GUIDE VERT MICHELIN TOURAINE POITOU

DÉCOUVRIR LA RÉGION 180

Saint-Savin en détail DE LA LÉGENDE À LA CONSTRUCTION

Vers le milieu du 5 e s., en Macédoine, deux frères, Savin et Cyprien , sont condamnés à mort pour leur refus de

l’idolâtrie. Insensibles aux supplices, ils sont emprisonnés, s’échappent et partent pour les Gaules. Mais leurs bourreaux les rejoignent sur les rives de la Gartempe et les décapitent. Savin est inhumé par des prêtres sur le mont des Trois Cyprès, non loin de la ville actuelle. Près de ce lieu sacré, au 9 e s., est élevée la première abbatiale placée sous le vocable du martyr. Louis le Débonnaire y installe vingt bénédictins. Protégée par une ligne de fortifications, l’abbaye n’en est pas moins pillée par les Normands en 878. Sa reconstruction ne devait commencer qu’au 11 e s. La décoration peinte, qui recouvrait jadis complètement l’intérieur de l’édifice, fut exécutée à mesure de l’avancement des travaux de construction. DÉCLIN ET RENOUVEAU La guerre de Cent Ans met un terme à la prospérité de l’abbaye qui est l’enjeu de violents combats entre les soldats du roi de France et ceux du Prince Noir. Puis les guerres de Religion voient catholiques et huguenots se disputer sa

possession. Elle sera dévastée en 1562 et 1568 par les calvinistes qui brûlent les stalles, les orgues et la charpente, et pillée en 1574 par l’armée royale. Ensuite commence la démoli- tion de la plupart des bâtiments, dont l’entre- tien était trop onéreux. L’arrivée, en 1640, de religieux de la congréga- tion de St-Maur met un terme à trois siècles de profanations. La décoration peinte a souffert des restaurations qu’ils entreprirent, mais les moines sauvèrent les bâtiments d’une ruine complète… HISTOIRE D’UN SAUVETAGE

LE SAVIEZ-VOUS ? Léon Edoux, un ingénieur de St-Savin, invente l’élévateur hydraulique en 1867 et l’expérimente dans le logis abbatial. Il lui donne le nom d’« ascenseur ».

C’est Prosper Mérimée, jeune inspecteur des Monuments historiques, qui classe l’église en 1836 et entreprend de sauver les fresques, un combat d’une vie contre l’habitude d’alors de restaurer en repeignant. « Les gens de St-Savin […] m’ont pris pour une espèce de fou lorsque je leur ai défendu de restau- rer les peintures. Les emplâtres et les parties de voûte complètement nues les choquent cruellement. […] J’ai défendu qu’aucun artiste décrotteur ou peintre ne touchât à la voûte à moins qu’il ne fût muni d’un brevet », écrit-il en 1840. Outré par les colonnes de la nef repeintes à neuf, il élabore au fil des chantiers sa doctrine de restauration dans le respect des parties anciennes, philosophie qui prévaut aujourd’hui. La dernière campagne de restauration (achevée en 2008) a vu l’élimination des repeints anciens, l’allègement des badigeons « bouche-trous », l’injection de coulis de chaux pour refixer la couche picturale, la restauration des pein- tures à l’aquarelle (facilement réversible) et des retouches « pointillistes » pour combler les lacunes par petits points afin de redonner du sens aux scènes sans mentir sur la reconstitution.

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