GUIDE VERT MICHELIN TOURAINE POITOU

NATURE 227

La Loire DERNIER FLEUVE SAUVAGE ? La Loire reste un fleuve capricieux et violent, celui de France qui présente les écarts de débit les plus accentués. Les hautes eaux surviennent avec les pluies d’automne et la fonte des neiges au printemps. La majeure partie des eaux vient du Massif central. Le danger des crues est accentué par l’imperméabilité des terrains, la forte inclinaison des pentes et la concentration des affluents à la hauteur de Tours. Contrairement à tous les autres fleuves d’Occident, le cours de la Loire reste libre. Cette liberté permet tout au long de l’axe ligérien la permanence d’une grande variété de milieux semi-humides, en voie de disparition sur notre planète. Dernier fleuve sauvage d’Europe, donc ? Et pourtant… Deux barrages, très en amont, régulent son débit. Leur rôle est crucial : maintenir un débit suffisant pour assurer le refroidissement de ses La Loire a la particularité de développer sur certaines de ses grèves, en été, une ambiance climatique proche des fleuves africains. Ce phénomène, connu sous le nom de topoclimat , favorise la croissance de nombreuses plantes adaptées aux milieux intertropicaux. En inondant les prairies, en remplissant d’eau les fossés, puis en se retirant, asséchant ainsi les gravières et les bancs de sable, la Loire cisèle des abris naturels où de nombreuses espèces végétales et animales trouvent un biotope idéal. Les rives accueillent donc une avifaune exceptionnellement variée attirée par ses eaux riches en nourritures diverses. quatre centrales nucléaires. LES OISEAUX DE LA LOIRE

Sont répertoriées plus de 220 espèces d’oiseaux qui vivent, nidifient ou migrent chaque année dans le « Val aux eaux sauvages ». Les îles et gravières Au milieu du chenal, les îles constituent des dortoirs tranquilles où peuvent se reposer en toute quiétude le héron cendré, le grèbe huppé, le grand cormoran ou le martin-pêcheur. La reproduction de ces oiseaux est liée au régime irrégulier du fleuve qui, par ses crues, maintient un réseau important de grèves dégagées, propices à l’édification de leurs nids. Les boires De part et d’autre du lit du fleuve, les boires forment un réseau de fossés remplis d’eau stagnante qui communiquent avec le fleuve au moment des crues. Certains oiseaux apprécient beaucoup ces lieux discrets où viennent frayer les gardons, les tanches et les perches ; c’est le cas du butor étoilé , de la gallinule poule-d’eau , de la foulque macroule , de la sarcelle d’été , et des petits passereaux comme la rousserolle turdoïde ou l’ effarvatte qui suspendent leur nid à 50 cm au-dessus de l’eau, solidement fixé à 3 ou 4 tiges de roseaux. Les plaines alluviales Tantôt pâturages, tantôt terres inondées par les crues, les plaines alluviales hébergent des oiseaux migrateurs, comme le solitaire tarier des prés ou la grégaire barge à queue noire , parfois rarissimes, comme le râle des genêts (de mars à octobre). Les marais et les étangs Parmi les nombreux migrateurs, citons le balbuzard pêcheur , qui avait presque disparu de France dans les années 1940 et qui voit maintenant sa population augmenter, ainsi que la râle d’eau qui aime la végétation des roselières et des joncs.

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