reprise de l’ensemble des passementeries à la main, garniture d’étoffes colorées, ajout d’une cartisane d’or au traversin. Voyez aussi la garde-robe attenante. LE SOUVERAIN ET LE FINANCIER Entre 1518 et 1527, le contrôleur général des Finances et trésorier de France Gilles Berthelot reprend Azay, ruiné pendant la guerre de Cent Ans, et fait construire le ravissant édifice actuel. Son épouse, Philippa Lesbahy, supervise les travaux. Mais l’horizon s’obscurcit pour les financiers lorsque François I er découvre que des fonds ont manqué à son armée. Bien que l’enquête ait conclu à l’honnêteté du surintendant des Finances, le baron de Semblançay ; celui-ci, à qui le roi est reconnu devoir une somme colossale, est arrêté et injustement pendu au gibet de Montfaucon en 1527. Un sort similairemenace Gilles Berthelot, qui s’enfuit. En 1528, François I er confisque donc Azay et l’offre à l’un de ses compagnons d’armes des campagnes d’Italie, Antoine Raffin . Ses héritiers, qui conservent le château jusqu’au 18 e s., le laissent tomber en déshérence. Aussi, lorsqu’en 1791 Charles de Biencourt achète la propriété, se lance-t-il avec passion dans la restau- ration du « joyau de la Loire », œuvre que ses descendants poursuivront jusqu’au rachat de la propriété par l’État, en 1905, pour 200 000 francs (approximativement 640000 € actuels).
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