GUIDE VERT MICHELIN TOURAINE POITOU

DÉCOUVRIR LA RÉGION 194

La cité inspirée LA VILLE DE SAINT MARTIN (4 e S.)

Le plus grand évêque des Gaules est d’abord légion- naire dans l’armée romaine. Après avoir coupé sonman-

teau en deux pour en donner la moitié à un pauvre homme, un jeune soldat voit en songe le Christ couvert de la moitié de son manteau. Le futur saint Martin se fait alors baptiser et commence son apostolat. Il fonde à Ligugé, en Poitou, le premier monastère sur le sol gaulois, puis, aux portes de Tours, celui deMarmoutier, et devient évêque en 372. Saint Martinmeurt à Candes en 397. Un pèlerinage très fréquenté – Vers 496, Clovis vient se recueillir dans la basilique St-Martin et promet de se faire baptiser s’il remporte la victoire sur les Alamans. De retour en 507 lors de la guerre contre les Wisigoths, il ordonne à son armée de ne pas souiller le territoire de Tours, par respect pour saint Martin. Après sa victoire à Vouillé, il se rend à la basilique et la comble de pré- sents en remerciement. De cette époque dateront protections et privilèges accordés par les Mérovingiens au prestigieux sanctuaire. Depuis longtemps déjà, les foules viennent chercher ici guérison ou aide. Aux pèlerins ordinaires se mêlent les princes et les puissants. Le succès du culte martinien enrichit considérablement l’abbaye, dont les possessions fon- cières, fruits demultiples donations, s’étendent jusqu’en Berry et en Bordelais. Bénéficiant de la faveur royale, elle reçoit également le droit de battremonnaie. Grégoire de Tours, premier historien des Francs En 563, un diacre de santé précaire, héritier d’une grande famille gallo-romaine arverne, Grégoire, se rend au tombeau de saint Martin. Guéri, il se fixe à Tours, où sa piété et sa probité, alliées à la notoriété de sa parenté (petit-neveu de saint Nizier de Lyon), lui valent d’être élu évêque en 573. Grégoire de Tours écrit beaucoup, notamment une Histoire des Francs qui est restée la principale source de connaissance des temps mérovingiens. Il meurt en 594. LE SAVANT ALCUIN À la fin du 8 e s., la cité, tout en restant un grand centre religieux, devient, sous l’impulsion d’Alcuin, un foyer intellectuel et artistique. Ce moine, d’origine anglo-saxonne, a été ramené d’Italie par Charlemagne, qui veut relever le niveau des études dans ses États ; il s’entoure d’un groupe d’érudits dominé par la figure d’Alcuin, animateur de la « renaissance carolingienne ». Lorsque Alcuin décide de se retirer, Charles lui offre l’abbaye de St-Martin de Tours (796). Celle-ci compte plus de 200 moines mais elle est un peu en som- nolence. Le maître entreprend de la relever. Il s’occupe activement de l’école abbatiale, créant deux cycles : l’un élémentaire, l’autre d’étude des sept arts libéraux (grammaire, rhétorique, logique, arithmétique, géométrie, musique et astronomie). Les étudiants accourent de toute l’Europe. Alcuin anime également le scriptorium , qui travaille au renouveau de la cal- ligraphie et à la décoration des manuscrits. Par ailleurs, il établit une version révisée de la Vulgate qui s’imposera dans tout le royaume. Il s’éteint en l’an 804, le jour de la Pentecôte, âgé sans doute de 75 ans. Dans le sillage d’Alcuin, Tours reste pendant la première moitié du 9 e s. un brillant foyer culturel. En 813, un concile s’y réunit et prescrit aux prêtres de commenter les Écritures en langue romane et non en latin. Le scriptorium de St-Martin produit de son côté, dans les années 840, de splendides chefs- d’œuvre : la Bible dite d’Alcuin, la Bible dite deMoutier-Grandval et la fameuse