GUIDE VERT MICHELIN TOURAINE POITOU

DÉCOUVRIR LA RÉGION 182

faisant saillie sur la pierre profondément ciselée ; ceux du chœur, décorés de feuilles d’acanthe et de lions. À mi-hauteur des murs, la frise dans les tons de bleu a été maladroitement restaurée au 19 e  s. La crypte , fermée au public pour des raisons de conservation, abrite de saisissantes scènes de la vie et du martyre de Savin et Cyprien dont on peut voir la reconstitution lors du parcours scénographique. aaa Les peintures murales Certaines peintures ont été détruites au cours des dévastations subies par l’abbaye, d’autres ont été abîmées par le badigeon des bénédictins ou lors des premières restaurations. Dans le narthex – Les diverses scènes représentent des épisodes de l’Apo- calypse : Christ en gloire de la Jérusalem céleste, combat de l’Archange et de la Bête, la Jérusalem nouvelle, le fléau des sauterelles. Dans lanef – Piècemaîtresse de l’édifice, la nef attire d’emblée tous les regards. Mises en valeur par l’admirable pureté de l’architecture, les peintures de la voûte se déroulent à plus de 16 m de hauteur, sur une superficie de 412 m 2 . On est frappé par les tonalités beige et rose des colonnes supportant la voûte. Au revers de la porte d’entrée est représenté le Triomphe de la Vierge. On dis- tingue deux parties dans la nef. Les trois premières travées sont séparées par des doubleaux, alors que le reste de la voûte constitue un berceau continu facilitant la décoration picturale : l’artiste a, toutefois, dessiné un faux dou- bleau, qui comporte 12 médaillons, entre la 5 e  et la 6 e  travée. a Bâtiments abbatiaux Reconstruits au 17 e  s., ils ont été restaurés. Les cellules des moines abritent aujourd’hui un fascinant parcours scénographique . Celui-ci propose un véri- table voyage en art roman où sont abordés les thèmes les plus divers : symbo- lisme des peintures, techniques employées, art roman en Poitou et en Europe. Le réfectoire, où l’on distingue encore la chaire où prenait place le lecteur de la règle, abrite désormais la scène dite du « combat des rois », qui se trouvait à l’origine sur la partie droite de la voûte , et sa réinterprétation par un artiste contemporain, Georg Ettl. Du jardin, jolie vue sur l’arrière des bâtiments monastiques, entre le logis abbatial (à gauche) , d’origine médiévale, remanié aux 17 e  et 19 e  s., et le chevet de l’abbatiale où s’étagent clocher, abside et absidioles. FRESQUES OU PEINTURES ? Datant des aux 11 e  et 12 e  s., les peintures ont pour certaines été réalisées selon la technique de la fresque (« a fresco », sur un enduit mouillé « frais ») où le pigment fusionne avec son support de chaux en vertu d’une réac- tion chimique (carbonatation) au contact de l’air. Ailleurs, les couleurs ont été appliquées sur un mortier sec et n’ont pénétré que superficiellement, formant une légère pellicule. Les couleurs employées se réduisent à l’ocre jaune, à l’ocre rouge et au vert, mélangés au noir et au blanc. L’ensemble présente généralement une grande douceur de tons. Une vie intense anime les personnages : les pieds entrecroisés indiquent lemouvement et lesmains, souvent d’une longueur disproportionnée, sont très expressives. On retrouve cette allure dansante dans la sculpture romane. Les visages sont dessinés à grands traits, des taches rouges et blanches soulignant les joues, les narines et le menton.

Saint-Savin, l'église abbatiale classée Patrimoine Mondial de l'UNESCO. F.Leroy/hemis.fr

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