Echappées Belles - Un été dans les Alpes

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L E S A L P E S V U E S P A R … I SMAËL KHEL I FA

Lorsque je n’étais qu’un gamin, je regardais les montagnes de Haute- Savoie, totalement subjugué. Cette parcelle de France est celle de mon enfance, de mes racines rurales. Seul sur ma bicyclette, dans les vertes prairies du petit village de Villy-le-Bouveret, où vivaient mes grands- parents Lucienne et Gilbert, j’admirais silencieusement les sommets enneigés au loin : je rêvais de les gravir. Ensuite, je reprenais la petite route, laquelle serpentait entre les champs, au milieu des vaches marron et blanc, magnifiques, si caractéristiques de cette Autriche en miniature. Il faut aller absolument partir à la découverte de ce genre de bourgades, loin des spots touristiques. À mon sens, c’est ici que bat le cœur du département. Le Villy-le-Bouveret de mon enfance, c’est l’image de la commune haut-savoyarde, avec l’église plantée au milieu de la place et regardant vers les montagnes. Le mont Salève, au loin et, derrière, la Suisse. Des hivers enneigés, où l’on se sent coupé du monde. Des étés aux jours interminables, où l’on entend les cloches des troupeaux dans les champs, où le bourdonnement des insectes dans les jardins

Lui avait une grande expérience de ce genre de rencontres, tandis que j’étais encore un débutant. C’est en replongeant dans les racines rurales de ma Haute- Savoie que je suis parvenu à établir le contact avec Naingunya, l’un des piliers du village où nous avions établi notre campement… Un soir, alors que le crépuscule recouvrait de rose les herbes dorées, je l’ai accompagné pour rentrer le troupeau. Je me suis rendu compte que je n’avais pas tout oublié de mes premières années, et mon hôte massaï fut très étonné de voir que je savais m’occuper des bêtes. Selon moi, c’est le moment où notre relation a basculé dans quelque chose de plus intime et personnel, qu’il m’a ouvert les portes de sa vie. J’ai pris conscience à quel point j’étais connecté à cet homme. Cette connexion m’aide au quotidien, lorsque je suis au bout dumonde et que je vais à la rencontre de ceux qui enrichissent mes Échappées Belles . Je me sens à l’aise dans leur ferme, dans le monde rural dont j’ai appris les codes au Villy-le-Bouveret de mes grands-parents. Malgré nos différences, nous avons une culture commune. Cette culture, c’est la Haute- Savoie qui me l’a léguée…

fait office de bande sonore. Un village, où les nuits offrent des ciels infinis, criblés de milliards d’étoiles. Dans cet écrin campagnard, j’expérimentais un lien très fort à la nature, aux animaux de la ferme. J’ai grandi au contact d’un peuple de la terre, qui tirait d’elle sa subsistance autant que ses moments de pleine contemplation. Je découvrais la joie de vivre dehors, de faire de la luge dans le champ d’à côté. J’assistais aux kermesses, où l’on défilait en costume d’époque pour faire vivre un passé dont les gens d’ici, à juste titre, sont très fiers. Ce que je ne savais pas encore, c’est que ma vie entière serait dédiée aux voyages, à la rencontre de l’autre. Et ce que je ne pouvais imaginer, c’est la clé si précieuse qu’allait me donner mon département J’en ai pris conscience dans un village massaï, en Tanzanie, décor plus qu’éloigné des montagnes de mon enfance. Je réalisais alors un repérage pour l’émission de France 2 Rendez-vous en terre inconnue, avec Franck Desplanques, l’incroyable dénicheur de héros du bout du monde de ce programme mythique. de naissance pour cette exploration du monde.

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