GUIDE VERT MICHELIN TOURAINE POITOU

POiTiERs 157

Saint Martin de Tours LE LÉgiOnnaiRE ROMain DEVEnu PROTECTEuR DE La FRanCE

Né vers 316 dans la province romaine de Pannonie (l’ac- tuelle Hongrie), saint Martin est célèbre pour l’épisode du manteau partagé . Enrôlé de force dans la légion depuis l’âge de 15 ans, il est alors officier sta- tionné en Gaule, à Amiens. Au cours du rude hiver 338-339, le jeune soldat en patrouille rencontre un pauvre homme qui lui demande l’aumône. Martin n’a pas d’argent, il coupe la doublure de sonmanteau et la donne aumendiant. La nuit suivante, le Christ lui apparaît portant la doublure du manteau. Converti, il poursuit une longue carrière militaire avant de rejoindre saint Hilaire de Poitiers ( T p. 152) à Rome. Menant une vie d’ermite, Martin suit Hilaire dans le Poitou et fonde, en 361 ou 362, l’ ermitage de Ligugé ( T p. 160) . Ses pre- miers miracles attirent un nombre croissant de disciples, faisant de Ligugé un grand centre d’évangélisation. La réputation de l’ascète est telle qu’en 370, les habitants de Tours le choisissent pour évêque…contre son gré. Et s’il accepte finalement la mission, il reste fidèle à ses principes : pauvreté, mortification, prière. Vers 372, il fonde, à 3 km de Tours, l’ abbaye de Marmoutier . Il meurt le 8 novembre 397 à Candes, sur les bords de la Loire. un sainT PaRMi LEs sainTs Dans les jours suivant le décès du « bienheureux Apôtre », lesmoines de Ligugé et ceux de Marmoutier se disputent la dépouille. Ces derniers parviennent à subtiliser le corps et le ramènent sur une barque. Un étrange phénomène se produit alors : à son passage, les arbres verdissent, les plantes fleurissent et les oiseaux chantent. Ce premier miracle post mortem reste connu sous le nomd’ été de la st-Martin . L’homme occupe dès lors une place à part dans la Chrétienté : reconnu comme saint aussitôt après samort, il n’a pourtant jamais fait l’objet d’une canonisation ; c’est le premier saint à être vénéré sans avoir subi le martyre, ni même laissé d’écrits ; c’est aussi le seul saint latin honoré par les moines orthodoxes du mont athos . Quant à la relique du manteau, plus tard appelée « cape », elle sera à l’origine du mot « chapelle » : l’endroit où l’on gardait la « c(h)ape » du saint, devenue l’étendard de Charlemagne . unE HisTOiRE FRanÇaisE Symbole d’unité, l’image du grand évangélisateur de la Gaule est d’abord récupérée par les Mérovingiens. Au lendemain de la bataille de Poitiers , en 503, c’est sur le tombeau de saint Martin que Clovis vient rendre grâce. Cet acte va faire de l’ascète de Ligugé la figure tutélaire de la France. Pendant des siècles, son sarcophage attire les pèlerins à Tours, avant de disparaître lors des guerres de Religion. Quand la tombe est redécouverte en 1860, saint Martin revient au premier plan. À la fois moine et soldat, il est invoqué aussi bien pour asseoir la III e République après la défaite de 1870 que pour contrer l’anticléri- calisme du début du 20 e s. La signature de l’armistice le 11 novembre 1918 , jour de la St-Martin, contribue à sceller un peu plus son destin à celui du pays. Aujourd’hui encore, les Français entretiennent un lien particulier avec lui. Tout dumoins avec son nom : c’est le patronyme le plus répandu (228000 familles) et celui porté par le plus grand nombre de communes (222). Les statistiques ne faisant que confirmer l’adage forgé au 6 e s. par le poète Fortunat : « Où le Christ est connu, Martin est honoré. »

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